Les travaux réels de construction du marché ont recommencé ce 5 mars 2025, menés par la société Ubaka Nation Group. La faiblesse des fonds actuellement disponibles suscite des inquiétudes parmi les citoyens, qui se demandent si cette société sera capable d’honorer ses engagements…
La société de construction Ubaka Nation Group n’a obtenu que 4 milliards de BIF sur les 500 milliards de BIF nécessaires (environ 1%) pour la construction du marché central de Bujumbura, selon le communiqué de presse du Conseil des Ministres datés du 26 février 2025.
Certains commerçants comme Fride Ndayikeza, vendeuse de chaussures à la Galerie Hakizimana se réjouissent de la décision du gouvernement d’attribuer ce projet à la société Ubaka Nation Group : « C’est une bonne nouvelle et j’espère que les travaux vont bel bien démarrer pour qu’on ait un marché digne de la capitale économique. Si nous devons acheter des échoppes, nous les achèterons suivant les directives gouvernementales. Bien que j’aie un lieu où je travaille actuellement, cela ne m’empêchera pas d’en acheter. »
D’autres estiment que le gouvernement aurait dû consulter les citoyens et les anciens commerçants de l’ancien pour recueillir leurs avis sur la reconstruction dudit marché avant de prendre cette décision. Ils estiment également que les sociétés de construction devraient avoir l’opportunité de soumettre des offres concurrentielles pour s’assurer que le marché soit attribué à la société la plus compétente.
Fablice tranquillise la population
Contacté, Fablice Manirakiza, chargé des relations publiques chez Ubaka Nation Group, estime qu’en tant que développeur d’Ubaka Nation Group, il devait chercher un financier capable d’apporter des fonds pour la construction de ce marché : « Cependant, nous avons choisi de créer un fonds appelé One Africa Investment Funds afin que les Burundais puissent être ceux qui portent ce projet. »
Depuis le début de ce projet, rappelle-t-il, UBN a déjà rassemblé plus de 4 milliards de francs burundais : « Nous avons constaté que les Burundais y participent activement, et cela nous a montré qu’ils aspirent à un développement ascendant. Tous les travaux coûteront environ 500 milliards, voire plus ou moins. »
Si une fois ça arrive que les burundais échouent de collecter les fonds nécessaires, Fablice Manirakiza indique qu’il se tournera vers les banques pour obtenir des crédits : « Même si cela est financé par deux Burundais, ce n’est pas un problème ; nous travaillerons avec les banques, car c’est leur rôle d’octroyer des crédits à ceux qui en ont besoin. Mais les bénéfices tirés seront partagés avec ces deux Burundais. »
Une attribution qui interroge

Selon Faustin Ndikumana, le président de la Parcem, la construction d’une infrastructure comme l’ancien marché de Bujumbura, relève du cadre de partenariat public privé (PPP). Mais ici au Burundi il n’y a pas encore de cadre stratégique, de cadre légal bien structuré pour régir ce partenariat public privé. Ça devrait être à large échelle : « Pour le moment on devrait se fier sur la réglementation qui exige l’appel d’offre ouvert quand on veut construire de telles infrastructures, pour voir une entité capable de construire une infrastructure qui doit être exemplaire. »
Pour lui, l’octroi de ce marché à Ubaka Nation Group devrait avoir lieu après un appel d’offre ouvert, et si personne ne manifeste pas d’intérêt à répondre à cet appel, c’est là où on pouvait penser à faire ce qu’on appelle les marchés gré à gré : « Là aussi on devrait voir comment avoir au moins deux ou trois acteurs pour sélectionner. La procédure qui a été utilisée est une procédure précipitée. Attendons pour voir le résultat. »
Des explications doivent être fournies
Alexis Nimubona, chargé de la communication chez Olucom n’y pas par quatre chemins. D’après lui, le gouvernement doit expliquer aux citoyens pourquoi il a attribué le marché de la reconstruction du marché central de Bujumbura à la société Ubaka Nation Group.
Cette explication est nécessaire, soutient-il, étant donné qu’il y a d’autres sociétés qui avaient sollicité la même attribution mais en vain notamment des consortiums bancaires et la société Sino-Africa.
Et de conclure : « Les capacités financières de cette société sont préoccupantes. Le secrétaire du gouvernement du Burundi a récemment annoncé que la reconstruction de ce marché coûterait 500 milliards de Fbu, mais cette société n’a que 4 milliards de Fbu. »
Cet article a été rédigé par Emmanuel Ndagijimana et Willy Frid Irambona.
