Si leur disponibilité est frappante au Burundi, leur accessibilité est une autre histoire. Recommandés constamment par des nutritionnistes et médecins, consommer des fruits devient de plus en plus un privilège consacré à une certaine classe.
Mangez au moins cinq fruits par jour ! Cette phrase nous l’avons certainement lu et entendu une centaine de fois. Et si les étalages remplis de fruits dans différents marchés de Bujumbura nous font croire qu’on peut s’en régaler, le prix des agrumes rappelle la dure réalité du faible pouvoir d’achat de la population burundaise.
Prunes de japons, pastèques, noix de coco, bananes mûres, maracuja, avocats, pommes, pour ne citer que cela, occupent tout un quartier au marché de chez Siyoni. L’affluence de la clientèle est toutefois maigre. Les vendeurs semblent s’y avoir habitués. « Les gens viennent à compte-goutte », reconnait une vendeuse de pastèques.
Des pastèques en provenance de la Tanzanie, tient-elle à préciser. Elles s’achètent entre 7.000 et 10.000 Fbu. Un prix à faire fuir un citoyen lambda. « La production locale de pastèque n’est pas régulière, on préfère s’approvisionner ailleurs. » Une pastèque cultivée localement pouvant heureusement s’acheter à 3.000 ou 4.000 Fbu.
Une clientèle aisée
Ces gens qui, à compte-goutte, achètent les fruits, les vendeurs les connaissent déjà. Des restaurateurs, des hôteliers, des expatriés, des personnes cherchant des fruits pour leurs malades ou leurs enfants. Plus loin, dans le même marché, une dame confirme leurs dires. Dans un uniforme strict, son boulot est de faire des achats pour son restaurant situé en centre-ville. Jus, salade de fruit, dessert sont proposés à sa clientèle.
Elle n’appréhende pas le prix. « De toutes les façons, les fruits ne peuvent en aucun manquer et le restaurant enregistre toujours un bénéfice ». Une Congolaise en vacances, achetant des provisions pour sa famille, affirmera que contrairement à son pays, les fruits se vendent à moins cher au Burundi.
Produire des menus uniquement à base de fruits est devenu pour certains lieux huppés de Bujumbura une spécialité qui attire une clientèle sélective. Des smoothies et jus aux différents mixages sont proposés à une clientèle à la recherche d’une boisson équilibrée, saine et détox. Des breuvages nommés par des noms saugrenus. On y perd son latin. Les prix de ces cocktails, variant entre parfois 6.000 Fbu et 10.000 Fbu, ne sont pas destinés à Monsieur/Madame Tout-Le-Monde.
Des fruits sur mesure
Des vendeurs de rue facilitent la consommation. Elles sillonnent des quartiers populaires et centre-ville pour vendre des morceaux d’ananas épluchés et des bananes mûres qui sont par pièce. Le prix pouvant varier entre 100Fbu et 200 Fbu. D’autres boutiquiers par contre ont mis la barre plus haute.
Chez eux, il faut acheter les fruits par kg sinon rien. Ainsi pour acheter 1kg de petites bananes mûres, il faudra débourser 3.000 Fbu pour les petites bananes et 1.500 Fbu pour les grandes.