Le capital minimum à l’ouverture d’un bureau de change « trop élevé », l’obligatoire d’adhésion à une association de changeurs, l’approvisionnement en devises… Ce sont, entre autres, les grandes inquiétudes évoquées par les anciens cambistes dans une rencontre qui les a réunis avec la Banque de la République du Burundi (BRB), le 18 novembre dernier, au Centre Guilgal en mairie de Bujumbura.
Et si la banque centrale voulait écarter les individus à capitaux moyens de la profession de changeurs ? C’est du moins une des hypothèses formulées par certains futurs cambistes convoqués à la rencontre avec la BRB. Ceux-ci jugent trop élevé le capital minimum de 500 millions de Fbu, désormais exigé pour ouvrir un bureau de change.
Pour eux, cela va à l’encontre de la volonté du Président de la République d’inciter les citoyens à multiplier la richesse. Que nenni !, affirme Ferdinand Nsabimana, directeur des opérations a la BRB. Pour lui, le métier de changeur doit être une noble profession, et ceux qui veulent se lancer doivent se préparer suffisamment. « Si le capital est élevé, ceux disposant du capital insuffisant n’ont qu’à s’associer entre eux. S’associer ou former des coopératives, c’est ça, plutôt, la volonté du Président », a-t -il indiqué.
De l’approvisionnement en devises
Dans la salle, les questions fusaient de partout. Quid de l’approvisionnement des devises ? Est-ce que la BRB va alimenter les nouveaux bureaux de change en devises ? Sinon, sur quelle base va-t-elle croire que les bureaux de change fonctionnent alors que le produit à mettre sur le marché n’est pas donné ? Les anciens cambistes estiment qu’il faudrait que la banque centrale leur débourse au moins l’équivalent de 2 à 3 millions de dollars par semaine pour alimenter le marché.
« Les anciens dans ce métier savent mieux comment s’organiser pour avoir les devises à vendre. Vous n’êtes pas des enfants. Même pendant la fermeture, il y en a qui continuaient à le faire clandestinement. Sinon, c’est une question sur laquelle on pourra discuter. Et le mieux, pour répondre à de telles préoccupations, c’est de réclamer en tant qu’association et non individuellement», a répondu le directeur des opérations à la BRB.
La détermination du cours de change
Quant au gap observé entre le cours de change officiel et celui pratiqué par les bureaux de change, M. Nsabimana fait savoir que son institution va donner les orientations d’achat et de vente de devises. Il faudra alors que les changeurs s’y conforment.
Lors de la fermeture des bureaux de change, la BRB avait confié l’activité de change aux banques commerciales. Loin de traduire l’échec de ces dernières, la réouverture des bureaux de change est, selon la BRB, une réponse à maintes doléances qui ont été adressées par nombreuses personnes, y compris les anciens cambistes.
« Par ailleurs, le métier de change de devises constitue un des habituels services offerts par les banques commerciales. La seule différence est que ces banques commerciales ont eu une dérogation d’effectuer les opérations de change avec même ceux qui ne détiennent pas de comptes chez elles », indique M. Nsabimana.
A quand la réouverture des bureaux de change ?
Pour l’heure, rien n’empêche la réouverture effective des bureaux de change. Il suffit que les intéressés amènent les dossiers de demande d’agrément. Tout dossier complet doit être analysé et validé dans un délai ne dépassant pas 30 jours. D’après M. Nsabimana, quiconque aura un dossier remplissant toutes conditions, validé alors par la BRB, aura immédiatement le droit d’ouvrir son établissement de change.
Le nombre de personnes qui ont manifesté l’intérêt de devenir changeurs en s’inscrivant à la liste de la BRB avoisine les 400 individus. Jusqu’en février 2022, à la dernière fermeture, les bureaux de change agréés par la BRB étaient au nombre de 56.
Les principales modifications sur la réglementation de change au Burundi
– Le capital social minimal passe de 100 millions de Fbu à 500 millions Fbu pour les nationaux et est fixé à 400.000 USD pour les étrangers.
– La caution passe de 10 millions de Fbu à 50 millions de Fbu pour les nationaux et est fixée à 40.000 USD pour les étrangers.
– Tout changeur devra présenter à la BRB un document portant étude de faisabilité et de rentabilité de son bureau de change.
– Tout changeur devra adhérer à une association de changeurs endéans 30 jours après agrément.