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Synergie des médias : des mesures administratives non sans effets

« Associer les concernés dans un processus décisionnel »

Pr Siméon Barumwete: « Les jeunes terminent leurs études, ils ne trouvent pas de travail »


Pour le Pr Siméon Barumwete, spécialiste des politiques publiques, chaque entité administrative, peut prendre des mesures pour la bonne marche de la société. Mais, il estime que l’administration et les administrés doivent se concerter pour ne pas se heurter à la non-adhésion.

Que dire de l’interdiction de se retrouver sur la place publique sans rien faire, un phénomène appelé ’’Ligala’’ ?

C’est vrai que si vous êtes dans l’administration, voire des jeunes qui sont attroupés sur la place publique sans rien faire, fait penser peut-être qu’ils n’ont rien à faire et qu’ils peuvent s’adonner aux pratiques ou aux comportements nocifs, notamment la consommation des stupéfiants.

Ce n’est pas bon que des jeunes ayant la force de travailler soient attroupés dans les rues sans rien faire. Cela montre qu’il n’y a pas d’activités. Cela pose un problème non pas uniquement au niveau de l’administration, mais au niveau de leurs familles.

Faut-il les chasser ?

La question est de savoir pourquoi on les voit attroupés dans les places publiques sans rien faire. Quand même, il y a un problème qui est connu au Burundi. Celui du chômage.

Les jeunes terminent leurs études, ils ne trouvent pas de travail. C’est vrai, on a mis en place des programmes pour l’autonomisation des jeunes pour les encadrer dans l’entrepreneuriat. Mais, peut-être que ces programmes n’ont pas assez de moyens pour atteindre tout le monde.

Il faut se poser des questions de savoir pourquoi ils sont là. S’ils sont des délinquants, il faut les sanctionner. S’ils sont oisifs, sans rien faire, il faut leur donner du travail.

Le problème majeur reste de savoir pourquoi ils sont là. Peut-être au lieu de prendre des mesures répressives, il faut aller vers la prévention, les écouter pour qu’ils expriment leurs problèmes.

Aussi, il ne faut pas généraliser. Certainement, qu’il y a des jeunes qui sont au centre-ville pour s’informer. Par ce que c’est un grand carrefour où ils peuvent trouver des informations, des appels d’offres, etc.

Les gens se rencontrent pour échanger sur des opportunités. Il ne faut pas généraliser pour dire que les jeunes qui sont attroupés sont oisifs ou des délinquants. Il peut y avoir des jeunes de bonne foi. Peut-être d’autres attendent les membres de leurs familles qui viennent de l’intérieur du pays…

Que faudrait-il faire alors ?

Il appartient à la police de proximité de ne pas généraliser et de s’informer avant d’embarquer tout le monde dans des camions. Il faut distinguer les délinquants et les vrais citoyens. 

A la police de bien faire son travail. L’Etat est garant de l’ordre public, mais aussi, on ne peut pas limiter les droits des citoyens sans qu’ils n’aient commis des délits ou des crimes. Nous sommes dans un pays de liberté.  

L’autorité a interdit les maisons en couverture de paille pour les jeunes mariés

Depuis les années 1980, notamment sous la deuxième République, avec le président Bagaza, il voulait qu’au niveau du Burundi, il n’y ait plus de maison en paille. Or, il se pourrait que dans les années 1990, le Burundi est en train dans des crises presque interminables.

On a oublié les objectifs du développement que l’on s’était fixé. Normalement il y a l’unicité de l’administration. Les engagements qui ont été pris par les régimes précédents devraient être continués par le régime actuel.

Le problème, c’est qu’au Burundi, il arrive que des mesures soient prises sans qu’elles ne soient inscrites dans des projets développement. Nous avons un Programme national de Développement qui est là jusqu’en 2027. Dans le programme, il n’existe pas ce volet qui dit que les maisons en paille doivent disparaître. Mais si on dit, il faut abolir les maisons en paille, cela devrait être louable.

Faut-il donc exiger les jeunes mariés d’avoir une maison en tuile ou en tôle ?

Exiger aux gens qui se marient qu’ils prouvent qu’ils sont en mesure d’habiter dans une maison saine, qui remplit les normes, je pense que ce n’est pas mauvais.

Mais il faut expliquer aux gens que la commune a une option, un engagement que d’ici 2025 par exemple, il n’y ait plus des maisons en paille. Il faut que cela soit expliqué sur toutes les collines. Il faut que les citoyens soient conscients et informés de cet objectif pour que chaque citoyen s’engage à respecter ces mesures.

Et la mesure qui fixe le prix de la viande ?

Par contre, fixer le prix de la viande relève de la loi de l’Offre et de la demande. Le Burundi s’est engagé dans la politique de libéralisation des prix sauf pour le sucre et le carburant. Sinon il faut nous dire que la viande est devenue un produit stratégique.

Il faudrait de plus que cela soit une mesure prise par le ministère du Commerce qui a les compétences de le faire et non par des administratifs chacun dans son coin.

Une autre mesure prise par certaines autorités concerne l’interdiction de vente du maïs grillé ou cuit sur la rue

Ces questions naissent parce que la pauvreté a augmenté. On voit que les gens pour essayer de survivre essaient parfois de griller le maïs sur le coin de la rue, porter un panier contenant du manioc pour le vendre. Le commerce ambulant.

Tout cela, ce sont de l’informel. Et cela peut participer dans la concurrence déloyale pour des gens qui paient de l’impôt et le loyer. Il ne faut pas autoriser toutes les pratiques de résilience. Cela peut être dangereux pour les passants, mais aussi pour la sécurité.

Donc il faut encourager les gens à se mettre ensemble à travailler dans un endroit protégé. Quand on laisse les gens offrir du n’importe quoi dans la rue, on peut même offrir des produits périmés.

On comprend qu’on est dans la pauvreté. Mais, même dans la pauvreté, il faut que l’Etat régule et donne des autorisations à des gens qui s’engagent à respecter certaines normes de commerce notamment pour ne pas favoriser la concurrence déloyale. Le commerce est régi par des lois et des normes, il faut les respecter.

Cette mesure n’a-t-elle pas besoin d’autres mesures d’accompagnement ?

C’est vrai au regard de ce qui se passe, il faut encadrer ces femmes qui vendent du maïs grillé. Il faut une bonne éducation…Mais, il faut montrer d’autres alternatifs comme les regrouper dans des associations. Il faut leur donner un petit capital, elles peuvent ouvrir un restaurant où elles peuvent servir le maïs grillé, mais dans une maison connue où on peut vérifier si les normes sont respectées.

Un conseil à l’administration dans son processus de décision

Les citoyens sont intelligents, ils savent où se trouvent leurs intérêts. Ce qui est important, c’est de leur expliquer pourquoi. Quels sont les avantages d’une telle décision. Il faut associer les administrés.

Si les gens critiquent, c’est par ce qu’ils n’ont pas été informés à temps. Ils ont vu les décisions tomber. Ils ont été informés le jour de la prise des décisions alors qu’il y a moyen de sensibiliser les gens, de les éduquer, de les prévenir et de les associer dans la décision.

S’ils ont participé dans tous le processus décisionnel, ils sont prêts à adhérer et faciliter la mise en œuvre de la décision de l’administration. Si on leur impose, les décisions se heurtent à la non-adhésion.

Par Emery Kwizera, Iwacu

Synergie des médias

Dossier préparé par Jimbere Magazine, Yaga, Iwacu et Burundi Eco

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