Presque quatre ans après la construction d’unique passerelle enjambant un boulevard au Burundi, les passants refusent de l’emprunter pour différentes raisons, malgré les mises en garde de l’administration. Reportage
Décembre 2019, afin de diminuer les embouteillages, les accidents et faciliter la circulation sur le boulevard de l’Uprona, une passerelle en hauteur est érigée au niveau de sa jonction avec l’avenue de la Mission, grâce à l’implication financière de la Bancobu.
En plus de la pertinence esthétique, l’argument sécuritaire est alors compréhensible: « A une époque, nous avions comptabilisé sept personnes mortes en l’espace d’un mois , fauchées le long de la bande bitumée que la passerelle couvre actuellement, avec 34 cas d’accidents enregistrés causant 28 blessés », rappelle OPC Jimmy Ndayishimiye, conseiller du Maire de la ville.
Mais depuis, peu de monde l’emprunte malgré l’insistance et les mises en garde de l’administration. Face au refus de l’emprunter, l’administration de Mukaza avait, le 12 novembre 2021, tapé du poing sur la table, annonçant une amende de 10 mille Fbu à tous ceux qui transgresseront cette mesure.
Deux mois après, le 12 janvier 2022, beaucoup de piétons seront arrêtés par la police pour refus d’ordre et paieront une amende.
Mais force est de constater que cela n’y a rien changé: peu de monde emprunte cette passerelle.
Plusieurs raisons expliqueraient le refus d’obtempérer…
Différents piétons rencontrés sur place le 19 mars 2024 avancent plusieurs raisons qui expliqueraient leur refus d’obtempérer. Certains évoquent la hauteur de la passerelle, d’autres leur handicap, la maladie, ou encore la chaleur des journées, qui rendent pénible l’usage de plusieurs dizaines de marches. D’autres encore parlent de leur âge avancé, qui ne leur permet pas de monter les escaliers.
Bien plus, des raisons de sécurité sont avancées par d’autres sources. Un vendeur des cartes de rechange rencontré sur les lieux témoigne: « Cette passerelle est dangereuse, surtout pendant le soir car des malfaiteurs dépouillent les passants de leurs biens. » Les piétons réclament, confie-t-il, que la police y assure la sécurité le soir depuis des mois, mais en vain : « Nous avons demandé qu’à défaut d’y poster des agents de sécurité, qu’elle soit au moins éclairée.«
Une demande entendue, puisque désormais la passerelle jouit d’un bon jeu de lumière de plusieurs projecteurs, le soir venue.
Contacté, Florent Nkezabahizi, administrateur de la commune Mukaza fait savoir que la commune a lancé les requêtes à la mairie de Bujumbura de la mise en place des signaux routiers et de remplacer ceux qui sont détruits.
Côté sécurité, M. Nkezabahizi affirme que des policiers sont bel et bien postés à cet endroit, et qu’ils assurent la sécurité de tout le monde, y compris pour ceux qui empruntent cette passerelle.
Ce reportage a été effectué par Ninette Inkamiyayera, en stage au sein du Magazine Jimbere, dans le cadre du dossier sur le suivi des mesures de salubrité et de sécurité prise en Mairie de Bujumbura.