« Wamaze iki ? » (Quel a été ta contribution ?), sous ce slogan, l’association Dushirehamwe a organisé une journée portes ouvertes le vendredi 27 septembre au Centre Suédois, à l’endroit des centaines de femmes et filles « actrices de paix et de dialogue (Abakanguriramahoro) », des élus locaux, et des partenaires au projet « Appui à la valorisation de l’expertise du réseau des femmes et filles actrices de paix et de dialogue dans la prévention et la résolution des conflits », afin de discuter sur les réalisations, les défis et les atouts, 5 ans après le lancement du projet. Reportage.
Avec l’appui de l’ONU Femmes, l’objectif visé par Dushirehamwe avec le projet, selon Marie-Goretti Ndacayisaba, Secrétaire Exécutive de l’association : « Avoir un pays digne, un pays de paix où chaque individu jouit de ses droits et la tranquillité. Un pays où les filles et femmes sont proactives en matière de cohésion sociale et de résolution des conflits par le biais des dialogues permanents et inclusifs. »
Le projet rentrant dans le cadre de la responsabilité partagée avec le Ministère de l’Intérieur via le projet « Renforcement des mécanismes locaux de prévention et de résolution des conflits au Burundi », Mme Ndacayisaba fera savoir que les domaines spécifiques d’intervention sont entre autres : la prévention et la résolution des conflits, le dialogue communautaire des femmes et filles dans la communauté, et l’autonomisation des femmes.
Ainsi, les femmes « actrices de la paix et de dialogue », sont dans toutes les provinces du pays. Elles avoisinent 534 à travers tout le pays, et au niveau des collines, les femmes membres des noyaux de base sont à plus de 15 000 issues de 220 associations opérant dans le domaine de la valorisation et la promotion des droits de la femme et leur autonomisation. Dans la mairie de Bujumbura, où se trouve la grande majorité, 821 membres, dont 4 par zone, et 768 répartis dans les différents quartiers, veillent à la résolution des conflits. Ainsi, comme réalisations, chaque année, le réseau des femmes « Abakanguriramahoro » contribue à la résolution de 7 000 conflits dans la communauté.
Par les femmes et pour la communauté, et au nom de la paix
Elles étaient nombreuses à vouloir intervenir, à témoigner de leur quotidien : depuis les querelles au sein des ménages, les violences basées sur le genre, les mariages illégaux, l’autonomisation des femmes rurales via les activités génératrices de revenu, la participation de la femme dans les instances de prise de décision, le rôle des femmes dans la résolution des conflits consécutifs aux crises socio-politique qui ont secoué le pays, la sécurité communautaire, jusqu’au développement intégral, tous ces thèmes ont été débattus, en rappelant toujours l’importance de la femme dans le pays : plus de 52% de la population burundaise.
« Il faut qu’on ait des résultats quantifiables et palpables. Oui, nous avons des résultats déjà atteints. Certes, les femmes actrices de paix ont résolu des conflits, mais à quel taux ? Sommes-nous déjà au sommet ? Si non où réside le problème ? Que faut-il ajouter pour arriver à la satisfaction ? », a questionné l’assemblée, Joséphine Ndimira, coordinatrice du projet.
Elle venait de lancer le bal. De Musaga à Kinama, en passant par Kanyosha, les maux de la société ont toujours inclus la femme. Elle a toujours été la première victime, d’où l’intérêt de prendre les devants dans la résolution des conflits, d’abord pour son propre intérêt, puis celui de la nation. Pour Caritas Nininahazwe « actrice de paix et de dialogue » à Kanyosha, en mairie de Bujumbura : « Afin que la femme puisse pleinement jouer son rôle, il faut lui accorder plus de confiance. »
Malgré les difficultés liées au rabaissement, elle, et ses amies de bataille, ne sont pas pour autant rester les bras croisés à l’égard des situations précaires à Kanyosha : « Nous avons toujours travaillé en bonne concertation avec l’administration locale. Par exemple, Il y avait beaucoup de mariages illégaux dans notre quartier. Nous avons pris les devants pour combattre ce phénomène, tout en passant par des dialogues entre les couples concernés. »
Du coté des « actrices de paix et de dialogue» de Gihosha, elles ont pris la stratégie de sensibiliser les citoyens avec du théâtre interactif, ainsi que l’approche participative via des échanges inclusives : « A l’exemple de la lutte contre les drogues qui faisaient rage au quartier de Gikungu, nous avons rassemblé une foule au marché communément appelé Kuk’abasazi, pour pointer du doigt les dangers autour des drogues. La grande majorité a été touchée et des interactions ont fait l’objet d’un bon débat. Un des fruits, le marché s’appelle désormais Kuk’amahoro », félicitera une d’entre elles.
Quant à la participation de la femme dans les instances de prises de décision, la coordinatrice du projet, Joséphine Ndimira, insistera sur la représentation et la présence effective de la femme durant la période électorale en approche : « Nous avons besoin des femmes leaders à tous les niveaux de prise de décision. Pour y arriver, les femmes doivent se faire élire, et surtout porter devant celles qui ont le calibre, la personnalité et l’humanité, pour satisfaire les besoins de la communauté. » Et de persister sur la redevabilité de l’autorité institutionnelle, la collaboration avec les autres associations sans but lucratif, la police, … pour arriver aux fins visées.
Se ralliant à la bonne cause du projet, Révérien Habarugira, du Ministère de l’Intérieur, ayant pris part à l’atelier, aura le plaisir d’annoncer que les communes dont les femmes assurent le leadership sont les mieux cotés dans le domaine, citant notamment la commune Bugendana avec une note de 80%.