Au mois de décembre 2022, le Magazine Jimbere, en collaboration avec la radio Kazoza FM, a réalisé une série de quatre reportages vidéo dans les provinces de Kayanza et Gitega et quatre émissions interactives retransmises en direct sur la page Facebook de la radio. Objectif: revenir sur le rôle de la masculinité positive dans la promotion du leadership féminin en particulier, et le développement du Burundi en général
La masculinité positive se caractérise par cette perspective à travers laquelle les hommes s’engagent à soutenir l’égalité entre les hommes et les femmes, l’autonomisation des femmes et encourager ces dernières à participer aux instances de décision, rappelait aux auditeurs Olivier Makambira, de l’organisation ShareNet, lors de l’émission « Inkingi » de ce 23 décembre 2022. Ainsi «la femme leader d’une organisation ou d’une localité administrative pourra mener ses représentés vers des objectifs qui leur sont bénéfiques.»
Tout au long du mois de décembre 2022, l’action médiatique « Inkingi » aura participé à pousser des hommes à témoigner sur la capacité des femmes à participer au leadership. Par ce soutien se crée progressivement un discours social qui encourage les femmes à se présenter aux postes de décision et à haute responsabilité publique.
Pendant quatre semaines, les intervenants de ces émissions et reportages ont eu l’occasion d’échanger sur l’engagement des hommes pour l’égalité entre les hommes et les femmes dans la participation aux instances décisionnelles.
De la masculinité positive suit le leadership féminin
Marie Goreth, cheffe de la colline Kinga en province Kayanza pour un deuxième mandant, affirme bien s’entendre avec les citoyens. Elle y est parvenue grâce aux encouragements de son mari: « J’ai commencé par des participations à des réunions du centre de développement familial et communautaire. Par après, j’ai dirigé ce comité et appris la politique sociale. Je me suis dit : pourquoi ne pas viser le rôle de chef collinaire? Et puis ils m’ont choisie. A la fin du mandat, j’ai voulu tout arrêter. Mais mon mari n’a cessé de m’encourager et, pour la deuxième fois, j’ai été choisie pour diriger la colline», témoigne Marie Goreth.
Elle continue en assurant qu’elle vit en parfaite harmonie avec son conjoint: « Lorsque je suis occupée, je peux lui demander de m’épauler dans le suivi des activités champêtres. Mes enfants savent bien qu’ils doivent être responsables et faire leur devoir en attendant mon retour. »
Quant au professeur Joseph Mujiji, la société doit comprendre que la femme combiner engagement public et gestion du foyer: «Au lieu de dénigrer la femme leader, la communauté est appelée à la considérer comme un modèle», suggère-t-il lors de l’émission sur la bonne gestion des relations de la femme leader au foyer. «La représentation de la femme dans les instances de prise de décision reste conditionnée par la culture burundaise», rappellera Pierre Claver Nahimana, président du parti politique Frodebu.
Qu’en est-il de l’influence du partenaire ?
Encore aujourd’hui, certains hommes craignent l’accès de la femme à des responsabilités publiques: «Si ma femme vient me demander si elle peut postuler pour un poste de chef communal, c’est sûr que je refuserai catégoriquement», lance Bigirimana Dismas, un chef de famille, lors de l’émission Inkingi.
Et pour cause: «Je crains qu’elle ne change de comportement et devienne incontrôlable. Elle se croirait supérieure à moi.» Une peur partagée par d’autres hommes qui, culturellement, jugent insoumise une femme qui s’exprime publiquement.
Pour Jean Baptiste Niyongabo représentant de l’association Save Communities International, l’engagement de la femme à participer dans les instances de prise des décisions ne peut pas réussir sans le consentement et l’accompagnement du conjoint: «Le mari doit à tout prix soutenir sa femme et lui faire confiance. Il est vrai qu’elle peut être prise parfois par ses devoirs de leader. N’empêche qu’elle a un devoir d’épouse à remplir aussi.» Un avis partagé par Girukwishaka Donatienne, Directrice Générale du Genre au Ministère en charge de la Solidarité Nationale. Pour elle, l’époux doit réaliser qu’une fois sa femme élue à un tel poste, elle peut s’absenter pour un temps dans son foyer: il doit la comprendre et la soutenir.
