Depuis fin 2020, le Collectif des Producteurs pour le Développement de l’Audiovisuel et du Cinéma du Burundi mène une étude sur la diffusion payante des œuvres audiovisuelles et cinématographiques.
Beaucoup d’enjeux autour de la problématique, et plusieurs questions à se poser: Existent-il des cinéastes actifs au Burundi? Y’a-t-il des œuvres quantifiables, diffusables, capable de susciter l’engouement pour les cinéphiles? Quid de leur qualité? Quand bien même, si tout cela se réunissait, les burundais ont-ils cette tradition d’aller vers les salles de cinéma, et consommer local moyennant une certaine somme? Ces fameuses salles, sont-elles adaptées?
Tels sont parmi les milles et un challenges que le COPRODAC veut confronter, comme l’indique Diane Kaneza, présidente en exercice de ce collectif. «Nous sommes sur un projet intitulé « renforcement de la diffusion payante des œuvres audiovisuelles et cinématographiques burundaises ». Un projet certes ambitieux, mais qui probablement va nous indiquer les stratégies à adopter pour mener le cinéma burundais sur un autre niveau, bien supérieur.»
Agir avec les moyens de bord
D’abord, une enquête fait dans 4 provinces pilotes, à savoir: Bujumbura Mairie, Ngozi, Gitega, et Rumonge, avec un questionnaire bien précis, élaboré sur mesure pour les cinéastes, les consommateurs des œuvres audiovisuels, et les responsables des salles de cinéma. Le contenu tourne autour de la projection des films et surtout, s’il serait possible d’en rentabiliser, moyennant un paiement pour visionner dans les salles.
Il s’agit également de constituer un catalogue des films burundais, par un appel à films au près des réalisateurs, pour qu’ils fassent inscrire leurs œuvres.
Ainsi, comme le précise la présidente, jusqu’aujourd’hui, plus d’une trentaine de réalisateurs ont déjà fait enregistré leur film, et autour d’une soixantaine de films produits sont en disposition du COPRODAC.
Quid de la diffusion payante
Tout commence par un test. Ainsi, dans les 4 provinces pris comme échantillon, des projections sont faites, moyenne une certaine somme, jugée abordable. Une initiative qu’Inez Ruzunga, chargée de la communication au sein du COPRODAC, évalue positif, pour un début.
«Certes, les salles n’ont pas été toutes pleines, mais, nous prenons que notre objectif a été atteint, à un niveau considérable. Déjà, nous savons qu’il y’a des burundais qui peuvent payer pour regarder des productions locales, et des cinéastes qui travaillent sans relâche, pour produire du contenu. Nous avons une bonne base pour avancer. L’avenir est prometteur.»
De son côté, Libère Iradukunda, cinéaste de Ngozi, qui a par ailleurs vu son film «Umuco w’umwijimaa», être diffusé dans la salle de la Croix Rouge de Ngozi, reste sur sa soif. «Un pas est encore à franchir. Les gens n’ont pas encore l’habitude de consommer les productions locales. Lors de notre projection, le prix d’entrée était à 200 fbu, mais nous n’avons eu un grand nombre. Peut-être que la sensibilisation n’a pas été très large. Mais, je n’ai pas de doute qu’à la prochaine, avec une bonne sensibilisation, nous pourrons faire bonder les salles, car, la soif de voir des choses nouvelles est évidente.»
De son coté, Dassia Gateka, cinéphile de Bujumbura, plaide à ce que ce genre de projections devient fréquent, ce qui amènerait le public à s’intéresser, de façon massive, aux œuvres burundais, ce qui pousserait également les cinéastes à produire plus, pour la satisfaction des cinéphiles, et bien sûr, pour l’industrialisation et la rentabilisation du cinéma Burundais.
