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[Synergie des médias] Variole du singe : comment le Burundi y fait face ?

Variole du singe au Burundi : l’hydre d’une épidémie méprisée

L’alerte de la monkeypox ne semble éveiller aucun écho chez l’opinion. Pourtant, le mal est là et ne cesse de se propager à vue d’œil

Quatre semaines après l’annonce officielle de l’apparition du virus Mpox au Burundi, c’est le statu quo ante. Dans les lieux publics, le respect des gestes barrières est le cadet des soucis. Des gens manifestent une indifférence totale. Accolades, bises, etc restent à la mode.  « C’est l’expression d’un sentiment de proximité et de bien-être mutuel, on ne peut pas s’en passer. Même du temps de la Covid-19, on se saluait chaleureusement », réagit un jeune homme dans un bar au quartier Muyaga, zone Gihosha.

« Parfois, j’ignore que cette épidémie est dans nos murs puisqu’aucune mesure concrète y relative n’a été prise et suivie sur le terrain par les autorités compétentes pour limiter les risques de contamination », s’indigne un passager qui fait la queue au niveau du parking des bus se trouvant près de l’ex marché central de Bujumbura.

Sur place, aucun dispositif de lavage des mains. Rares sont les établissements qui en possèdent devant le vestibule. Au marché comme à l’église, principaux lieux de rassemblement, les citadins n’ont pas changé d’attitude : pas de distanciation sociale observée, ni interdiction de contact pour salutations ou embrassades. « Ici, au marché dit ‘de Cotebu’, personne n’oblige les commerçants ou les clients à se laver les mains à l’entrée. Chacun y va de sa manière et aucune sensibilisation n’a été faite à ce propos. Il semble que cette épidémie est négligée », déplore un vendeur des vêtements de seconde main.

Aucune mesure barrière en vue…

Devant plusieurs magasins, marchés, hôpitaux et bureaux des institutions publiques et privées de la mairie de Bujumbura, il n’y a pas de dispositifs de lavage de mains depuis l’annonce de la maladie. Des rassemblements continuent dans plusieurs endroits de la capitale économique.

La pénurie de carburant, occasionnant le manque de bus aggrave la situation. Les gens sont serrés sur les files d’attente devant différents parkings presque vides. « Lorsque nous voyons un bus venir, nous nous précipitons pour y entrer. Pour occuper le moindre espace inoccupé, nous devons nous entasser, nous serrer dans les rangées », confie un autre passager. Cela, estime-t-il, sape les efforts de distanciation physique pour se prévenir de cette maladie.

Le constant est le même sur les lieux communément appelés « Bata », « Kiosque Coca-Cola » et « Idéal », le respect des mesures barrières est ignoré. La rigueur n’est plus la même que lors de la période du COVID-19.

Au boulevard du Prince Louis Rwagasore vers le centre-ville, les dispositifs de lavage des mains sont présents devant quelques pharmacies seulement. Quant aux galeries, peu d’entre elles en disposent.

Même constat dans des lieux d’affluence par excellence

Devant certaines entrées du marché de Cotebu, dans la zone Ngagara s’observent des dispositifs de lavage des mains pour se prévenir de la variole du singe. Mais, devant d’autres, il n’y en a pas. Des commerçants et des gens fréquentant ce marché sont inquiets.  « Ce n’est pas facile, chacun entre comme il veut sans se laver les mains. Il n’y pas de forte sensibilisation. Il devrait y avoir quelqu’un  à l’entrée pour obliger les entrants à se laver. Des gens se saluent comme si de rien n’était. Nous n’avons pas de l’eau pour se laver ».

Dans la ville de Gitega, rare sont les lieux qui ont des dispositifs de lavage des mains pour combattre la variole de singe. Certains directeurs des écoles promettent de sensibiliser les élèves et le personnel dès la prochaine rentrée scolaire pour qu’ils appliquent toutes les mesures prises par le ministère de la santé publique dans le combat contre cette maladie. 

« Nous sommes préparés à mettre en pratique toutes les dispositions prises par le ministère pour nous protéger contre cette maladie. Nous savons que les élèves, quand ils viendront de leurs vacances, auront besoin de s’embrasser, se saluer en se serrant les mains. Nous sommes prêts à leur donner des instructions nécessaires afin d’éviter tout contact et mettre en place le dispositif de lavage des mains », indique abbé Simon Nzigirabarya, directeur du lycée notre dame de la sagesse.

Même lecture chez frère Deus Bigirimana, directeur du lycée de Gitega. Il déplore néanmoins d’un grand problème de coupures répétitives et prolongées d’eau de la Regideso et demande à cette entreprise de songer à approvisionner en permanence l’eau aux écoles à régime d’internat.  Une situation se remarque dans plusieurs écoles à Gitega.

Même situation  devant ce marché. Les mesures de prévention ne sont pas respectées. « Cette épidémie risque de faire des ravages. L’ampleur de cette maladie devrait interpeler tout un chacun », indique un convoyeur au parking de Cotebu. 

La pénurie d’eau en remet une couche

La situation se présente ainsi au moment où des robinets sont à sec depuis plusieurs jours. Du coup, au niveau de certains quartiers de la Mairie de Bujumbura, l’hygiène laisse à désirer. Dans ce contexte actuel, difficile de se laver régulièrement les mains au savon et à l’eau propre. « Il nous manque l’eau potable pour assurer le lavage des mains des clients, car elle nous coûte très cher. On doit payer les services de transport pour un prix de 1.000 Fbu par bidon rempli d’eau », regrette un serveur travaillant dans un resto de Bwiza.

Même dans certains ménages, la situation est quasi similaire. L’insalubrité y règne en maître. Avec la pénurie d’eau potable, se laver régulièrement les mains est loin d’être une priorité : « C’est tellement inquiétant surtout pour les enfants qui passent toute une journée en dehors de la maison et rentrent alors qu’il n’y a aucune goutte d’eau dans le robinet », se lamente Mireille*, habitant à Kanyosha.

Cette préoccupation est partagée par le cadre d’expression des malades au Burundi (Cemabu). Sylvain Habanabakize, son porte-parole, appelle le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour disponibiliser l’eau potable dans toutes les zones afin de limiter la propagation à grande échelle de la variole du singe.

En outre, cet acteur de la société civile invite la population à respecter les gestes barrières telles que la distanciation sociale, le lavage régulier des mains à l’eau ou grâce aux produits désinfectants, dans la mesure du possible.

Nécessité de prévenir

Du côté du Conseil national des églises du Burundi (CNEB), Sylvestre Bizimana, le secrétaire général exhorte surtout les responsables des confessions religieuses à servir d’exemple pour leurs fidèles dans la lutte contre cette épidémie, en adoptant des mesures préventives par des actions concrètes de sensibilisation et de disponibiliser des kits de nettoyage des mains dans les lieux de culte, comme était le cas lors de la période de la pandémie du Covid-19.

Cela étant, la Mairie de Bujumbura avait sorti un communiqué le 31 juillet dernier invitant les citadins à observer les mesures barrières et aux responsables de différentes structures publiques que privées de veiller surtout à mettre en place un dispositif de lavage des mains, tout en veillant à ce que ces derniers soient utilisés par tous.

Lors du lancement officiel des travaux de réhabilitation et extension de l’aéroport international melchior Ndadaye, ce mardi 27 août, le Président de la république a appelé au respect des mesures de prévention. « Je vais insister sur l’hygiène pour combattre l’épidémie de variole du singe. Les Burundais doivent se lever. Vous vous souvenez de comment nous avons combattu la pandémie de la covid-19. Nous l’avons vaincue. Est-ce cette petite chose va nos vaincre ? Tout se base sur l’hygiène. Je vous demande de vous sensibiliser les uns des autres sur les pratiques d’hygiène. Commençons à s’abstenir de se toucher jusqu’à ce que cette épidémie disparaisse ». Pour lui, avec la volonté et la détermination, dans un mois, elle peut être vaincue.

Le Président Ndayishimiye  a déploré le faible engagement de certains.  « Vous attendez que les gens meurent ? Si nous n’acceptons pas les conseils, nous allons assumer les conséquences. Il faut nous sensibiliser les uns des autres pour combattre ce fléau dans un laps de temps. La situation deviendra normale. Sin on a réussi à vaincre la Covid-19, on n’échouera pas avec la variole du singe ».

Adiel Bashirahishize & Jérémie Misago.

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