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SaCoDe: « Et si on exonérait l’importation des serviettes hygiéniques au Burundi? »

Des représentants du gouvernement et d’ONGs tant locales qu’internationales étaient conviés ce vendredi 6 juin à une soirée de gala organisée par la SaCoDé. Objectif : détecter d’éventuels marchés pour la vente de la serviette hygiénique « Agateka ». Mais plus qu’un coup de marketing, c’était l’occasion de conscientiser les différents acteurs de la vie du pays sur les conditions difficiles dans lesquelles vivent les filles et femmes burundaise en milieu rural, quand il s’agit de gérer les menstruations 

Les invités de la soirée se sont rendus compte de la pertinence de la situation avec notamment les témoignages recueillis dans un documentaire, projeté pour l’occasion: «Avant que SaCoDé ne m’offre la serviette lavable et réutilisable, j’utilisais les morceaux des vieilles pagnes de maman, et parfois des vieilles chaussettes. Il arrivait même que des fois je manque de quoi utiliser. Jamais je n’avais eu de serviette hygiénique digne de nom », expliquait une des jeunes filles qui a bénéficié d’Agateka.

Au Dr Jocelyne Nsanzerugeze, assistante du ministre ayant en charge la Santé Publique, de faire remarquer la gravité de la situation: «A côté des échecs scolaires occasionnés par les absences répétitives en cours, pouvant même conduire à des abandons scolaires, les infections et irritations génitales qu’éprouvent nos concitoyennes, s’ajoute un sentiment de honte et de perte d’estime qui les limite dans leurs projets et épanouissement personnel ».

« L’action louable de SaCoDé »

C’est donc dans le but de venir en aide aux filles et femmes que SaCoDé a confectionné Agateka, une serviette lavable et réutilisable pouvant servir pendant 5 ans, a indiqué Françoise Nibizi, fondatrice et directrice de l’organisation: « 5 ans après le début de notre combat, nous enregistrons un bilan satisfaisant : sur les 150.000 jeunes filles en milieu scolaire ne pouvant pas s’offrir une serviette, aujourd’hui 22.370 n’ont plus ce problème. 83% d’elles nous ont confirmé qu’elles ne s’absentent plus en classe. Les 17% sèchent les cours à cause des douleurs pour les unes, et les infrastructures scolaires qui ne facilitent pas de se changer, pour les autres ».

À écouter les témoignages écœurants des jeunes filles qui bénéficient désormais de la serviette hygiénique, et voir la joie qui se lit sur leurs visages lorsqu’elles remercient SaCoDé pour l’action, l’assistance s’est sentie interpellée à donner un coup de main pour que chaque fille et femme au Burundi puisse avoir une serviette pendant leur période de menstruation.

Des promesses pour l’exonération de « Agateka »

S’inspirant de la réponse apportée à la même question par les pays comme la France, le Kenya et l’Inde, qui ont suspendu la taxation des serviettes hygiéniques, deux élues, Jeanne Marie Ntagahoraho et Gaudence Ntirandekura, présents lors de l’évenement, ont promis de plaider pour l’exonération de toute taxe lors de l’importation des serviettes hygiéniques. 

Compte tenu de l’importance de la serviette hygiénique dans la vie d’une femme et le grand nombre de celles-ci qui ne peuvent pas s’en offrir, pour Juma Ndereye, directeur du PNSR (Programme National de Santé de la Reproduction), « l’exonération seule ne suffit pas. Un débat national s’impose pour analyser toutes les dimensions de la complexité de la situation afin de lui apporter une réponse solide et durable. »

Sans toutefois décaler du point de vue du directeur du PNSR, Dismas Harimeshi, secrétaire exécutif au sein du CNAC (Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs du Burundi), a tenté de donner une voix de sortie : « Quand nous sensibilisions les femmes rurales sur leur visibilité dans les organes de prise de décisions, elles nous parlent entre autre de leur incapacité à se procurer les serviettes régulièrement. Nous leur avons fourni la serviette Agateka mais les avons aussi rassemblés dans des groupements d’entraide mutuelle dans le but de leur apprendre à créer des activités génératrices de revenus afin qu’elles puissent satisfaire leurs besoins primaires. »

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