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Synergie des médias: 10 ans après l’incendie du marché central de Bujumbura

Incendie du marché central de Bujumbura, 10 ans déjà : une plaie incurable pour les commerçants

Gabriel Kabura est commerçant au marché de Ngagara II communément appelé Cotebu. Comme la plupart des occupants de ce marché, il a été victime de l’incendie du 27 janvier 2013 qui a ravagé le marché central de Bujumbura où il vendait différents articles depuis une vingtaine d’année.

Lors de de cette tragédie, il a assisté impuissant à la consumation de tout son capital, il l’estimait autour de 30 millions de FBu. « Cela a été le moment le plus dur de ma vie, d’ailleurs la seule fois où j’ai été obligé d’aller voir un psychologue », déplore-t-il.

Un mois après cet incendie, le gouvernement a commencé à aménager le marché dit Cotebu pour y délocaliser les sinistrés.  Une information bien accueillie, cette annonce a mis de baume au cœur des commerçants du marché central de Bujumbura errant dont Kabura, ils croyaient que la délocalisation allait être immédiate.

Finalement, il a fallu deux longues années pour que ce nouveau marché soit fonctionnel. Puisqu’il fallait recommencer à zéro. La délocalisation vers le marché de Cotebu leur exigeait des moyens, un frein pour la plupart des commerçants de l’ex-marché central, bon nombre d’entre eux n’avaient plus rien. 

Pour avoir un petit capital lui permettant de recommencer son business, ce père de 9 enfants a dû vendre ses biens et ses biens et ses propriétés, du  bétail et des terres cultivables.

Heureusement qu’il en avait encore. Dix ans après, ce commerçant regrette qu’il peine toujours à redynamiser son commerce   et qu’actuellement il ne travaille que pour assurer la survie de sa famille. 

Lorsque nous avons rencontré C.B, il était assis dans son échoppe presque vide au marché dit Cotebu. A l’ex-marché central de Bujumbura, il avait deux échoppes bien remplies de marchandises.

Après cette tragédie, il a dû envoyer sa famille au village : « Si je suis toujours à Bujumbura, c’est juste parce que je ne veux pas que mes enfants meurent de faim sous mes yeux au village », raconte-t-il. 

Pour lui, l’histoire de l’ex-marché central est une histoire qu’il souhaiterait oublier pour de bon. Mais hélas, regrette-t-il, chaque fois que cette date approche, je suis obligé de m’en souvenir. 

« Mais quand même, Dieu merci je suis encore en vie et j’ai toujours quelques produits à vendre au moment où beaucoup de mes anciens collègues n’ont plus rien, ceux qui sont toujours en vie bien sûr. Car il y en a qui, après cet incendie, ont développé des maladies cardiaques et y ont succombé », se réconforta-t-il.

Qui en profite finalement ?

Selon Gabriel Kabura, toute une décennie sans marché central est une grosse perte pour les commerçants et leurs familles, mais beaucoup plus pour le pays. « Si on avait reconstruit ce marché dans l’immédiat, sûrement que le chômage et la pauvreté n’auraient pas atteint le niveau qu’ils ont aujourd’hui », regrette-t-il.

Selon Faustin Ndikumana, président de l’ONG locale PARCEM (Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités) à part que le pays perd beaucoup d’opportunités, il ne gagne rien dans le fait de ne pas rénover le marché central.

Il explique que ce marché constituait une vitrine pour l’économie nationale et assurait la visibilité du pays. « A voir la position de plaque tournante qu’occupe notre pays, un tel marché s’il avait été reconstruit d’une façon moderne, non seulement aurait permis la modernisation de la ville de Bujumbura, mais également, aurait été un centre d’approvisionnement pour les pays de la sous-région », explique-t-il.

D’après lui, cela ferait entrer beaucoup de devises dans les caisses de l’Etat vu que le pays en a besoin. « Puisqu’il y aurait développement des activités économiques, cela favoriserait l’entrepreneuriat des jeunes et la création de l’emploi ».

Selon cet activiste de la société civile, un autre manque à gagner est lié aux taxes municipales qui ne sont plus perçues aux impôts qui devraient entrer dans le trésor public, etc. Il invite les autorités burundaises à y penser sérieusement pour le bien du pays.

Par Florence Inyabuntu, Burundi Eco

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