Mpox : un niveau d’alerte toujours à la traîne
Il s’observe une sorte de laxisme dans la lutte contre la variole du singe alors qu’elle est dangereuse. Les mesures barrières semblent être le cadet des soucis de la plupart des Burundais.
« Jusqu’à hier soir (mercredi), nous avions déjà un cumul de 171 cas positifs confirmés, dont 137 encore actifs dans au moins 26 des 49 districts sanitaires que compte notre pays », a indiqué à l’Agence France de Presse, le porte-parole du ministère de la Santé, Polycarpe Ndayikeza. « Jusqu’à présent, il n’y a eu aucun cas de décès du mpox au Burundi », a-t-il ajouté.
Parmi ces chiffres, 45,3 % sont des femmes. Les enfants et les adolescents de moins de 20 ans constituent près de 60 % des cas détectés, les enfants de moins de 5 ans représentant 21 % des cas.
Malgré la panique provoquée par cette épidémie hautement contagieuse ailleurs, la communication autour de cette maladie au Burundi n’est pas intense. Et la maladie reste méconnue par le grand public. « Au début, mon enfant me disait qu’il avait des maux de tête intenses, avec une température élevée. Pendant la nuit, il criait tout en disant qu’il avait des problèmes au niveau de la gorge. Il ne pouvait même pas boire de l’eau », confie un père dont l’enfant est alité dans un hôpital de Bujumbura depuis deux semaines.
Lorsqu’il a été atteint par cette maladie, se souvient ce Père de famille, il pensait que son fils souffrait du paludisme : « A la maison, il n’y avait pas de distanciation. Nous partagions aussi la nourriture sur une même assiette. Mon enfant avait une température élevée. Il restait à la maison, il lançait des cris d’alarme. A ce que j’ai pu constater, cette maladie est dangereuse. »
« Nous nous sommes confiés au centre de santé. On nous a donné des médicaments, mais en vain. Plus il prenait des médicaments, plus les irruptions cutanées se gonflaient », ajoute-t-il.
C’est ainsi, indique ce père de cinq enfants qu’il l’a amené à l’hôpital : « Après avoir fait des dépistages, les médecins ont trouvé qu’il souffrait de la maladie de la variole du singe. Ils ont commencé à le soigner. Ça fait deux semaines qu’il est à l’hôpital et je trouve qu’il y a une évolution. »
Une maladie visiblement ignorée par le grand public
A part ces personnes confrontées directement à la maladie, la plupart semble l’ignorer « Je ne comprends pas de quoi il s’agit. C’est la première fois que j’entends cette maladie. L’administration devrait faire circuler des véhicules avec des haut-parleurs pour alerter les gens sinon on va mourir », fait savoir une passagère croisée devant l’ancien marché central de Bujumbura.
Il y a ceux qui considèrent que les responsables habilités à lutter contre la propagation de la variole du singe sont trop laxistes ces derniers temps alors que l’ennemi invisible, insaisissable rôde et progresse. « Moins on est rigoureux, plus le risque est grand de voir l’épidémie se propager à une très grande vitesse », fait observer un infirmier.
En marge d’une réunion avec les responsables administratifs et sanitaires en Mairie de Bujumbura, ce 31 juillet 2024, Jimmy Hatungimana, maire de la ville, a appelé les citadins à la vigilance. Il a recommandé que de se laver les mains, se saluer sans se serrer la main et éviter tout contact avec une personne présentant les signes de la variole du singe.
Il a également annoncé que chaque ménage doit avoir un dispositif de lavage de main à l’entrée afin de permettre de se laver les mains régulièrement. Depuis, la situation reste inchangée. Là où Iwacu a pu passer, rares sont les ménages qui ont ces dispositifs à l’entrée.
Jérémie Misago.