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La Banque d’Investissement pour les Jeunes (BIJE) : solution pour réduire le chômage?

Ce mercredi 15 mars à Gitega, le Président de la République a procédé à l’inauguration officielle des activités de la BIJE. La banque a pour ambition la réduction du chômage chez les jeunes. Une initiative largement saluée. Mais qu’en pensent les concernés ?

Représentant 66% de toute la population selon le dernier Recensement général de la population (2008), les jeunes burundais ont désormais une banque dédiée au financement de leurs projets : taux d’intérêt favorable de 7% (alors qu’ailleurs, c’est entre 12 et 20 %), avec un capital social de 10 milliards de Fbu (avec une participation de l’Etat à hauteur de 15%, et les communes 85%, contribuant chacune 71 millions de Fbu chacune).

Ce qu’il faut savoir sur la BIJE

L’idée de cette banque date de 2016, lors du Forum national des jeunes. Elle avait ensuite été officiellement proposée par Evelyne Butoyi, ministre de la Jeunesse lors de la retraite du gouvernement de juillet 2017. « L’objectif principal de la banque est de réduire le chômage en aidant les jeunes à avoir et créer de l’emploi. Et sa mission est de contribuer au financement des projets de développement économiques initiés par les jeunes organisés en associations, en coopératives ou en entreprises de droit burundais », aura précisé la ministre lors de l’ouverture officielle de la banque.

Et qu’en disent les jeunes ?

« La jeunesse est un véritable moteur de développement économique mais dont le taux de chômage s’élève à plus de 65%. La création de cette banque vient à point nommé car elle fera participer désormais cette jeunesse désœuvrée à l’économie nationale », se réjouit Marlène Kaneza étudiante à l’Université Lumière de Bujumbura.
Le micro-trottoir que nous avons réalisé dans les rues de Bujumbura, nous a pourtant montré que bon nombre de jeunes n’ont pas connaissance de cette banque tandis que les rares qui sont mieux informés restent sceptiques quant à sa capacité de réduire le chômage endémique chez les jeunes.

O.N.J est un artiste, étudiant en communication. Il se pose lui aussi quelques questions ː « Dans son discours de circonstance lors de l’assemblée constitutive de la BIJE, le 2ème Vice-président de la République a assuré que la banque sera dévouée à la mise en valeur des talents de la jeunesse burundaise. Cela est problématique pour nous, les artistes: la banque aura-t-elle des techniciens capables de juger la crédibilité d’un projet artistique ou d’évaluer sa rentabilité ? Et qu’en est-il de ces jeunes qui veulent entreprendre dans des projets innovants, inédits au Burundi, jugés parfois non viables ? Auront-ils les mêmes chances d’accès aux crédits ? Comment vont-ils rembourser le crédit et l’intérêt réunis si leurs projets n’aboutissent pas ? »

En outre, le fait que les communes soient les principales actionnaires risque de poser quelques difficultés. T.M, en bon étudiant des Sciences de gestion et administration, se demande : « Quelle formule la banque va-t-elle utiliser pour couvrir toute l’étendue du pays ? Etant donné que toutes les communes ont contribué. Quelle sera la tranche d’âge concernée ? ».

« Si la banque n’a pas des agences dans toutes les provinces ça sera peine perdue, car malgré son taux attractif, peu de jeunes y auront accès. Par ailleurs, octroyer un crédit à un taux d’intérêt favorable à lui seul ne suffit pas. Il faut que la banque intègre aussi des programmes de formation à l’intention de la jeunesse sur la conception et la réalisation des projets, sinon on n’aura pas les résultats escomptés » d’après Georges Ndikumana, étudiant en Gestion et administration à la même université.

Armel Michel Ndayikeza, enseignant-chercheur en économie à l’université du Burundi lui y voit une bonne opportunité : « La création de cette banque constitue un vrai boost pour l’entrepreneuriat des jeunes, dans le sens où celle-ci sera plus proche d’eux et pourra s’intéresser aux problématiques qui leurs sont propres. Ce qui n’est pas toujours le cas dans les autres banques. Néanmoins, cela risque de créer des problèmes au cas où les jeunes n’arriveraient pas à rembourser les crédits, surtout qu’ils n’auront pas proposé assez de garanties. L’Etat se retrouverait dans l’obligation de se porter garant de ces crédits, ce qui ne serait qu’un transfert de risques et donc synonyme de faillite. Cela s’est produit notamment en Algérie où la politique des prêts massifs s’est révélée être un échec dû surtout au manque de suivi dans la mise en exécution des projets après l’octroi des crédits ».

A suivre …

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