Jimbere

Kirundi French
Actualité

Synergie des médias : des mesures administratives non sans effets

Des mesures qui ne font pas l’unanimité dans l’opinion

Un petit restaurant à Buyenzi


Ces derniers jours, les administratifs ont pris des mesures qui ne font pas l’unanimité. C’est notamment la fermeture des restaurants et bistrots ne respectant pas les normes d’hygiènes ou les prix officiels des boissons. Pour le sociologue Lambert Hakuziyaremye, l’autorité doit prendre des mesures qui n’étouffent pas les initiatives de la population. Reportage.

Buyenzi est le quartier populaire le plus connu de Bujumbura. Il est connu aussi pour son affairisme et ses garages à ciel ouvert et à chaque coin de rue. Ce qui fait que beaucoup de gens y ont élu domicile ou y exercent des activités génératrices de revenus.

Pour cela, l’assainissement de ce quartier pose un problème. Il y a quelques jours, les administratifs à la base ont promis de fermer les bistrots et les restaurants qui ne respectent pas les règles d’hygiène.

Cela dans le but de promouvoir l’assainissement et de lutter contre l’épidémie de choléra qui a fait quelques incursions dans certains quartiers de Bujumbura au mois de janvier 2023.

Quel est l’état des lieux ?

Le soir du vendredi 11 janvier 2023, nous avons visité un restaurant qui se trouve à la 11ème avenue de ce quartier. Comme d’habitude, ce restaurant prépare la nourriture en plein air.

Ce soir-là, c’était tout à fait le contraire. « Désormais, nous cuisinons à l’intérieur du restaurant. Si jamais nous faisons le contraire, nous nous attirons les foudres des administratifs à la base. Ces derniers nous ont mis en garde brandissant les sanctions voire la fermeture du restaurant. Cela s’inscrit dans le cadre de renforcer l’assainissement dans le quartier », fait savoir un employé de ce restaurant.

Un autre restaurant visité est celui situé à la 13ème avenue du quartier de Buyenzi qui est connu pour sa spécialité, du ’’chapati’’, une sorte de crêpe. Dans les conditions normales, ces crêpes sont préparées juste à l’entrée du restaurant, mais depuis les avertissements des administratifs, tout a changé.

« Nous avons dû changer l’endroit de préparation de nos ’’chapatis’’, car la police et les administratifs à la base nous l’ont obligé en vue de promouvoir l’assainissement », indique un des gestionnaires du restaurant. Jusqu’à preuve du contraire, nous avons appris que désormais aucun restaurant n’est autorisé à préparer la nourriture en plein air.

Par contre, au niveau des bistrots, aucun changement n’a été constaté. Les bars que nous avons visités à la 3ème avenue, à la 7ème avenue, à la 8ème avenueet àla 9ème avenue travaillent comme à l’accoutumée.

Priorités aux intérêts de la population

Avec la Covid-19 et la guerre en Ukraine, le Burundi a connu une crise économique avec des conséquences   multiformes sur sa population. A cela s’ajoute la pénurie des devises et la pénurie du carburant qui ont fait que les prix sur le marché ont augmenté.

En conséquence, le citoyen lambda s’est retrouvé obligé de se débrouiller pour survivre. Malheureusement, déplore un tenancier d’un bistrot, les décisions prises déstabilisent certains débrouillards.

« Les décisions prises s’attaquent à un phénomène social qui ne peut pas s’arrêter net. Pourtant, on ne change pas une société par une mesure », explique Lambert Hakuziyaremye, sociologue et professeur dans plusieurs universités. Pour lui, si on empêche à un individu, par exemple, qui n’a pas les moyens de se marier, c’est une forme de bafouer ses droits.

Par contre, le développement est un processus. Avant de prendre des mesures dissuasives dans n’importe quel domaine, il faut montrer clairement aux concernés ce qu’il faut faire pour répondre à l’exigence ou à leur proposer des alternatives.

Pour y arriver, il faut multiplier les opportunités, créer un environnement favorable aux affaires et mettre en place des initiatives du gouvernement qui profitent aux personnes démunies. « Cela dans le but d’augmenter le niveau de vie des citoyens ».

M. Hakuziyaremye souligne que l’autorité doit s’assurer que la mesure prise n’étouffe pas les initiatives de la population étant, bien sûr, entendu que toutes les mesures doivent mettre en avant les intérêts de la population.

Par Gilbert Nkurunziza, Burundi Eco

Pages : 1 2 3 4 5

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top