Insultes, châtiments corporels, violences sexuelles, dénigrement, humiliation, harcèlement, stigmatisation,… les élèves au Burundi font face à plusieurs types de violence à l’école. Certains préfèrent tout simplement abandonner leurs études
Le Rapport mondial sur la violence contre les enfants recense quatre grandes formes de violences : les violences physiques (punition corporelle), les violences psychologiques (humiliation, stigmatisation, etc), le harcèlement (entre camarades ou des éducateurs envers leurs élèves), les violences sexuelles (viol, harcèlement sexuel) ou les violences externes qui résultent de la guerre, des situations de conflit.
Au Burundi, tous ces types de violences sont expérimentés quotidiennement par les élèves. La punition corporelle est toujours perçue par certains enseignants comme une forme d’éducation. Chanelle a aujourd’hui 35 ans et habite à Bujumbura. Elle travaille dans une agence de voyages. La jeune femme se souvient qu’en 5ème année primaire, elle avait abandonné l’école à cause des coups qu’elle recevait . « Un jour l’enseignant m’a tellement frappée que j’ai dû aller à l’hôpital. Il me reprochait mon appartenance ethnique. Après cela, je n’ai plus jamais voulu mettre les pieds à l’école. Ce n’est qu’une année plus tard que j’ai accepté d’intégrer une autre école », confie la jeune femme.
Quant à Claudette, planton dans une entreprise étatique ayant son siège à Bujumbura, elle a arrêté ses études en 8ème primaire à force d’humiliations. « J’en avais marre d’entendre les professeurs et même mes parents me dire que je suis trop bête. Après avoir redoublé en 8ème, j’ai fugué puis j’ai mis un terme à mes études», se rappelle-t-elle « sans regrets ».
Les filles, premières victimes
Mais parmi les formes de violences scolaires les plus répandues se trouvent les violences sexuelles. Au Burundi, 11% des adolescentes (15-19 ans) ont déjà commencé leur vie procréative selon les résultats de l’enquête de santé de 2010 du Programme National de Santé de la Reproduction. 7% ont déjà eu au moins un enfant et 3% sont enceintes d’un premier enfant. Et pour la plupart, elles expérimentent ces situations sur le banc de l’école.
Nous sommes en 2015. Fidela est en 9ème au lycée communal de Ruyigi. Le rêve de la jeune fille est de réussir cette année afin d’intégrer la 10ème, et ainsi de battre le record des plus longues études jamais réalisées dans sa famille. Mais c’est sans compter sur Sylvère, son professeur d’anglais. Ce dernier passe par tous les moyens, menaces, argent, points gratuits, pour s’offrir les services sexuels de la jeune fille. Après avoir résisté pendant un moment, cette dernière finit par céder aux avances et du coup n’atteindra jamais la dixième. Elle tombe enceinte, le géniteur prend la fuite et depuis, elle cultive les champs d’autrui pour nourrir son enfant.
Fidela fait partie de quelques 2.355 cas de grossesses non désirées recensées dans le milieu scolaire en 2015. Autant de jeunes burundais ont interrompu leurs études ou abandonné l’école. S’il faut ajouter ceux qui abandonnent à cause d’autres formes de violences qu’ils subissent quotidiennement et que l’on ne connaîtra jamais, nous assistons à une hémorragie qu’il faut absolument arrêter.