Village Health Action a organisé, ce 21 novembre 2020, à l’hôtel chandelier, un atelier sur la sensibilisation et le plaidoyer en faveur de la santé mentale. Une occasion d’appeler à l’intégration efficace des soins de santé mentale dans les soins de santé primaires.
« Le but de rassembler les professionnels soignants, psychiatres et psychologues est de réfléchir sur le fardeau que les troubles mentaux font peser sur les personnes et les familles touchées ainsi que des solutions pour y faire face », a lancé, d’entrée de jeu, Dr Pacifique Irakoze, vice-président de l’association Village Health Action. Bien plus, soulignera plus tard le Dr Angélus Nindereye, psychiatre, présent à l’atelier, la santé mentale va de pair avec la santé physique, la première pouvant influencer la deuxième et vice versa.
Mille et une raisons de plaider pour la santé mentale
Les problèmes mentaux sont, au Burundi comme en Afrique, pris avec négligence et souvent pour les guérir, les familles recourent aux féticheurs ou aux maisons de prière. L’Afrique compte à elle seule 15 des 30 premiers pays dans le monde qui enregistrent plus de suicides pour 100 mille personnes. La dépression est la plus courante des troubles mentaux et réduit de 12 à 15 ans l’espérance de vie des personnes atteintes.
Au Burundi, le budget alloué à la santé mentale est de 0,43% du budget total, depuis 2008. Même constant concernant les hôpitaux spécialisés dans la prestation des soins de la santé mentale. Le pays ne compte que trois centres neuropsychiatriques (Bujumbura, Gitega et Ngozi) alors que 4 personnes sur 10 présentent des troubles mentaux, selon une enquête sur la santé mentale réalisée par le ministère de la santé en 2019 sur 3.000 ménages de Bujumbura mairie, Ngozi, Gitega et Rumonge.
De plus, mener une sensibilisation en faveur de la santé mentale revient à combattre la stigmatisation envers les malades mentaux et surtout les femmes qui, sous le poids de la pression de la société et le rabaissement dont elles souffrent, sont plus exposées à la dépression que les hommes.
Prévenir et guérir, deux possibilités
« Tout ce qui cause les troubles mentaux est exogène à la santé psychologique de l’individu », affirme Alexis Ndayizeye, psychologue spécialisé dans les études de la parentalité. Selon lui, la santé mentale est tout ce qui touche l’esprit et bien entendu l’état émotionnel des parents affecte la santé mentale de leur enfant. D’où la nécessité pour les parents de maintenir toujours les bonnes relations entre eux pour garantir à l’enfant une santé mentale saine avant même sa conception.
Dans les pays pauvres, 85% des personnes atteintes de troubles mentaux ne sont pas soignées. Pour réduire ce taux, Dr Angélus appelle à l’intégration des soins de santé mentale dans les soins de santé primaire. Cette intégration nécessite un investissement supplémentaire en ressources financières et humaines qui, en retour, permettra de prester les soins de santé mentale et la santé physique, à la fois et dans de structure de soins de santé proches à la population : les centres de santé et les dispensaires.