Un discours qui sème la confusion ne conduit pas nécessairement à la violence physique, explique le Dr Éric Ndayisaba, historien et enseignant d’université, mais peut faire remonter à la surface des peurs ou des souffrances du passé et perturber la cohésion sociale.
Quelles sont les caractéristiques d’un discours qui sème la confusion dans un contexte post-conflit ?
C’est un discours qui remet en cause les différentes initiatives qui s’inscrivent dans le cadre du retour à la paix, à la stabilité et à la cohésion sociale, bref au vivre ensemble. C’est ce discours qui rappelle sensiblement notamment les souffrances du passé, qui s’appuie sur les rumeurs et qui entrave cette volonté vers le vivre ensemble.
Quelles sont les visées des auteurs de ce discours ?
En gros, les visées sont des dividendes politiques à travers cette manipulation de l’opinion, des intérêts personnels ou de groupe.

Que peut être l’impact de ce discours entre membres des différents groupes dans un contexte post- conflit ?
Quand il y a un discours qui sème la confusion, qui sème le doute, le problème est qu’on se retrouve dans une situation de méfiance et d’incertitude par rapport au lendemain. Les gens se demandent qui croire surtout lorsque ce discours vient d’une autorité.
Est-ce qu’il y’a risque du retour à la violence ?
Pas nécessairement. Quand on a connu une situation dramatique de violence, on comprend par violence les massacres, etc. Mais la violence peut être symbolique. On peut ne pas arriver à des cas de massacres ou de violence de haute intensité mais retourner à des cas de violence symbolique, de discours de haine, des mots qui blessent et qui font que les gens pensent à la souffrance du passé.
Que devrait être la réaction des récepteurs de ce discours ?
Les gens devraient discerner le bien et le mal et se concentrer sur les intérêts collectifs, savoir discerner la vérité et le mensonge, savoir qui dit quoi et pourquoi. Pourquoi un tel discours et quel en est l’objectif ?
Comment responsabiliser les différents acteurs et auteurs de ces messages ?
Les acteurs, quel que soit leur niveau de participation politique, doivent comprendre que la communauté est au-dessus de tout. Le temps passe mais la communauté reste. Et dans une culture politique monarchique où les gens respectent l’autorité, respectent la parole du chef, ces acteurs ou doivent tout faire pour promouvoir les valeurs de cohésion sociale, de vivre ensemble, de paix et de stabilité.
