Il ne manquait plus que le covid-19 soit dans nos murs pour que l’érudition de Paul soit mise au service de tous. Tout-à-coup comme par magie, Paul est devenu le tout nouveau Hippocrate.
C’est clair, c’est net, c’est même définitif : Paul ne cessera jamais de faire parler de lui. Marée haute, marée basse, qu’il fasse bon temps ou que tout soit à l’arrêt (ou presque) comme ces jours-ci où le coronavirus fait des ravages dans le monde, Passer inaperçu pour Paul, « subutu » diraient nos amis swahiliphones ! Cette fois-ci il s’improvise expert virologue, épidémiologiste, journaliste… la liste n’est même pas exhaustive, Aïe, Seigneur Jésus de Nazareth !
A l’aube avant que le coq chante, il est déjà là, ses messages inondent les groupes WhatsApp. Diagnostiques, traitements, prévisions, informations exclusives … auxquels il n’oublie jamais de mentionner, « Max de partages s’il vous plait ! » Mais qui est Paul pour qu’il en sache plus que les médecins eux-mêmes ?
Juma, son ami du quartier le loue un véritable culte. il assure bec et ongles que Paul est une véritable encyclopédie, ː « il connait tout sur ce virus et partage tout à la minute près. Il a les dernières informations, les dernières statistiques et ses connaissances en médecine sont tout simplement inouïes » et d’ajouter pieusementː « il a un bon cœur, il partage tout, il est admirable ».
Le sermon mortel, incohérent
Entre les simples gens qu’il terrasse avec des théories fabriquées de toutes pièces et dont l’adulation les poussent à le prendre au premier degré, des « intellectuels » qui se laissent embobinés par ses ragots, tous se frayent un chemin pour aller goûter à ses balivernes. Dans un premier temps, il affirmait que le coronavirus n’était qu’un bluff et qu’il n’atteindra jamais le Burundi. Il va revenir ensuite et dire que c’est la nature qui veut reprendre ses droits, que celle-ci prend une revanche sur les humains. « Nous allons tous périr comme des fourmis ».
Égrenant mensonges sur mensonges, il ne se gêne pas de prescrire à ses « patients » groupés devant lui en grappes, des remèdes qu’il tiendrait de son grand père et que certains vont prendre machinalement. « Si tu prends de l’ail, du thé de gingembre, une cuillère de miel chaque matin, le coronavirus ne sera qu’un mauvais souvenir, mieux tu ne l’attraperas point »
C’est quand on y pense vraiment qu’on constate qu’en temps de crise, une crise peut en cacher une autre, comme « l’infodémie » qui prête le flanc à la peur. Faisons attention aux informateurs interposés, sait-on jamais, des fois que l’érudition soit contagieuse.