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Pourquoi un plaidoyer pour le secteur privé, l’enfant oublié du PND

A l’Université du Burundi, ce vendredi 18 septembre, le Club d’Actualités Economiques lançait officiellement le début des activités annuelles. Pour cette « Journée de l’économie », selon certains participants, le CURDES a trouvé utile de rappeler combien le rôle du secteur privé est important …

Pourquoi l’énième rappel ? « Parce qu’il y’a absence d’un axe, ou d’un point, sur l’importance de développer le secteur privé dans le Plan National de Développement. » Ce jour-là, le Directeur du CURDES, Pr Alexis Bizimungu, a pris toute une heure pour expliquer pourquoi il faut faire un plaidoyer pour le secteur privé auprès des politiques à cette salle bondée d’une centaine d’étudiants de la faculté d’Economie, mais aussi et surtout, d’autres facultés, Sciences, Médecine, Littératures, …

J’ai été particulièrement surpris. Ne pensez pas à l’exposé. Oya [Non]. Même si, bien sûr, le présentateur et l’exposé étaient intéressants. Mais cette diversité d’étudiants venus, un après-midi de vendredi, prêter l’oreille aux théories, nouvelles, et réalités économiques du Burundi, et d’ailleurs. C’était nouveau pour moi. En tout cas, une première à cette université publique.

Et ce n’est pas Armel-Michel Ndayikeza, l’initiateur du club, qui va me contredire. « Quelques collègues et étudiants ne croyaient pas au projet. Et les financements ? Moi, j’ai misé sur la curiosité intellectuelle des étudiants, et apparemment ça marche bien. » Tel sera son mot bref, lui qui a réussi à cacher son émotion. J’étais là aux premiers pas du club, il y’a 2 ans. Je peux témoigner : le petit bébé grandit si vite !

Entrons dans le vif du sujet

D’abord, le petit rappel du Pr Bizimungu : « Le secteur privé a toujours eu une place de choix dans la planification nationale, que ce soit au niveau de la Vision Burundi 2025, du CSLP 1, ou du CSLP 2 : une croissance économique durable ne peut être réalisée que par un secteur privé dynamique et diversifié … lequel permet des revenus et la création d’emplois décents. »

Avec cet engouement de l’Etat pour le secteur privé, le professeur a alors énuméré les quelques avancées déjà réalisées : mise en place de la CFCIB, l’API, l’OBR, d’un réseau à fibre optique à haut débit …, privatisation de certaines entreprises publiques, révision du Code de commerce, Code des marchés publics, initiation d’un programme d’amélioration des indicateurs du Doing Business, réduction du poids de la fiscalité en ramenant le taux d’imposition sur les bénéfices de 35% à 30%, etc.

L’exposé portait sur un document rédigé a quelques mois des élections générales de 2020 pour le compte de l’Association des Employeurs du Burundi : « Plaidoyer pour le développement du secteur privé a l’intention des responsables des partis politiques burundais ».

Pourquoi de nouvelles reformes économiques

Lorsque le professeur a tenté une analyse du secteur privé, d’un coup, tout était calme et silencieux dans cette salle. Les jeunes étudiants étaient-ils stupéfaits par la dure réalité du marché burundais de l’emploi, ou tout simplement, la majorité ne saisissait pas les termes techniques utilisés parfois dans l’exposé ? Ce qui est sûr, il y’a encore un long chemin pour voir le secteur privé – on parle du pourvoyeur de plus 83% des emplois au Burundi – contribuer significativement à résoudre ce problème de chômage des jeunes qui hante l’Etat burundais.

« Au Burundi, on retrouve la majorité d’opérateurs privés dans l’informel, ce qui ne permet pas l’accès aux financements, par exemple, entraînant précarité de l’emploi et faible qualité de la production », a continué l’universitaire. Pour être plus précis, que retenir du secteur primaire auquel repose l’économie burundaise ? « Il est dominé par une agriculture d’auto-consommation, utilisant encore des méthodes archaïques de production. » Ici, les chaînes de valeur sont à la traîne alors qu’il s’agit (presque) de l’unique solution pour générer des emplois durables et des revenus à 9 sur 10 Burundais actifs.

Quid des 2 autres secteurs, secondaire et tertiaire ? « Le premier est caractérisé par un tissu industriel très faible en raison de la vétusté des outils de production. Il présente alors des produits très peu compétitifs sur le marché », a rappelé le présentateur. Comment alors se développer sans de conséquents financements dans le secteur productif, dans l’industrie et l’agriculture ? Je me rappelle la question avait été soulevé lors de la 2ème édition du Salon Industriel. Pour expliquer le peu de crédits pour les secteurs productifs, les banquiers avaient notamment soulevé la fameuse question du risque.

Si la situation est ainsi pour les deux secteurs, elle n’est point enviable avec le tertiaire. Même si, aujourd’hui, il contribue au tiers de la richesse du pays, « il reste dominé par les activités informelles occasionnées par la précarité des services publiques, la concurrence déloyale, la corruption, la pression fiscale et tant d’autres problèmes structurels. »

Ce n’est pas sorcier !

« Le secteur privé burundais reste donc peu développé, non performant et non compétitif. Ni igiki none cokorwa ? [Que faire alors ?] » La question du Pr Bizimungu à ces innocents étudiants, comme pour conclure l’exposé. S’il avait encore du temps, notre cher présentateur allait encore prendre son temps pour discuter en long et en large des voies et moyens pour trouver la recette magique.

Assis à la première rangée, parmi les propositions faites, j’ai pu retenir 3 ingrédients indispensables dans la recette magique nécessaire pour booster le secteur privé : consolider la paix et la sécurité (et assurer la stabilité politique), améliorer le climat des affaires et trouver une solution aux problèmes de déficit énergétique.

Dans le cadre du projet « Tuyage » financé par l’USAID, le Magazine Jimbere s’associe avec Search For Common Ground au Burundi (partenaire de mise en œuvre du projet) dans la production d’une série d’articles économiques

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