Buja la belle. C’est on ne peut plus vrai, diront plus d’un, jusqu’à ce qu’ils tombent entre les mains des « fungakiwani ». Annie*, une jeune étudiante vivant dans la capitale, a été victime de ces génies du vol ce 09 septembre 2023. Témoignage.
C’est un matin frais, le ciel est grisonnant. Je longe ‘irya Gasekebuye’, me dirigeant vers l’arrêt bus, les écouteurs dans les oreilles. Soudain, un taxi de type Spacio s’arrête et le chauffeur m’interpelle. Il me demande si je vais en ville, et je lui demande à combien il compte m’y emmener.
Quand il me répond 500 Fbu, je ne suis nullement étonnée car ce n’est pas la première fois que je paye aussi peu pour un taxi. J’entre et je salue les occupants, deux autres hommes, un assis à côté du chauffeur et l’autre sur la banquette arrière.
Nous avançons et à un moment nous nous arrêtons car le gars à côté de moi a reconnu un ami. Celui-ci nous raconte alors que trois personnes sont recherchées pour s’être échappées en transportant de la drogue. Il nous dit que la police contrôle tous les passants à l’aide d’un détecteur de métaux, qu’elle fouille les téléphones pour pouvoir remonter jusqu’aux trois criminels, et que cela prend des heures pour pouvoir récupérer son portable. Il nous assure que si nous conservons nos appareils électroniques dans une enveloppe, nous échapperons au bip.
Les autres passagers conservent leurs téléphones dans des enveloppes qui se trouvent miraculeusement dans la boîte à gants de la voiture, et moi, la peur au ventre, je leur emboîte le pas. Le passager de devant me propose de fermer hermétiquement mon enveloppe pour moi, et moi, bêtement, je la lui tends. Il me la rend, et je l’enfonce dans mon sac à dos.
Arrivé à destination, les autres ne sortent pas, juste moi. Je paie ses 500 Fbu au chauffeur et je continue ma route. Dès que le bus vers Gihosha – je me rends à l’université – démarre, j’ouvre mon sac et en sors l’enveloppe. Et à la place de mon téléphone que je ne possédais que depuis trois mois, se trouve un vulgaire morceau de « gifuranguwo » (savon pour lavage).
*Annie, nom d’emprunt.
Comment éviter de se faire piéger ?
Annie conseille déjà de ne pas prendre les taxis qui demandent aussi peu d’argent. Mais si c’est fait, il faut rester sur ses gardes, éviter de croire aux histoires farfelues, ou bien poser des questions sur les points où vous voyez des zones d’ombres. Également, toujours s’asseoir sur la banquette arrière, pour éviter les cas de violence, ou bien à l’extrémité, s’il y a déjà d’autres occupants. « Et surtout, ne pas se fier aux apparences. Ces hommes avaient l’air de gens honnêtes, très polis et faisant bien la causette », insiste Annie.
Aussi, si vous vous sentez en danger, Annie suggère d’appeler à l’aide. Les gens accourront, et cela neutralisera les escrocs.
Et plus en général, car les formes d’escroquerie sont diverses, il est préférable d’éviter de rencontrer des étrangers qui vous contactent par téléphone et vous proposent un lieu de rendez-vous.
« Et pour les croyants, un petit tip : faites une courte prière, on ne sait jamais. Ne dit-on pas que les voies du Seigneur sont impénétrables ? »
