Au Burundi, parler de sexualité entre parents et adolescents reste tabou. Par conséquent, ces jeunes-adolescents manquent d’informations fiables et adoptent des comportements à risque.
« J’ai entendu pour la première fois le mot sexualité à l’école auprès de mes amis. Même aujourd’hui, je n’ose jamais demander à mes parents comment fonctionne le préservatif », témoigne Larry Girukwishaka, un jeune de Bujumbura. Pour combler son déficit de connaissance dans ce domaine, il doit recourir aux tutoriels sur YouTube. « Je regarde parfois des vidéos explicatives sur YouTube. Malgré cela, je sens toujours que j’ai encore des choses à apprendre pour dissiper tous les doutes que j’ai sur certaines informations en rapport avec la sexualité. » poursuit-il. Il n’est pas le seul. D’autres jeunes-adolescents affirment être incapables de confier leurs vies sexuelles à leurs parents car ils ne parlent jamais de sexualité chez eux. Tous comme Larry, ils se rabattent sur les conseils de la toile. L’internet est devenu une jungle où pullulent des informations vraies comme fausses. Dans leur quête de renseignement en rapport avec la sexualité, et ne pouvant pas démêler le vrai du faux, les jeunes sont souvent déroutés.
La notion de sexualité est différemment perçue par les jeunes adolescents burundais. Pour la plupart , sexualité rime toujours avec rapports sexuels. C’est le cas de Benitsa Kentia, élève au Lycée Notre Dame de Rohero. Selon elle, la sexualité est tout rapport sexuel entre un homme et une femme. Quant à son camarade Béni Stéphane, elle correspond à la période de puberté là ou s’opère les changements physiques.
Dialoguer avec son enfant est un devoir de chaque parent
Selon Dr Venantie Sabiraguha du centre de santé/Amis des jeunes de Buterere I, la sexualité est l’ensemble des phénomènes liés au sexe. A commencer par le désir d’être reconnu en tant que tel dans une société et comprendre certains changements physiques et sentimentaux. Pour ce, ces jeunes doivent être suivis dès la période pubertaire « Nous donnons des conseils et accompagnons les jeunes de 15 à 24 ans. Nous leur expliquons les comportements à adopter et les encourageons à en parler avec leurs parents ».
Dr Venantie estime que , grâce au dialogue, l’enfant se sent sécuriser et peut échapper au pire. « Souvent, il a peur de s’exprimer. Raison pour laquelle nous disposons des séances de moralisation sur les techniques d’approche parentale. Sans oublier, un rappel aux parents sur les devoirs et obligations envers leurs enfants » explique t elle.
En 2017, l’enquête de l’UNFPA soulignait que sur 100 filles de 15 à 19 ans, 8 étaient enceintes ou avaient un enfant. D’où l’importance de leur fournir des informations fiables sur la sexualité.