Alors que le Burundi connait des taux élevés d’insécurité alimentaire durant cette dernière décennie, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) tente de renverser la vapeur en matière de nutrition fortifiée et enrichie… Le point
Depuis 2014, l’accessibilité alimentaire n’a cessé d’être problématique en raison des prix des produits de première nécessité qui n’ont cessé d’augmenter d’un côté et d’une production régulièrement perturbée par les aléas climatiques et la faible accessibilité aux intrants d’autre part.
Selon l’analyse globale de la vulnérabilité, de la sécurité alimentaire et de la nutrition au Burundi (AGVSAN 2023), commandité par le PAM en novembre 2023, 41,2 % des ménages, soit 5 398 685 personnes (sur la base de la population de 2023), sont en situation d’insécurité alimentaire dans le pays. Parmi eux, 32,3 % (4 229 604 personnes) en insécurité alimentaire modérée et 8,9 % (1 169 081 personnes) en insécurité alimentaire sévère. L’insécurité alimentaire était plus élevée dans les zones rurales (44 %) que dans les zones urbaines (17,8 %).
Pour parier à ce phénomène, le PAM a remis officiellement ce 17/04/2024 en province Ngozi, un don d’équipements, matériels et fortifiants aux 80 entreprises de mouture et meuniers appuyées pour la production de farines riches en éléments nutritifs. D’une valeur de 456.157 USD, ces machines – constituées notamment de moulins, micro-doseurs, mélangeurs, humidimètres, machines de mouture, balances électroniques, soudeuses de sacs – contribueront à la production des farines de maïs, manioc, blé…
Cet appui obtenu grâce au soutien financier de l’Ambassade de France au Burundi, de la banque allemande de développement Kfw et de la direction du développement et de la coopération Suisse (DDC), sera distribué au niveau de 80 collectivités se trouvant dans 8 provinces à savoir : Ngozi, Kayanza, Muyinga, Kirundo, Karusi, Rutana, Ruyigi et Gitega.
Un don au profit de toute la communauté
Ce paquet de matériel, équipements et fortifiants en profitera non seulement aux unités de production, mais également aux communautés environnantes, indique Ndeley Agbaw, chef de bureau du PAM en province Ngozi : « Avec l’accompagnement du Centre National de technologie alimentaire (CNTA), les collectivités qui ont bénéficié de cet appui auront un renforcement des capacités en matière de production de farines fortifiées et enrichies ». Et de préciser : « Les unités de production ont été ciblées en tenant compte des zones avec un taux de malnutrition élevé. »
Pour Pierre Sinarinzi, Directeur du CNTA, ce don arrive à point nommé puisque le secteur de la transformation alimentaire au Burundi connait un déficit technique, qui, parfois a des conséquences sur l’alimentation saine des ménages. En outre, poursuit-il, ces équipements, de par leur efficacité, peuvent contribuer à générer des devises, lorsque la production sera exportée, au cas où la récolte sera trop abondante.
Un appui chaleureusement salué
Du coté des bénéficiaires, c’est la satisfaction totale. Pour Godelieve Miburo, Sœur missionnaire de la vie nouvelle pour la réconciliation (VNR), ce don « vient en réponse aux défis de la nutrition de plus de 300 enfants orphelins, vivant dans les 3 centres sous la responsabilité de cette mission catholique, qui auront désormais droit à une alimentation enrichie, fortifiée et équilibrée. »
Même son de gratitude chez Juliette Manirambona, responsable de la coopérative « Tugwize umwimbu », de la colline Munini, en commune Gatara, de la province Kayanza, qui espère qu’avec cet appui du PAM, les cas de malnutrition souvent signalés dans cette localité réduiront significativement.
