Que dire quand on perd un être cher, toujours fidèle à une amitié de plus de 20 ans, si ce n’est que lui rendre hommage. Jimmy Elvis Vyizigiro, décédé le 21 mars 2024, est l’incarnation même de l’espoir.
J’ai, en effet, connu le jeune en 2003 au Lycée de Gitega, qu’il venait d’intégrer en section Lettres Modernes. Vyizigiro n’a pas manqué d’attirer l’attention de tout le monde, élèves et étudiants, pour ses qualités intellectuelles et humaines. Ses passions étaient avant tout la radio et les livres. Plusieurs fois délégué de classe, Vyizigiro ne manquait pas d’occasion pour prouver ce dont il était capable de faire : rassembler, informer, élever. Il était le seuil à avoir un poste de radio, qu’il écoutait pendant les moments libres pour partager la synthèse des informations à toute la classe. De même, il attachait beaucoup d’importance aux cours littéraires à travers des compléments tirés de sa lecture assidue pour enfin expliquer à ses camarades avec autant de courage et de détermination, que je n’ai jamais vus. Faut-il préciser que déjà en classe de Seconde Lettres Modernes, notre ami avait le projet d’écriture sur les problèmes de l’Afrique, qu’il n’hésitait pas de partager aux élèves et aux professeurs. Je me souviendrai toujours de son cahier, plutôt son livre, et surtout sa couverture sur la quelle était dessinée au stylo la carte de l’Afrique.
Il n’a pas eu des soucis à réussir et intégrer l’Université, au Département de son choix, plutôt de sa passion, celui d’Histoire. Vyizigiro, scout dans l’âme, toujours prêt, à servir, ne manquait pas de réconcilier les différentes parties en conflits durant cette période de la fin des années 2000 caractérisée par de grèves permanentes à l’Université du Burundi. En raison de ses qualités de leadership, on était convaincu qu’il pouvait bien représenter les étudiants comme délégué de classe. D’ailleurs, la tâche était simple pour quelqu’un comme lui, aussi intelligent et dévoué à la promotion de l’intérêt collectif. Ses contacts s’élargissaient progressivement à travers toutes les universités aussi bien publiques que privées sans oublier les milieux professionnels. Faut-il préciser qu’il pouvait suivre un cours dans une université et l’approfondir dans une autre ! Cette irrésistible envie de savoir a fait de lui un jeune homme assidu, ouvert à toute opportunité d’apprentissage pour comprendre et faire comprendre aux autres, un intellectuel donc.
L’espoir qui s’en va mais surtout l’espoir qui reste
Tous ces acquis ont prôné pour son insertion professionnelle dans les milieux médiatiques et associatifs sans difficultés. Ce qui était pour lui une occasion de plus de prouver pour toujours ses qualités de travailleur et de leader. Ses publications et ses engagements citoyens pour la promotion de l’Education, de la culture, de l’environnement, etc. font de lui un Homme de qualité, un humaniste. Son œuvre est très bien appréciée par tout le monde, d’horizons différents. Car elle s’inscrit dans le collectif, dans la durée, bref dans l’humanité.
Notre ami est resté fidèle à ses principes : travail, humanité et espoir. Même quand il était malade, il n’a pas maqué à ses obligations professionnelles et à ses devoirs de citoyen responsable. Comment par exemple expliquer l’évolution rapide du processus de l’édition de son livre sur le Burundi aux derniers jours de sa vie ? En tout cas, le livre, symbole de la culture et de l’humanité, n’a jamais quitté son univers mental. « Je finaliserai en ce qui est de l’édition de mon livre. On a bien apprécié le manuscrit », m’avait- il dit vendredi 16 mars, trois jours avant son opération chirurgicale ! Un défi lancé, un héritage à perpétuer ?
On ne cessera jamais de le dire. Vyizigiro, c’est l’espoir qui s’en va. Car il part si jeune, si ambitieux, sans doute avec de bons projets pour notre avenir en commun. Il incarnait l’espoir de sa génération, de la société en général.
Vyizigiro, c’est surtout l’espoir qui reste. Car ses idées et ses œuvres constituent un héritage d’espoir et d’humanité à promouvoir. « A force de suivre progressivement l’idéal, on finit par l’approcher », avait-il dit, un jour.
A nous revoir, camarade ! On n’aura jamais assez d’encre et de plumes pour te décrire !