Jimbere

Kirundi French
Economie

Lutte contre le chômage des jeunes : où en sommes-nous ?

Tenu du 15 au 16 septembre 2022 en commune Shombo à Karusi, le récent forum des jeunes a été une occasion d’évaluer le bilan des différents programmes du gouvernement visant l’autonomisation des jeunes. Malgré un tableau des résultats reluisants dépeints, force est de constater qu’ils ont toujours du pain sur la planche.

ABEJ, PAEEJ, FIGA, BIJE sont les institutions mises en place par le gouvernement afin de pallier le chômage au Burundi. Depuis 2010, l’Agence burundaise de l’emploi des jeunes (ABEJ) a facilité plus de 5.000 jeunes à bénéficier d’un stage de premier emploi. Selon Vital Niyungeko, directeur de l’ABEJ, parmi eux, 3.000 ont été formés sur la culture entrepreneuriale et 230 ont été embauchés après le stage. Créée entre autres pour appuyer la politique du Gouvernement en matière de décentralisation, de lutte contre la pauvreté des jeunes, de promotion de leur emploi et favoriser leur insertion professionnelle, cette agence semble donner un coup de pouce à ce grand chantier national au moment où le taux  de chômage des jeunes oscille entre 55,2% et 65,4% .     

Du côté du Programme National d’Autonomisation et de l’Emploi des Jeunes (PAEEJ), Prof. Désiré Manirakiza, coordinateur national se dit satisfait du bilan de son organisation. Une année après sa création, 866 projets de coopératives sont déjà encadrés par le PAEEJ. Parmi eux, 213 sont déjà financés et 653 autres sont en instance de financement. En outre, 375 projets classés dans la catégorie de petites et moyennes entreprises sont déjà retenus et en cours de financement. « Pour les projets des jeunes entrepreneurs à succès, 3 des 29 projets déposés en ligne sont déjà financés, les 26 qui restent sont en instance de financement », précise Désiré Manirakiza. En termes de formations et renforcement des capacités, 18.609 jeunes dont 8.382 femmes et 10.222 hommes sont déjà formés. A noter également que 8.659 jeunes ont été sensibilisés sur le changement des mentalités. Cela étant, les prévisions du PAEEJ notent que d’ici 2025, 3.000 jeunes seront déjà formés, 50.000 jeunes sensibilisés sur le changement des mentalités, 6.000 projets de coopératives doivent être encadrés et financés, 1.000 petites et moyennes entreprises financées et 200 projets de jeunes entrepreneurs à succès financés.

Pour le cas du Fonds d’impulsion, de Garantie et d’Accompagnement (FIGA), le montant des crédits garantis déjà accordés aux projets des jeunes s’élève à plus de 2 milliards de Fbu. Le fonds de garantie dédié aux jeunes depuis sa création en 2021 jusqu’à fin août 2022 étant de 4 milliards de Fbu. Selon Olga Nyampundu, directrice du FIGA, 304 coopératives et 7 220 jeunes ont bénéficié de ces fonds. Parmi les bénéficiaires de ces crédits, 39% sont des femmes. Quant à l’accompagnement, elle indique que 103 jeunes dont 22 femmes ont bénéficié des séances d’accompagnement sur les techniques modernes d’élevage des poules, de porcs, de vaches et la pisciculture.  La Banque d’Investissement pour les Jeunes (BIJE), quant à elle, a déjà décaissé un montant de 2 milliards de Fbu dont plus de 1 milliard de Fbu dédiés à l’agriculture et 600 millions de Fbu dédiés à l’artisanat depuis 2020.

 Quid de la collaboration entre ces institutions ?

« Le FIGA facilite l’accès aux financements des projets des jeunes à travers les crédits octroyés par la BIJE. Une convention permettant l’accès au crédit à des conditions favorables a été signée entre le FIGA et la BIJE. C’est même la raison pour laquelle les jeunes bénéficient des crédits au taux de 7% (taux annuel, dégressif) au moment où les autres banques appliquent un taux pouvant même aller à 16%.Des descentes conjointes FIGA-BIJE pour le suivi- évaluation des projets financés sont régulièrement organisées », explique la responsable du FIGA.

Le FIGA assure également des services d’accompagnement aux jeunes bénéficiaires des crédits de la BIJE. Ceci se fait conjointement avec l’Agence Nationale de Promotion des Sociétés Coopératives au Burundi (ANACOOP), surtout pour les thématiques liées à la gestion administrative, comptable et financière d’une coopérative.  L’ANACOOP fait la régulation des sociétés coopératives et la collaboration en matière d’encadrement de ces coopératives. « S’il advient qu’il y ait des jeunes appuyés par l’ABEJ à travers des stages professionnels et qui mettent en place des PME ou coopératives, ils sont éligibles au financement de leurs projets à travers les crédits de la BIJE sous garantie du FIGA. Avec le PAEEJ, les bénéficiaires de crédits BIJE (garantis par le FIGA) peuvent bénéficier des séances d’accompagnement en élaboration des plans d’affaires des projets bancables. », fait savoir Olga Nyampundu.

Pour le processus de remboursement par les bénéficiaires des différents financements ou crédits, la directrice du FIGA en étroite collaboration avec la BIJE, indique que les crédits octroyés doivent être remboursés conformément aux clauses des conventions entre la BIJE et les jeunes bénéficiaires de crédits. Ainsi, des comptes de la BIJE ont été ouverts dans les livres de la COOPEC qui a des agences et guichets partout dans le pays. Un service de mobile banking est aussi en cours d’expérimentation pour faciliter les services d’épargne et crédit, sans faire de déplacement vers le siège de la BIJE à Gitega. « Avec les montants remboursés, le cycle de financement aux autres projets des jeunes reprend, et le nombre des bénéficiaires de crédits croît grâce à l’effet multiplicateur », souligne-t-elle.

Le PARCEM plaide pour un organe d’évaluation externe de ces projets

Pour Faustin Ndikumana, Président de l’organisation Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM), le programme d’autonomisation des jeunes a démarré sans qu’il y’ait une étude sur la situation de référence de la problématique d’emplois des jeunes. Et surtout ces projets semblent ne pas avoir des objectifs clairs, avec des résultats bien mentionnés, des indicateurs de ces résultats et le délai.  

En outre, ces projets ont démarré alors qu’on n’avait pas dessiné leur complémentarité dans l’exercice de leurs missions, et aussi analyser bien leur capacité institutionnelle. En ressources humaines par exemple l’expérience des gens qui ont été embauché dans ces institutions fait défaut.  « Il faut que ces institutions aient vraiment une forte capacité sinon les résultats seront quelque part biaisés », prévient Faustin Ndikumana

Le Président de la PARCEM fustige également l’absence d’un organe de régulation et d’évaluation externe qui devrait évaluer la complémentarité de ces institutions et voir si réellement ces institutions sont en train de réaliser leurs objectifs. « Il faut également qu’il y’ait un cadre de communication pour que les jeunes puissent être au courant des activités de ces institutions », ajoute-t-il.

Potentiellement, de telles initiatives peuvent contribuer à la croissance économique d’un pays, indique Faustin Ndikumana. Avec un climat d’affaires favorable, poursuit cet économiste de formation, ces activités peuvent créer un développement important sur le plan socio-économique. « Certes, elles peuvent participer à l’amélioration des revenus de ces initiateurs mais il faut que ces activités soient pérennes pour disponibiliser des produits et services sur le marché et de façon pérenne. C’est là où ça peut concrétiser la contribution au niveau de la croissance économique c’est-à-dire sur le PIB. Le gouvernement devrait être prudent pour que chaque étape de l’évolution du projet soit précédée par une étude minutieuse qui oriente, crée une trajectoire pour permettre une évaluation régulière et objective », analyse-t-il.

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top