Une première historique pour le climat burundais, l’Initiative de la jeunesse pour le climat et le développement (IJCD) a réuni les forces vives du pays lors de sa toute première Conférence Nationale de la Jeunesse (LCOY). Plus qu’un carrefour d’idées, cet événement a permis de valider la Déclaration Nationale, le mandat officiel des jeunes burundais qui sera porté avec ambition à la COP 30.
Cet événement s’est tenu du 29 au 30 octobre 2025 à l’hôtel Matergo de Gitega, sous le haut patronage de Lydia Nsekera, ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. Organisée par l’initiative de la jeunesse pour le climat et le développement avec le soutien de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques à travers YOUNGO, son groupe officiel de la jeunesse, cette conférence avait pour objectif ultime de valider la déclaration de la jeunesse burundaise sur le climat qui sera présentée lors de la COP 30 au Brésil du 10 au 21 novembre 2025.

D’entrée de jeu, Jitimay Abischag, directrice de l’IJDC, a partagé la préoccupation de la jeunesse burundaise face aux impacts climatiques : “Le Burundi est l’un des pays les moins responsables des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et pourtant, nous sommes parmi les plus touchés par leurs conséquences : des saisons agricoles perturbées, des inondations, la perte de nos forêts et la souffrance silencieuse de milliers de familles. Face à cela, les jeunes du Burundi ont décidé d’agir !”
Profitant de la présence des autorités présentes, Jitimay Abischag a lancé un appel au soutien du gouvernement et des partenaires de développement pour la création d’une plateforme durable de la jeunesse engagée pour l’environnement.
De son côté, Lydia Nsekera a réitéré le soutien de son ministère pour transformer les défis climatiques en opportunités économiques, soulignant que la cellule du ministère ayant le sport de masse dans ses attributions va inclure la thématique environnementale dans ses missions.
Un atelier de co-création

À travers des panels d’experts, des témoignages et des échanges d’expérience, cette conférence a été une occasion cruciale d’explorer les opportunités que le Burundi devrait saisir en s’adaptant au changement climatique.
Ariane Nahimana, experte en climat au sein de l’UNICEF, a rappelé un avantage fondamental : “N’étant pas un pays fortement émetteur de gaz à effet de serre, le Burundi détient une chance de se développer sans détruire l’environnement, ce qui n’est pas le cas pour la plupart des pays.”
Pour Dieudonné Bwitonzi, fondateur et directeur de PLC Lab, une entreprise numérique spécialisée dans le développement web et de l’intelligence artificielle, l’entrepreneuriat numérique offre des solutions tangibles. Il souligne les opportunités dans l’agriculture : “Au moment où plus de 80 % de la population vit de l’agriculture, les applications mobiles peuvent être utilisées notamment dans la détection des maladies des plantes, la détermination du moment optimal d’application des vaccins, ainsi que l’utilisation de drones pour la gestion des cultures.
Quant à Bernice Gapgfasoni, experte en réduction des risques de catastrophes au sein de l’OIM, elle a mis l’accent sur les solutions basées sur la nature, comme la plantation d’arbres et de bambous. Ces actions peuvent protéger l’environnement tout en générant des revenus, notamment en formant les réfugiés à des métiers rentables.
Bientôt la voix des jeunes Burundais dans la COP 30
En marge de la LCOY, l’IJCD s’est engagée à porter la voix de la jeunesse burundaise au niveau de la COP 30. Les participants ont abouti à la validation de la déclaration de la jeunesse burundaise sur l’environnement. Cette déclaration s’articule autour des demandes principales qui seront adressées à cette conférence internationale sur le climat.
En effet, la jeunesse burundaise revendique, en premier lieu, le renforcement des systèmes d’alerte précoce accessibles à toutes les communautés. Par ailleurs, elle insiste sur la priorisation et l’intégration de la recherche locale dans les politiques publiques. De plus, elle exige que l’utilisation des financements climatiques soit consacrée à l’adaptation concrète, notamment via des infrastructures résilientes et la protection sociale. Enfin, et c’est un point crucial, la déclaration met l’accent sur deux éléments majeurs : l’inclusion effective et le soutien financier des jeunes dans les organes de décision et les projets climatiques, ainsi que la modernisation de l’agriculture, par des pratiques durables (telles que l’agroforesterie) et la promotion de la souveraineté alimentaire en limitant les importations.
D’après Orly Nishimwe, Field Manager au sein de l’IJCD, cette déclaration synthétise toutes les attentes de la jeunesse burundaise : « Nous avons lancé un sondage en ligne pour recueillir les revendications, mais également effectué des descentes sur terrain, notamment sur le site des déplacés internes de Gateri, pour nous enquérir des problèmes auxquels ils font face. »
D’après toujours M. Nishimwe, c’est ce cri d’alarme, enrichi par la réalité du terrain, qui sera porté à la COP 30, la Conférence de l’ONU sur le climat prévue du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, au Brésil. L’objectif est clair : interpeller directement les gouvernements et les partenaires pour qu’ils prennent des mesures radicales et conséquentes.
La pertinence est sans appel
Ce colloque se veut un espace inclusif et participatif où les jeunes réfléchissent et débattent autour des sujets environnementaux.
Nasra Irakoze, 20 ans et fondatrice d’Ikizinu Farm, une entreprise ambitieuse des filles musulmanes engagées dans la production du champignon comestible, rend compte : “Je ne savais pas que la protection de l’environnement s’étendait à tous les secteurs d’activité, au-delà du recyclage.” Cette étudiante appelle toute la jeunesse burundaise à changer de paradigmes pour garantir le bien-être des générations actuelles et futures.
Par ailleurs, au-delà des témoignages, de l’échange d’expériences dans le changement climatique et des réflexions, LECOY a été une occasion pour les jeunes entrepreneurs d’exposer les produits éco-verts fabriqués à base d’ordures : plastiques, jacinthe d’eau, etc. Un bel exemple concrèt d’innovation.




