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Réalisée au sein de deux hôpitaux de troisième référence, l’étude portait sur l’évaluation du rôle de l’éducation thérapeutique et nutritionnelle chez les patients hypertendus. Les résultats obtenus ne sont guère reluisants.
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Comme solution, l’étude avance la proposition d’un encadrement soutenu des patients au sortir de ce qui apparaît comme un exercice d’évaluation des performances des structures de soins dans la prise en charge de la cinquième cause de décès au Burundi (Direction du Système National d’Information Sanitaire, 2014).
S’étendant sur une période de six mois, juin à décembre 2018, l’étude a couvert 120 cas de patients hospitalisés dans les services de médecine interne à l’Hôpital Militaire de Kamenge et l’Hôpital Prince Régent Charles suite aux complications de l’hypertension artérielle. 89, 2 % parmi les patients avaient plus de 40 ans, et 55,8 % étaient de sexe féminin. Et les résultats de l’étude de conclure à « un manque criant d’éducation thérapeutique et nutritionnelle chez les patients hypertendus ».
Des résultats alarmants
Pour l’éducation thérapeutique, l’étude a principalement évalué trois éléments. Il s’agit de l’observance au traitement, le contrôle de la tension artérielle ainsi que la régularité des activités physiques. Résultat : à peine 20% des patients interrogés observaient le traitement de manière stricte, seul 1,7% possédait un tensiomètre à domicile et se prenait quotidiennement la tension alors que pas plus de 19,5 % faisaient une consultation de prise de tension au moins une fois par semaine. Mais pour l’auteure de l’étude, Dr Arlène Akimana, la surprise aura été le peu de patients qui pratiquent une activité physique régulière : seulement 12,5%. En même temps, selon la jeune docteure, « le problème n’est pas que burundais. La notion de régularité de l’activité physique reste incomprise dans plusieurs pays. Les gens confondent l’activité physique avec certaines activités du quotidien exigeantes en effort ».
???? 0,6 médecin pour 10.000 habitants (la norme @WHO: 1 médecin pour 10.000), couverture vaccinale nationale à 94% (la norme OMS: 90 %)… Le #Burundi est bien parti pour honorer le rendez-vous de 2030 en matière de CSU (Couverture Universelle de Santé) https://t.co/4hCX9ufVw5 pic.twitter.com/ohtETygMMN
— Jimbere (@JimbereMag) April 15, 2019
Sur le plan nutritionnel, l’étude a évalué les connaissances et les pratiques en rapport avec les aliments recommandés et non-recommandés pour les patients hypertendus artériels. Elle révèle une dissociation. Alors que 63,3% prétendaient connaître les aliments recommandés, que 63% confirmaient la consommation des aliments sans sel et que 35,7% affirmaient l’importance des fruits et légumes, seuls 21,7% consomment les fruits, 36,7% le sel, 94,2% les aliments gras, 77,5% les aliments sucrés, 77,5% l’alcool et 35,8 % le tabac.
Que retenir de l’étude ?
Pour Dr Akimana, la grande leçon qu’elle tire des résultats de cette étude est le manque d’encadrement des patients hypertendus. « Ils ne sont pas informés et te le disent au cours des entretiens. Peut-être qu’il faudrait penser à la création d’un centre spécialisé pour la prise en charge de l’hypertension artérielle comme il en existe un pour le diabète ». Elle attire l’attention sur un autre résultat inattendu qui requiert une prise en charge multidisciplinaire : le nombre de patients soumis au stress permanent dont les chiffres atteignent les 95%. Les facteurs mis en cause : la famille (37,7%), le travail (36,8%), la pauvreté (15,8%), et la maladie (9,6%).
Lors du dernier congrès de l’Association Burundaise des Spécialités Médicales (ABSM), le vendredi 21 mai, où l’étude de Dr Akimana a été présenté, le Dr Marc Nimburanira, directeur général de l’Hôpital Militaire de Kamenge, une des structures de soins où l’étude a été conduite, a reconnu que l’étude a le mérite d’avoir permis à son établissement de s’évaluer sur la qualité de l’éducation prodiguée aux patients souffrant de l’hypertension artérielle. Il n’a pas manqué de souligner la nécessité d’une étude ultérieure pour évaluer les progrès réalisés suite aux leçons tirées.
