Diplômée en sciences de la Santé, elle embrassera plutôt dès son plus jeune âge la carrière de journaliste. Mais la passion qu’elle éprouve pour l’entrepreneuriat vert finira par l’emporter. A travers Hyacinth Art House, cette entrepreneure écologiste exploite la jacinthe d’eau du lac Tanganyika et l’affaire profite tant aux humains qu’à l’aquatique. L’année 2022 s’est révélée décisive…

L’idée de Kathia de transformer la jacinthe d’eau en objets d’art pour le décor, la mode et le multiusage (vases, arrangeurs de bureaux, paniers…) date d’il y a environ deux ans. En 2021, elle pose les premières bases de son entreprise Hyacinth Art House grâce, notamment, à une enveloppe de 2,5 millions de Fbu et un local de travail lui prêté dans les enceintes du Cercle hippique de Bujumbura. Elle vient alors de remporter la “Boss Lady Challenge”, une compétition de femmes entrepreneures organisée par la compagnie de télécoms EconetLeo.
En 2022, âgée alors de 26 ans, elle cherche essentiellement à mieux orienter son business par des formations, la participation dans d’autres compétitions des entrepreneurs, une série d’entretiens avec d’autres jeunes entrepreneurs, la publicité de son entreprise, etc. Pour la jeune native de Gitega, 2022 constitue une année de réengagement pour booster son entreprise.
Quitter un bon job pour aller se battre
«Suite aux interactions et réactions d’appréciation sur les publications des médias locaux et internationaux comme TV5Monde, j’ai pris la décision de chercher à tout prix une formule qui puisse me permettre de s’adonner corps et âme à l’éradication de cette mauvaise plante. Histoire de faire aussi grandir mon entreprise», raconte Kathia.
En effet, à travers les publications médiatiques, Kathia a non seulement eu des commandes de l’extérieur comme du Mali, Bénin, Canada… Possibilité également de vendre son savoir-faire à l’étranger. A travers des messages directs, dit-elle, certains lecteurs de l’Afrique de l’Ouest lui ont soumis des demandes de formation sur la manière dont ils pourraient, eux aussi, transformer la jacinthe qui menace les lacs de chez eux.
Pour s’investir totalement, Kathia a rompu volontiers, en octobre 2022, un bon contrat de travail. «La jacinthe se multiplie si vite que les 5 tonnes qu’on a pu arracher au cours de l’année sont insignifiantes. On doit également s’impliquer à fond pour que les 140 femmes artisanes et 7 jeunes avec qui on travaille puissent en tirer un profit considérable. Voire même en embaucher d’autres», explique-t-elle.
Une championne confirmée

Après l’expérience de “Boss Lady Challenge”, Kathia n’a pas hésité à recourir de nouveau à la participation dans des concours d’entrepreneurs pour la poursuite de son projet. En outre, «à part la possibilité de décrocher des prix pouvant constituer le capital de base dans de tels concours, les programmes d’accompagnement et le réseautage qui y sont souvent annexés sont très utiles », souligne-t-elle.
C’est ainsi qu’elle participera notamment dans le camp “Dare to Try” organisé par Akeza Iwacu, la compétition “Women in Africa” où elle a été la 10ème, le concours “Innovation Week” dans lequel elle finira en 3ème position et enfin, l’AWA Prize, une compétition de femmes entrepreneures organisée par l’Agence belge pour le développement (Enabel) dans 16 pays africains partenaires.
Dans cette dernière compétition, elle décrochera le prix du vote du public, avec tous les avantages que cela implique. A savoir un accompagnement de toute une année, après un séjour de réseautage et de développement personnel durant sept jours à Bruxelles.
2023 pour Hyacinth Art House ? « Je veux que ce soit une année d’implantation effective de l’entreprise », souhaite Kathia. Et ce, à travers différentes activités relatives à la restauration du lac Tanganyika, la production d’objets d’art selon un catalogue de 15 collections de produits déjà préétabli, l’autonomisation des femmes et jeunes associés à l’entreprise, et la réalisation de campagnes de sensibilisation sur la conservation de la nature: « Quand on aura éliminé toute la jacinthe du Tanganyika, ce qui n’est pas envisageable dans un terme aussi court, ce sera le début de l’expansion. D’autres lacs comme Kagera, Victoria…sont également menacés. Pourquoi pas une solution d’une Burundaise à leur secours ? »
Kathia, l’ambitieuse…
