De quoi se régale le citadin moyen ? Ces « boys » à tout faire qui affluent et refluent des marchés tous les matins, que trimbalent-ils dans ces sachets verts ? Que cache cette cacophonie de fourchettes dans ces restaurants à foison à Bujumbura ? Si toutes ces questions vous taraudent, rejoignez-nous dans notre petite balade culinaire.
Avant notre zoom sur l’assiette urbaine, soulignons que les habitants de Bujumbura ne sont pas issus d’un même œuf. Dans cette mosaïque de peuples, la plupart venus des quatre points cardinaux du pays, on notera que les goûts varient en fonction des spécialités agricoles régionales des différents ressortissants, des préférences gastronomiques des différents quartiers mais aussi et surtout du poids du porte-monnaie de chacun. Par conséquent, la cuisine de la ville est plutôt plurielle. Toutefois, le haricot, le riz, la pomme de terre, la banane, la pâte et les feuilles de manioc (isombe), le chou, l’aubergine, et l’amarante (lengalenga) se taillent une part de léopard dans la plupart des marmites de la désormais capitale économique.
Le repas familial
Il n’est pas facile de dresser un menu commun à toutes les familles. Mais que l’on soit à Musaga, Bwiza, Kamenge, Buyenzi, Ngagara, Mutanga, etc… le constat est que le riz et le haricot gardent leurs graines dans le stock familial. Ils sont souvent accompagnées de tubercules tels que la pomme de terre, parfois décapitée en frittes, le manioc ou la banane savoureusement appelée agatoki. Cette dernière se conjugue avec poissons frits, amarantes (lengalenga), tomates nature, sauce-tomates, arachide pilée, ainsi que d’autres ingrédients comme le sel, le piment, poivre noir, oignons blancs et rouges, cube de Maggy et l’huile de palm.
Tasse de thé et morceau de pain, le matin, plats divers, le midi et le soir, leur variation dépend largement de la taille de la poche. Chacun enrichit son thermos ou sa casserole selon ses moyens. Ainsi, certains pourront faire nager des poissons tel que le mukeke ou ndagala dans la sauce tandis que pour d’autres, la viande reste un luxe gastronomique qu’ils ne s’offrent qu’à quelques occasions spéciales. Une observation confirmée par la majorité des citadins interrogés. Quant aux fruits, le reflexe d’en acheter demeure en mode veille.
Restaurants, deux plats deux budgets
Depuis que les gong-unique ont commencé, que le ticket boulot-maison s’alourdit, on croise de plus en plus de femmes en uniformes, d’hommes qui respirent encore l’air frais des bureaux autour des buffets dans les restaurants de la ville.
Sur les tables du resto-bar « Le rendez-vous »: riz, pilao, haricot, petit poids, pomme de terre, spaghetti, frittes, banane, viande de vache, chèvres, poulets, salades et quelques fruits comme la banane mûre ou l’ananas. Le prix ? 3500 Fbu. Ici, un morceau de viande coûte 1000F à lui seul. De quoi justifier la présence d’un garde-viande.
Tel qu’indique le nom, ce restaurant, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, se métamorphose en bar, le soir. La cuisine change de couleurs. Ce sont les brochettes, ragoûts, jarrets et frittes fortement assaisonnés de salades et mayonnaise qui accompagnent la mousse.
Nyakabiga, l’assiette à la taille de la bourse
Des plats dits mélangés dans lesquels le riz et le haricot s’accompagnent soit par la patate douce, la pomme de terre, le manioc ou la colocase aux plats communément appelés CPGL où le tout est combiné dans une seule assiette ou encore la pâte de manioc, de maïs (et rarement de blé), le serveur vous déroule tout ce qu’il y a dans la cuisine avant que vous ne posiez votre postérieur sur la planche qui sert de chaise. Côté légumes, c’est l’amarante, les choux et les feuilles de manioc (isombe) qui détrônent les autres plantes.
Etudiants du campus Mutanga pour la plupart, la facture des clients des restaurants de Nyakabiga varie entre 600 et 1500Fbu l’assiette. Toutefois, quand la poche fait défaut ou que la bourse tarde d’arriver, on peut trouver une assiette à 300 Fbu. Celle-là ne contient qu’un peu de haricot et deux morceaux de patate douce. A 400 Fbu, on y ajoute quelques graines de riz. Et si vous montez à 500 Fbu, vous avez droit à quelques cuillères de choux.
Les plats huilés de Buyenzi
Ce quartier surprendra toujours par son savoir-faire. Aussi bien dans le garage, dans la chambre, que dans la cuisine. L’œuvre gourmande des « mamans » de Buyenzi présente un menu avec des ingrédients à rompre le ramadhan.
Un coup d’œil sur le tarif en swahili et on s’en lèche déjà les babines : Chai maziwa, Chapati, Omelette, sambusa, wali, pilao, same, njegele, salade, ugali, sombe, nyama, dagaa, mizuzu, etc.… Rares sont les plats sans sauce de viande ou de poissons.
Cependant, si votre médecin vous a recommandé des plats moins huilés, Buyenzi n’est probablement pas une excellente destination. Mais comme on dit, de gustibus et coloribus non disputandum (des goûts et des couleurs, on ne discute pas).