Spécialiste en sexologie, Raoul Remesha, aura su fortifier et redonner le sourire à pas mal de couples au bord de la rupture. Et cela, grâce à son dévouement à briser le tabou qui entoure la santé sexuelle et reproductive (SSR) au Burundi. Portrait.
Pendant qu’il poursuivait ses études universitaires à la Faculté de Psychologie clinique en 2018 à Bujumbura, Raoul Remesha a spécialement été intéressé par le cours de sexologie clinique, admirant le caractère de son professeur, et son talent à dispenser ce cours qu’il adorait.
Comme tout petit garçon idéalisant son maitre, voulant s’identifier à lui, faire tout comme lui, marcher dans ses pas, Raoul Remesha veut devenir spécialiste de cette matière qu’il aime tant, comme son professeur.
Il se met à lire beaucoup d’ouvrages de sexologie. Pour lui, c’est déjà clair : la sexologie sera sa vocation. Il lit aussi Catherine Solano, professeur de sexologie à l’Université Catholique de Louvain. Au lieu de tarir juste à la fin du cours, sa sollicitude pour connaitre davantage tout ce qui est en rapport avec la sexologie, grandit chaque jour.
C’est alors ainsi qu’il s’envole une année après pour continuer ses études à l‘Université Catholique d’Afrique Centrale, où il décrochera en 2022 un Master en sexologie clinique. Parallèlement à ses cours et sa lecture assidue, il ne manque pas une occasion de voyager pour aller à la découverte de nouvelles cultures pour aiguiser ses connaissances.
Briser le tabou autour de la SSR
A son retour au Burundi en 2023, ce sexologue clinicien et thérapeute des couples se lance dans un combat « contre les préjugés qui lient la sexualité à la débauche, dans un pays dont la culture valorise fortement la pudeur ». Pour lui, il était temps que les choses changent pour une éducation sexuelle complète : « L’énigme autour de la santé sexuelle et reproductive doit être résolue. » Il est donc prêt à proposer des thérapies familiales et des thérapies de couples. La raison est simple: sauver des vies, des relations, éviter certains comportements avant qu’il ne soit trop tard.
Car, explique-t-il, certains soucis liés aux stéréotypes se remarquent dans la communauté, dans les ménages, et cela créent de sérieux problèmes allant jusqu’à la séparation des couples : « Une femme burundaise bien éduquée n’oserait jamais dire à son mari qu’elle le désire, ou qu’il n’a pas su la satisfaire. Un homme qui se respecte ne devrait jamais éjaculer avant 45 minutes comme dans les films pornos. Parfois, les hommes se sentent obligés d’atteindre certaines performances sexuelles pour satisfaire leur partenaire et en éprouvent une angoisse dite de performance »
Ces inquiétudes, ces insatisfactions sexuelles de l’un ou l’autre conjoint, aversion sexuelle de l’un ou l’autre, l’anorgasmie, le dysfonctionnement du système, le changement d’orientation sexuelle, difficulté de communication sexuelle, et bien d’autres problèmes que cachent les murs d’un foyer… voilà le champ d’action de Raoul Remesha.
Pour lui, plusieurs divorces peuvent être évités si on ose briser ce tabou qui est en train de détruire plusieurs familles. Il est convaincu que le seul moyen est de bien vouloir adapter la mentalité à la réalité du moment présent. Cela implique donc l’instauration d’une communication franche et ouverte au sein du couple.
Un impact positif remarquable
Mais, Raoul Remesha insiste également sur la nécessité de renforcer les capacités des jeunes adolescents autour de la santé sexuelle et reproductive, ainsi que pour les futurs mariés. Parler de sa sexualité sans avoir honte. Exprimer son désir, et préparer son conjoint à le recevoir d’une manière positive, adapté au résultat attendu. Tels sont les clés pour M. Remesha.
Lors de l’entretien, une assistante signale l’arrivée d’un colis pour le Monsieur Remesha (un gâteau de la part d’un couple x). Plus tard, après avoir consulté le nom de l’expéditeur, le sexologue explique que c’est un couple satisfait des orientations… Un quart d’heure après, c’est un homme qui appelle pour rendre compte au docteur qu’il a pu être sauvé de sa dysfonction érectile.
Quelle technique utilise-t-il pour récolter tant de compliments et de remerciements en si peu de temps? « La communication a un pouvoir qui peut soulever des montagnes », m’explique-t-il calmement, avant de poursuivre : « deux jeunes gens fondent un foyer parce qu’ils s’aiment. Chacun d’entre eux veut toujours faire de son mieux pour s’améliorer. Tout ça dans l’intention de garder la crédibilité, et toujours mériter la confiance de l’autre. »
Cependant, toujours selon lui, il arrive parfois que l’autre soit insatisfait dans tel ou tel autre domaine. A ce moment, c’est facile de régler le problème uniquement si les deux camps parviennent à communiquer sur le sujet, et émettre sur une même longueur d’ondes, bien que ce soit compliqué d’en parler sans risquer de heurter l’intégrité et la sérénité de l’autre.
La nécessité de consulter à temps
Dans le cas contraire, de peur de communiquer à ce propos, ou par empathie, chacun essaie de s’adapter au changement en évitant d’évoquer ce sujet qui pourrait provoquer chez son conjoint la reviviscence de cet échec, ou de peur d’une réaction qui pourrait compromettre la qualité de leur relation. Mais à un moment donné, les capacités d’adaptation sont dépassées, un traumatisme s’installe dans le cœur de l’autre, et la relation se meurt à petit feu.
Si l’un d’entre eux parvient à consulter le sexologue, celui-ci lui explique ce qu’il faut faire, et appelle son conjoint pour lui expliquer aussi, avant de les réunir, et dans la plupart des cas, la réussite de la démarche est garantie et le couple est sauvé.
Raoul Remesha conseille de se faire aider par des professionnels : « Il ne faut pas attendre qu’il y ait un malentendu. Venez consulter à temps pour le bien du ménage. » Chaque jour, confie-t-il, est une bonne opportunité pour accepter d’apprendre, d’être inventif, et cela dans un cycle continuel, en essayant de vaincre son ego. Et de conclure : « Cela redonne la capacité de rebondir avec une nouvelle énergie, de renaitre de ses cendres comme le phénix. »
Pour ceux qui veulent le consulter, le joindre à Procréa Polyclinic, cabinet situé au Quartier Asiatique en Mairie de Bujumbura, avenue Cigome n°7 (📞: +257 62 111 999). La consultation individuelle est de 20.000BIF, et de 30.000BIF pour un couple.