Avec l’invasion de la pandémie, ceux qui exercent dans les domaines de transport et du tourisme se retrouvent dans le désarroi, leurs activités quotidiennes paralysées. Des salaires revus à la baisse, des contrats résiliés, une économie à l’agonie …
Depuis que la Covid-19 est dans nos murs, de tas de choses ont changé. Des mesures pour atténuer les risques liés à la circulation des biens et des personnes ont été prises par le Gouvernement, en l’occurrence la fermeture des frontières, la suspension des voyages jugés moins urgents, la suspension de tous les vols internationaux, la suspension de toutes les missions officielles internationales, … Tout cela a occasionné la perturbation des activités quotidiennes des populations.
Au niveau de la PAF [Police de l’Air et des Frontières], les demandes des documents de voyage ont sensiblement diminué. Selon Générose Ngendabanka, la patronne de cette institution policière, la suspension des voyages a occasionné la baisse de demande des documents de voyage comme les passeports, les laissez-passer, etc.
Les agences de voyage durement affectées
Tout comme les passagers, les agences de voyage routiers se plaignent. Placide Bucensenge, distributeur des tickets au sein de l’agence de voyage MayFair-Kampala sise au marché « chez Sion », indique qu’actuellement, cette agence transporte les passagers à peine une fois la semaine, alors qu’avant la pandémie, la navette était de 3 fois la semaine.
La même galère s’observe auprès des agences de voyage aériens. La majorité d’entre elles ont mis les clés sous les verrous avec la fermeture de l’Aéroport International Melchior Ndadaye. « Cela va faire plus de 6 mois que nous ne travaillons pas. Il n’y a pas de passagers, donc pas de services à rendre », se lamente Carine, agent dans une agence aérienne à Bujumbura.
Et le transport au niveau des frontières fermées ?
A la frontière Kanyaru haut, le transport est perturbé. Plus de taxis-voitures qui sortent, ou qui entrent. « Avant la Covid-19, une quarantaine de voitures, surtout les probox, circulaient, transportant les voyageurs transfrontaliers. Actuellement, la situation est simplement lamentable. Aujourd’hui, il ne reste que moins de 5 voitures qui font le transport des quelques petits boutiquiers par jour. » Indique Mossi Ramazani, chauffeur de taxi sur le tronçon Kanyaru-Kayanza-Ngozi.
Ainsi, ces transporteurs enregistrent de grandes pertes. « Le manque à gagner dépasse légèrement 30.000 BIF par jour. Par simple calcul, mensuellement, la perte avoisine le million pour chaque transporteur. C’est énorme comme manque à gagner. » Toujours au nord du pays, à Kobero de la province Muyinga, le traffic est surveillé de très près au niveau de la frontière. Les passagers qui rentrent au pays sont transportés par deux grands bus, les mercredis et vendredis. Ensuite, ces bus déposent les passagers au bureau où sont faits les tests de la Covid-19, pour après continuer le voyage, une fois les tests terminés.
Au sud du pays, comme en témoigne un transporteur, le port de Kabonga de la province Makamba accueillait au minimum 5 bateaux par semaine avant la crise. Avec la fermeture des frontières, ce port voit accoster, au plus, un bateau par semaine. À la frontière de Banda de Kabonga, aucun véhicule ne traverse plus cette frontière vers Kagunga en Tanzanie. Avant la fermeture, tous les mercredis, au moins, 8 véhicules amenaient du poisson sec, des matelas, du sel, du ciment, … « Aujourd’hui, même les dockers ont changé de métier et se sont mués en agriculteurs pour ne pas mourir de faim. » Indique la source. Et à la frontière Mugina à Mabanda, aucun véhicule ne traverse la frontière. Par conséquent, le parking Mabanda-Mugina est presque vide. Les marchandises commandées en Tanzanie s’échangent sur la frontière, et les véhicules ne traversent plus la frontière, de même que les passagers.
A l’ouest du pays, le mouvement de personnes et des biens au niveau de la frontière Ruhwa-Rwanda-RDC est également perturbé : aucun véhicule en provenance des pays voisins ne passe sur cette frontière depuis le mois de mars. La frontière est fermée. Les activités transfrontalières sont paralysées.
Qu’en est-il du tourisme ?
Comme partout à travers le monde, lieux touristiques du Burundi, également victimes de la pandémie. A titre illustratif, les eaux thermales de Ruhwa et le lac Dogodogo de la province Cibitoke. Ces lieux fréquemment visités avant la Covid-19, selon Elysée Nsengiyumva, employé province, collecteur des frais de visite, le mouvement est ralenti. Avant la Covid-19, en moyenne, 50 Burundais rendaient visite cette station par jour.
Quant aux touristes étrangers, évidement, ils sont plus rares. Toujours selon Elysée, avant, la collecte avoisinait 300.000 Fbu par mois, mais pour le moment, rares sont les cas où ils parviennent à percevoir 100.000 Fbu, quand par personne visiteuse, le coût est de 1.000 Fbu aux locaux, et 5.000 Fbu aux étrangers.
Cap au centre du pays, à Gitega, où, suite à la Covid19, l’effectif des visiteurs du Musée national de Gitega a fortement diminué. En 2019, avec le droit d’entrée fixé à de 500 à 2.000 Fbu pour les nationaux, tandis que pour les étrangers, il varie de 2.000 à et 5,000 Fbu, le musée a enregistré plus de 2.500 visiteurs nationaux et 148 étrangers. Mais, depuis avril jusqu’en octobre 2020, il n’a reçu que 14 étrangers et 164 nationaux. Et au niveau du parc naturel de la Ruvubu, Marc Bakundintwari, chef de la réserve, affirme que les visiteurs ont diminué jusqu’à 45%.
