Ce 5 décembre 2024, le projet d’appui pour une gestion responsable et intégré des sols (PAGRIS) exécuté par IFDC-Burundi, en collaboration avec TWITEZIMBERE Asbl et Wageningen University, célèbre la Journée Internationale de la fertilité des sols.
PAGRIS met en œuvre une approche d’action participative basée sur un engagement communautaire dans la planification et la mise en œuvre des pratiques de gestion des sols. Le projet couvre 7 provinces sur 18 que connait le Burundi. Cette approche diffère des approches qu’a connu le Burundi, qui sont, soit coercitive ou soit incitative.
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image.png)
Cet article montre que le suivi des réalisations au cours des 3 dernières années sur certaines de ces pratiques à savoir la mise en œuvre des fossés antiérosifs (FAE), la végétalisation par des herbes fourragères et l’agroforesterie permet d’orienter les communautés. Le piquetage des courbes de niveau permet de comprendre le niveau d’engagement des communautés dans la prise en main des activités de restauration de la fertilité. On remarque en effet que 74,8 % des sols piquetés par les communautés ont été protégés par des FAE). Les FAE devraient être végétalisés, cependant, la végétalisation ne couvre que 74, 2 % des sols protégés par ces fossés.
Le plan d’un site mise en place par les communautés est fait de 4 outils principaux à savoir l’image (dessin) de la situation de départ et de la situation future souhaitée, le fiche de l’analyse FFOM (Force, Faiblesse, Opportunités, Menaces), le plan global pour 3 ans et le plan d’action annuel.
En comparant la mise en œuvre des pratiques de restauration de la fertilité des sols à travers la réduction des pertes en terre, nous avons remarqué que les résultats sont plus importants dans la deuxième tranche de l’année. Le nombre de sites a passé de 215 (en 2021) à 540 (en 2022), ce qui a permis de doubler les résultats dans les 3 dernières années.
En termes d’appropriation et d’engagement de la communauté aux activités de mise en œuvre des plans d’aménagement des sites ; et en comparant les données du 2nd semestre 2022 (juillet à décembre 2022) et celles de la fin du projet (juin 2024), il est remarquable qu’il y a eu une augmentation du nombre de participants à ces activités car le taux de participation est passé de 23,41% à 40,20% grâce à la collaboration entre le projet et les administratifs & services techniques.
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-16.png)
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-17.png)
Focus sur les systèmes agroforestiers exploités par les ménages du projet PAGRIS
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-3.png)
La protection et la restauration de la fertilité des sols et la gestion des eaux par les pratiques agricoles en utilisant les arbres agro forestiers est l’une des solutions durables, écologiques et économiques que le projet PAGRIS a utilisé pour appuyer les communautés agricoles de sa zone d’intervention. Sept espèces (Grevillea robusta, Calliandra calothyrsus, Maesopsis eminii, Eucalyptus grandis, Cassia siamea, Cedrela serrulata et Markhamia lutea) ont été multipliées à travers des pépinières communautaires planifiées et mise en œuvre par les membres de 755 sites de restauration de la fertilité des sols appuyés par le projet.
Cette façon de multiplier les arbres agroforestiers a permis l’appropriation des techniques de production des arbres agroforestiers dans le but de protéger et de restaurer la fertilité des sols. Cependant d’autres effets ont été révélés par une étude de l’impact des systèmes agroforestiers sur l’écologie et l’environnement dont le rafraichissement de l’air et la biodiversité.
Apprendre de l’impact des systèmes agroforestiers
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-4.png)
L’étude socio-économique qui repose sur des réponses données par les bénéficiaires sur l’impact des systèmes agro-forestiers a montré que les 5 systèmes agroforestiers développés dans la zone d’action du projet PAGRIS ont un impact significatif sur l’environnement et l’écologie des exploitations des micro-bassins-versants de la zone d’intervention du projet (Figure 4).
Les haies barrières ont un impact prépondérant sur la lutte anti érosive et la production d’une litière facilement décomposable que les autres systèmes identifiés dans la zone du projet PAGRIS. L’impact sur le rafraichissement est plus marqué en cas des arbres de bordures. L’impact sur l’accroissement de la biodiversité est beaucoup plus marqué avec les associations d’arbres et de plantes. Tous ces impacts ont des effets positifs au niveau économique et au niveau social.
La compréhension de l’agencement de ces arbres par les ménages montre en effet que le choix des espèces doit faire attention sur l’usage préféré par les communautés. L’arbre prend assez de temps pour sa croissance, il est crucial que les ménages comprennent comment il va se comporter à terme. Le recul de forestation en faveur des plantations agricoles fait suite à la surpopulation et au besoin d’avoir des terres cultivables et à la perte de la fertilité de la terre. L’agroforesterie s’est donc montrée comme une alternative efficace dans la zone PAGRIS pour couvrir les besoins en arbre dans les ménages burundais. Dans les jours à venir, un focus est à mettre sur la diversification des essences agroforestières et surtout autochtones qui résistent mieux aux changements climatiques.
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-21.png)
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/Legende-1.png)
La responsabilisation écologique et environnementale des communautés rurales en marche
Les principales contraintes auxquelles font face les terres burundaises sont la nature des sols avec un faible pouvoir de rétention, des sols majoritairement acides et relativement pauvres en carbone organique et en éléments nutritifs majeurs. La plupart du territoire se trouve en pente et subit des pertes en terre accentuées par une exploitation accrue des sols par des agriculteurs avec des mauvaises pratiques agricoles.
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/Figure-5.png)
Pour résoudre les problèmes de pertes de fertilité des sols, PAGRIS a fait recours à l’approche apprentissage participative. Cette approche appui les communautés à faire eux-mêmes un diagnostic des contraintes écologiques et environnementales qui affectent leurs productions, à planifier à moyen terme et à mettre en place des activités de façon participative en apprenant les uns des autres (Figure 5).
Cette approche communément appelé Planification Intégré Participative (PIP) se base sur des principes de motivation intrinsèque, de comportement responsable et de résilience. La planification participative aboutit à un engagement communautaire sur la mise en place des activités durables et qui ont un impact sur l’ensemble des sites. L’approche privilégie aussi l’implication des structures administratives et techniques au niveau local.
Impact de l’utilisation de la dolomie sur les sols burundais
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-9.png)
Les sols burundais ont des problèmes sérieux avec l’acidité des sols, en grande partie causé par les effets de l’érosion. Pour augmenter la production des sols, PAGRIS a investi dans les meilleurs pratiques qui permettent l’augmentation de la production rassemblées dans une approche appelée Gestion de la fertilité des sols. L’une de ces pratiques est l’utilisation de la dolomie pour la correction de l’acidité. La dolomie est une substance en grande quantité au Burundi. Son application permet d’ajouter une certaine quantité de calcium et de Magnésium suffisante pour corriger l’acidité. Le projet Dolomie a d’abord été cartographié la fertilité des sols de l’acidité (Figure 6)
La gestion intégrée de la fertilité des sols consiste à 3 aspects important : la protection des sols, la fertilisation et l’utilisation des bonnes pratiques agricoles pour rentabiliser les investissements en fertilisant. L’utilisation de la dolomie au niveau de PAGRIS a permis un changement de pH de plus ou moins une unité (Figure 7) sur les zones identifiées pour leur acidité intense. Ces zones bénéficient également d’autres appuis comme le renforcement sur la protection des sols (agroforesterie comprise). Cela a permis aussi l’augmentation de la production agricole.
La mesure continue sur des échantillons de sols a été mesurée et les résultats montrent un changement de pH qui tourne autour d’une unité. Cela a permis l’augmentation de la production significative pour le maïs et la pomme de terre.
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-10.png)
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-11.png)
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-12.png)
Figure 7 : Suivi de pH pendant 12 mois pour les sols de pH <4.5, 4.5-5 et 5-5.5
L’impact sur la production a été mesuré sur les cultures de pommes de terre et de mais pendant deux saisons culturales de deux années 2023 et 2024. Cet impact est comparé entre des échantillons de champs chaulés par rapport aux champs non chaulés. Elle tourne autour de 1.551 à 1.827 kg pour le maïs et 2.662 kg à 2.813 kg. (Figure 8).
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-13.png)
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2024/12/image-14.png)
.
![](https://www.jimberemag.org/wp-content/uploads/2021/05/NouveauLogoJimbere.jpg)