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Synergie des médias: 10 ans après l’incendie du marché central de Bujumbura

Incendie du marché central de Bujumbura, 10 ans en ruine, 10 ans de souffrance

C’est un dimanche ordinaire, le 27 janvier 2013 mais le destin est déjà scellé : toute la ville de Bujumbura assiste impuissant à l’incendie de son marché central. Le cœur de la capitale est touché de plein fouet, des milliers d’autres saignent, … toujours.

Une fumée noire visible à plusieurs kilomètres à la ronde s’élève dans le ciel de Bujumbura, il s’assombrit vite, un mauvais signe. Une calamité vient de s’abattre sur le pays.

Un cinquième de PIB national vient de partir en fumée, un des piliers de l’économie national vient de s’écrouler et le pays peine jusqu’à ce jour à remettre à flot cette infrastructure, une mamelle nourricière des caisses de l’Etat.

Mais entre-temps, par manque de vision, à force d’hésiter entre des promesses mielleuses des plus-offrants et des vendeurs d’illusions et autres spéculateurs, les ruines sont toujours là, altières comme pour se moquer de l’inaction de tout un pays entrainant des pertes énormes au vu des rentrées générées par ce marché central avant l’incendie.

Pour le moment, la nature a repris ses droits, les herbes et les arbres ont poussé, quelques branches sont même visibles au-dessus de la toiture déformée, entamée par rouille.

Un cauchemar, pour plusieurs commerçants ayant tout perdu, difficile pour eux de se remettre debout, une décennie de douleur. Reprendre tout à zéro n’a pas été facile, très peu réussiront à s’arcbouter, à se relever.

Selon des témoignages des anciens commerçants de l’ex-marché central de Bujumbura, aujourd’hui éparpillés aux quatre coins de la capitale économique, certains collègues complètement ruinés n’auront d’autres choix que de tourner au village, d’autres déprimeront. En une matinée, ils perdent tout.

Le processus de réinstallation de certains commerçants ayant quelques moyens au marché dit Cotebu à Ngagara sera long, la plupart se disent déçus : « Les clients ne se bousculent pas dans ce marché exigu et différents centres commerciaux comme des marchés privés et autres galeries construits après l’incendie du marché central de Bujumbura sont des concurrents de taille ».

Ils appellent le gouvernement de se ressaisir, à se réveiller pour l’intérêt supérieur du pays au vu des taxes et du climat des affaires qu’une telle infrastructure génère : « Il faut se doter d’un grand centre commercial à l’emplacement stratégique de l’ancien marché central ».

Gabriel Rufyiri président de l’Olucome témoigne

Comme d’habitude pour chaque dimanche, je me préparais pour aller à l’église mais soudain j’ai vu une colonne de fumée noire qui s’élevait vers le ciel, j’ai décidé de ne pas y aller parce que j’ai appris que c’était le marché central de Bujumbura qui était en train de brûler.

Je me suis directement rendu au bureau afin d’alerter des gens pouvant aider pour maîtriser ce feu. Et toutes les radios ont travaillé en synergie pour sonner l’alerte et mobiliser des gens afin d’éteindre le feu.

Malheureusement les sapeurs-pompiers appelés à la rescousse ont signalé qu’il n’y avait pas d’eau dans leurs camions-extincteurs. Le gouvernement rwandais a dépêché un hélicoptère bombardier d’eau en renfort pour aider à maîtriser ce feu mais c’était trop tard, vers 11 heures, il n’y avait plus grand-chose à sauver.

Cet aéronef muni d’un réservoir d’eau suspendu a fait plusieurs navettes versant de l’eau sur ce marché submergé par des flammes. C’était une tragédie.

Selon des experts burundais dont l’économiste Donatien Bihute, les marchandises perdues dans cet incendie du marché central de Bujumbura représentaient 20% du PIB du pays.

Et ce qui est choquant, c’est que cet incendie n’a pas servi de leçon, on n’a rien appris de cette catastrophe. Les ruines du marché sont toujours là, il n’y a pas eu de reconstruction.

Tous ceux qui sont venus présenter des offres pour la construction d’un grand centre commercial à plusieurs niveaux avec des parkings souterrains, sont des spéculateurs.

La dernière en date, c’est l’Association des banques, il y avait quelques propositions mais cela n’a pas encore marché et ce sont des pertes énormes pour un pays comme le Burundi avec sa faible économie.

L’incendie de ce marché a été une catastrophe nationale : principal poumon économique, le marché permettait à tout le pays et ses environs à s’approvisionner en biens et vivres.

Plusieurs personnes ont tout perdu et des milliers d’emploi liés aux différentes activités ont été également perdus.

Selon la Coalition des Syndicats du Burundi (COSYBU), 5.000 commerçants dont 3.500 exerçant des activités connexes dans ce marché et tout autour, ont perdu leurs marchandises et leurs emplois.

Beaucoup d’entre eux sont devenus des malades mentaux et d’autres sont retournés, toute honte bue, à leurs collines d’origine les poches vides suite à cette catastrophe.

Afin de venir au secours des commerçants, le gouvernement a construit un nouveau marché à Ngagara dit Cotebu mais ce marché n’est jamais devenu rentable, il y a 10 ans car étant mal construit. Et c’est au moment où des marchés et autres centres commerciaux des particuliers prospèrent.

C’est désolant de voir que jusqu’aujourd’hui, ce marché central n’est pas encore balayé avec toutes les conséquences néfastes sur l’environnement et sur la santé des personnes œuvrant dans ses environs.

Que des spéculations

Il y a eu certaines sociétés qui ont demandé de le construire dont la probable société Cino-Afrique et l’Association des banques du Burundi mais en vain.

Pour la première société, l’Olucome a appris, avec des preuves à l’appui, qu’elle était une société d’une haute autorité burundaise qui était l’ambassadeur du Burundi en Chine via son épouse chinoise et n’avait pas de moyens financiers suffisants pour accomplir son engagement.

Jusqu’à maintenant, beaucoup de marchés ont été construits et rien n’a été prévu comme allée pour les véhicules anti-incendie et ne disposent même pas des accessoires anti-incendie comme les extincteurs ou des tuyaux d’eau pouvant se déclencher en cas d’incendie. Il faut des véhicules anti-incendie suffisants et toujours prêts à intervenir.

De même, il n’y a aucune politique généralisée pour mobiliser les commerçants à adhérer dans des sociétés d’assurance, quand le marché central a pris feu, très peu de commerçants avaient souscrit à une assurance.

L’Olucome demande au gouvernement du Burundi d’assurer tous les marchés et de sensibiliser les commerçants à adhérer dans des sociétés d’assurance.

Par Abbas Mbazumutima, Journal Iwacu

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