Depuis un certain temps, Marc détenteur d’une boucherie-charcuterie dans le centre-ville de Bujumbura ne cesse de se plaindre que sa clientèle ne fait que baisser. Il ne cesse de maudire Kamenge car la perte de ses clients serait dû à un plat fétiche : Akabenzi. A-t-il raison ? On a voulu savoir …
Après qu’on ai rencontré Paul au fitness, ou qu’il nous ait raconté sa galère après la Saint-Valentin, voilà qu’aujourd’hui, il est au centre d’une situation plus ou moins inquiétante. Car les allégations à la charge de Kamenge sont lourdes : de Gasekebuye en passant par Kinanira, Rohero, Kiriri, ou encore Mutanga, Carama n’en parlons même pas, les parents ne cessent de se plaindre : les enfants ne mangent plus la viande de la maison et ne veulent plus sortir avec eux. Ils ne jurent que par « Akabenzi ». Pire, leurs maris sont aussi introuvables surtout les soirées du week-end. La faute à Kamenge, un fait plutôt étrange. « C’est inacceptable, c’est une prise d’otages pure et simple », dira Marc, mais ce qu’il est loin d’imaginer c’est que Kamenge ne compte pas abdiquer.
Direction Kamenge …
On s’y est rendu. Et sans surprise on y a rencontré notre cher ami Paul en compagnie d’une flopée d’amis qu’il a visiblement invités pour s’essayer à son plat préféré. Quelques détails pour planter le décor : nous sommes au fameux « Kuri 11 », la circulation est névralgique, automobilistes, piétons et motards se bousculent pour se frayer le passage. D’un côté ou de l’autre de la ruelle, des carcasses de porcs suspendus sur la charpente des bars émerveillent la vue, la fumée des brochettes qui meurent sur le brasero alourdit l’atmosphère, et donne l’envie de la renifler, l’odeur est intense. Bref, dans ce « QG » de la bonne carne, le joyau Kamengais, « Akabenzi », trône en roi.
Et si tu veux savoir où l’égalité règne en maitresse au Burundi, c’est bel et bien « Kuri 11 ». Entre Sieur X D.G dans je ne sais quel cabinet, dont le véhicule dernier cri est stationné aux abords de la route, et Bucumi commerçant ambulant, Kamenge ne fait pas de distinction. Chacun attend son tour comme le moment de l’eucharistie à l’église. Bon, Avançons !
Pour ceux qui n’ont pas encore gouté aux délices du plat, écoutez Paul prêcher ː « Akabenzi, mon Dieu, vous avez dit haram ? Ces vertus sont multiples, rien que son odeur te fait remplir l’eau dans la bouche. Ne me parle pas de ces pizzas au jambon frais, de ces côtelettes grasses accompagnées aux crêperies salaces, etc. Rien n’égale un bon porc cuit au four jusqu’à la dernière goutte assaisonnée des oignons, du cube Maggi, et du citron. Rien absolument rien. Et tout cela à un prix bien abordable ».
Vous savez quoi ? Après ce discours inspiré de Paul, nous aussi avons fini par goutter, et vraiment ce n’est pas mal que ça. Miam-miam !