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Santé Sexuelle et Reproductive

L’hygiène intime en milieu scolaire, la cherté des serviettes interpelle

L’âge de la puberté pour la jeune fille implique principalement l’apparition de ses premières règles qui transforment sa vie de la petite fille à la future dame. La disponibilité des serviettes hygiéniques devient alors une condition sine qua none, mais en milieu scolaire, la réalité est autre. Reportage.

Les marques, les formes, sont diversifiées, chaque goût est servi, bien sûr selon les moyens de bord. Au Burundi, le cotex industriel à usage unique, le plus utilisé par les jeunes filles est le « Queen ». Les prix varient, mais gravitent entre 2000 et 2500 Fbu, les 10 pièces. Pour les serviettes réutilisables fabriquées localement à l’aide des tissus en coton et d’autres matières appropriées, le prix est de 10.000 Fbu pour 4 pièces seulement, mais avec une durée de plus de 2 ans d’utilisation.

Ce que vivent les jeunes filles en milieu scolaire

« Cela fait 5 ans que je vois mes règles, et depuis j’utilise la marque Queen. A mes débuts, elles coûtaient 1800 Fbu, mais actuellement, elles coûtent entre 2200 et 2500 Fbu le paquet. Une somme colossale pour nous qui sommes des milieux ruraux, pauvres », fait savoir Espérance Ndagijimana, 18 ans, élève de la 1ère année section Électricité Industrielle, à l’École Technique de Bubanza (ETB en sigle).

Pour Esperance, l’usage des serviettes hygiéniques jetable, bien que plus protecteur contre les probables infections, est un luxe que peu de filles rurales peuvent s’offrir. « Ce n’est pas facile. Ici à l’internat, nous avons une certaine solidarité entre jeunes filles…le peu que nous obtenons, nous nous le partageons les unes avec les autres. Il est rare qu’une d’entre nous en manque. Autre défi est que, quand on arrive à avoir des moyens pour s’en acheter, à la maison, dans nos collines les plus reculées, on manque de boutiques pour se ravitailler. »

Propos corroborés par les lycéennes rencontrées sur le plus ancien lycée de la province. Liesse Dushime16 ans, élève de la 2nde, section scientifique confie qu’avoir une serviette hygiénique a tout d’un luxe. « Avoir au moins 2.500 Fbu pour m’acheter une serviette hygiénique cela devient difficile pour moi. » Comme solution, indique-t-elle, elle a opté pour l’usage des serviettes lavables, qu’elle utilise depuis 7 mois : « L’avantage de celles-ci est que 4 serviettes seulement me permettent de passer 3 ans sans que je n’en achète d’autres. »

Mais, pour les garder pour une aussi longue période, cela implique de les tenir avec un grand soin : « Je prends soins de bien les laver et bien les sécher après usage. Mes parents eux aussi sont soulagés, eux qui n’ont pas assez de moyens pour m’en procurer à chaque menstruation. »

La cherté de la serviette qui fait effet

« Il est évident que nous toutes voulions utiliser les serviettes à usage unique, car plus saines et crédibles au niveau santé. Mais, sommes-nous toutes capables », se demande Nadia Nikuze, 20 ans, élève en 3ème, Section Langue, au Lycée de la Comibu, au centre-ville de Kayanza. Elle évoque la flambée inquiétante des prix des serviettes industrielles jetables : « Dernièrement, j’ai été désagréablement surprise de voir qu’un paquet de serviettes de marque Queen s’achetait à 3.500 Fbu. C’est aberrant. C’est vraiment hors de mes capacités, connaissant les moyens des ménages burundais. Il devrait y avoir une certaine régulation sur les prix ou des facilités au niveau fiscal pour que les importateurs soient allégés en impôts. »

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Même son de cloche chez Jacqueline Bucumi, du Lycée Mwumba en 1ère année section économique. Selon elle, les jeunes filles peinent pour avoir la serviette hygiénique qui est plutôt une nécessite vitale pour elles. « J’en suis la première victime. Pour avoir mes serviettes et satisfaire mes autres besoins je dois travailler dur pendant les vacances. Je me réveille tôt le matin pour aller cultiver les champs d’autrui, qui me paient des sommes très dérisoires. Du peu d’argent que j’y tire, je fais le petit commerce de légumes le soir au petit marché du voisinage, tout ça pour devoir m’offrir des serviettes hygiéniques durant tout le temps que je vais passer sur le banc de l’école, du moins pour chaque trimestre. »

La pauvre mais non moins valeureuse Jacqueline fait savoir qu’elle n’a jamais tenté d’acheter le paquet des serviettes hygiéniques lavables car pour elle, avoir une somme de 10.000 Fbu en entièreté est une chance qui ne lui sourit pas souvent.

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