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La lutte contre les VBG au Burundi: une préoccupation des lauréats de Nivuge 2023

Alors qu’ils venaient de décrocher la première édition du Concours d’éloquence sur les droits de l’enfant « Nivuge », quatre lauréats étaient en direct ce 26/11/2023 dans les studios de la Radio scolaire Nderagakura. Objectif: exprimer leur préoccupation sur la recrudescence des cas de viols, surtout à l’encontre des enfants. Une introspection quant à la lutte contre les VBG au Burundi…

Inquiétés par les cas de viol commis ces derniers jours, les duos Oriane Iribuka et Divin Ribéry Ninganze de l’Ecole SOS de Muyinga (lauréate de Nivuge), ainsi que Tulipe Dushime et Don Chris Niyonkuru du Lycée du Saint-Esprit ont voulu savoir « pourquoi parfois l’opinion n’est pas informée sur l’avancement des enquêtes ou du sort des coupables de ces délits. »

Invité dans cette émission comme chercheur en droits de l’enfant et porte-parole du Ministère en charge de la sécurité publique, le Lt-Colonel de police Pierre Nkurikiye a tenu à éclairer sur certains points: « Bien que les instances juridictionnelles gèrent aujourd’hui une pléthore de dossiers et qu’elles doivent suivre des procédures légales pour le traitement de ces cas, les enquêtes autour de ces actes ignobles – notamment le cas de Kelsey Iteriteka (5 ans) violée et assassinée à Buterere – sont en cours et les accusés sont en état d’arrestation. La décision de rendre publique l’état d’avancement de ces dossiers émane des responsables de ces juridictions. »

Le Lt-Col Pierre Nkurikiye, doctorant à l’Université du Burundi

S’appuyant sur l’actualité, l’échange entre ces élèves et l’autorité ministérielle sur les ondes de la Radio scolaire Nderagakura était en écho à la mission du concours Nivuge, celle de permettre aux enfants même d’être des voix sur les enjeux de la protection des droits de l’enfant.

SUIVRE EN KIRUNDI | Synergie des médias sur la situation des droits de l’enfant au Burundi

Contre le règlement à l’amiable des cas de viol

L’élève Tulipe Dushime s’inscrira particulièrement en faux contre le règlement à l’amiable et non devant la justice des cas de viols à l’encontre des enfants. L’adolescente de 15 ans déplorera que « des mineurs soient contraints de se marier avec leurs agresseurs pour couvrir le délit de viol ».

Le Colonel Nkurikiye approuvera, soulignant que l’arrangement à l’amiable est à décourager car favorisant l’impunité en faisant échapper l’auteur du viol à la justice: « La réglementation en matière de la répression contre les viols prévoit des sanctions contre ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans ce règlement à l’amiable. Si la victime est une mineure et qu’elle a été contrainte de se marier avec son agresseur, les auteurs de ces infractions sont doublement sanctionnés pour complicité aux viols et le délit de mariage précoce à l’endroit d’une mineure. »

Et d’éclairer : « Si l’accusé d’un cas de viol a 15 ans au maximum, il sera poursuivi en justice et une fois reconnu coupable, il ne bénéficiera que d’une réduction de la peine normalement réservée aux adultes condamnés pour le même délit. Les centres de rééducation de mineurs en conflit avec la loi sont leur lieu d’incarcération. »

Quid de la prévention des cas de viols à l’encontre des enfants ?

Chercheur en droits de l’enfant, le Col Nkurikiye recommande aux familles de s’impliquer davantage dans la prévention des cas de viol: « Il est important d’instaurer tôt un climat d’ouverture, de confiance et de discussion par rapport à la sexualité. La prévention de la violence sexuelle passe inévitablement par l’éducation à des relations saines et égalitaires entre les filles et les garçons. Les parents doivent prendre les devants dans cette lutte en discutant dès le bas âge avec leurs enfants sur les violences basées sur le genre », souligne-t-il. Tâche qui n’est pas des plus aisées dans le contexte, très conservateur, de la culture burundaise.

En outre, les cadres sociaux où se retrouvent souvent les enfants devraient selon lui contribuer dans la sensibilisation contre les VBG: « Un enfant bien informé peut ne pas tomber dans le piège ou dénoncer sans peur les avancées d’un agresseur. Autour des discussions, les enfants peuvent partager ensemble des expériences et les meilleurs gestes à poser », conclut-il.

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