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Mauvaise récolte 2021-2022 : les agriculteurs épinglent la FOMI

Paul Ntwengerabandya, cultivateur de tomates de Murambi à Buganda en province Cibitoke a reçu 20 sacs de fumier sur 27 commandés/DR

Au cours de l’année culturale 2021-2022, les récoltes de la saison culturale B n’ont pas été bonnes dans les provinces de Cibitoke et Kayanza. Les agriculteurs amputent cette mauvaise moisson au retard et insuffisance des fertilisants de l’usine « Fertilisants Organo-Minéraux Industries » (FOMI).

Paul Ntwengerabandya, cultivateur de Murambi à Buganda en province Cibitoke, raconte sa mésaventure :« Pour la saison B, j’avais commandé 27 sacs de fumier Totahaza de 25 kg chacune, mais je n’ai reçu que 20 sacs. Le reste est arrivé tard. J‘ai enregistré des pertes considérables et la production n’a pas été du tout satisfaisante par rapport aux autres saisons » Regrets partagés avec les agriculteurs de la coopérative « Abajamugambi » de la commune Rugombo. « Moi, j’avais demandé 70 sacs pour la saison C. Le jour de la distribution, ils m’ont donné que 27 kg. Ceci me perturbe beaucoup aujourd’hui car je dois quémander le fumier manquant chez mes amis en attendant que FOMI me livre la totalité. » se lamente Eric Mpawenayo, l’un des riziculteurs de cette coopérative.

En effet, la société FOMI est l’unique producteur et pourvoyeur de fertilisants au Burundi depuis 2020. Le cycle de distribution est conçu de telle sorte qu’à chaque début de saison les cultivateurs reçoivent le fumier Totahaza, Bagara et Imbura. Sur terrain, c’est une autre réalité. Pour la clôture de la saison C de l’année 2021-2022, des jetons non consommés ont été remis à la direction de la FOMI pour une prochaine distribution lors de l’année culturale 2022-2023.

Edmond Uwobikundiye, le chargé de production agricole en province Cibitoke

Une flambée des prix inquiétante

« Jamais, on n’avait enregistré des prix si exorbitants. Un kg de riz s’achète à 2.400 Fbu voire même plus. C’est un signe d’une faible récolte des cultures vivrières en cette période de clôture de la saison culturale C », précise Edmond Uwobikundiye, le chargé de production agricole en province Cibitoke. Il explique que le retard des intrants agricoles fait mal aux cultivateurs : pour la saison culturale B, seulement 2 tonnes de maïs par hectare ont été récoltées contre 3,5 tonnes pour l’année dernière. Pour le riz, 4,8 tonnes alors que la production avait atteint les 5,5 tonnes auparavant. Pour éviter les soucis liés au retard des engrais, les cultivateurs de Kayanza double leur commande en engrais.  « Pour la saison C, les commandes étaient énormes. Nous avons visité leurs champs et avons constaté que la quantité demandée ne coïncidait nullement aux aires à cultiver. Ils achètent du fumier pour le stockage de peur que les prix montent d’un moment à l’autre. » fait savoir Thomas Bukuru, Président de la coopérative « Cocode Ntusigwe » et point focal chargé de la distribution des fertilisants FOMI.

L’extension de l’usine Fomi, la bonne solution  

Interrogé sur ces problématiques, Ir Helménégilde Manyange, Directeur Général adjoint de la FOMI, affirme que les demandes réelles par saison excèdent les prévisions fournies par l’Etat d’où les difficultés de les satisfaire toutes. « Par exemple pour la saison C, les commandes avoisinaient les 24 000 tonnes alors que les prévisions étaient autour de 8.000 tonnes. », indique-t-il. Les chiffres révèlent que 62% des commandes de fumier de la saison C sont concentrés principalement dans les provinces de Kayanza, Cibitoke, Bubanza, et Bujumbura dont 82% sont constitués du fertilisant Totahaza.

Pour Adélin Niyonsaba, Directeur provincial de l’agriculture et élevage (DPEAE) à Kayanza, l’augmentation des commandes est une bonne chose. « Même si la qualité de ces fertilisants est encore à améliorer, ceci montre que la population enregistre des bons rendements productifs à chaque utilisation des fertilisants. » annonce-t-il.

 Ntunzwenimana Patrice, chef des services d’encadrement des coopératives agricoles à Cibitoke, estime qu’une augmentation de la production de la FOMI et un inventaire sur le nombre des cultivateurs et des terres arables burundais seraient des solutions à envisager. Les agriculteurs, quant à eux, réclament un contrôle renforcé de distribution et la mise en place des agences de distribution permanentes.

Le Directeur général adjoint de la FOMI rassure. “Il est vrai que notre capacité de production reste inférieure à la demande, toutefois, nous procédons à l’extension de notre usine et d’ici 7 mois la problématique sera résolue »

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