Alors que les inondations à Gatumba en 2020 semblent clochardiser la majeure partie des victimes, certains tentent cahin-caha de sortir la tête de l’eau. Grâce à l’appui de l’UNICEF Burundi et de l’ONG SAD, des jeunes filles et femmes du camp de déplacés de Sobel nourrissent les espoirs d’un lendemain meilleur…
Le site Sobel s’étend sur une aire plus vaste qu’un terrain vague, situé sur la RN5, en zone Maramvya de la commune Mutimbuzi, à environ 13 km du centre-ville Bujumbura. Un coin idéal pour se jeter à la méditation. Il est 10h, hormis quelques silhouettes indolentes à la recherche de l’eau potable, c’est la déréliction tous azimuts : de tentes sordides se mettent en évidence au milieu d’une végétation en peu sauvage, leurs portes verrouillées choquent, les planches de leurs fenêtres consternent.
Malgré la nature tapageuse de leurs locataires, on les dirait inhabités. Pourtant, plus de 1.000 âmes y trouvent le lit et le couvert. A quelques 200m de l’intérieur du camp, les pépiements d’oiseaux se substituent aux cris des enfants et au ronronnement des machines. A l’entrée, une bâche flopée respectivement de 2 logos de l’UNICEF et de l’ONG SAD attire l’attention par son inscription imprimée « Espace sûr pour femmes, filles et enfants« .
Radieusement dans une ambiance conviviale, des gamins tapent dans le ballon au milieu d’une cour limitée aux deux extrémités par deux poteaux en bois. Moins loin, à quelques encablures, une petite baraque interpelle par son caractère aussi particulier : des va et vient à l’intérieur interroge.
Au cœur du projet « Green Girls »
Sourire aux lèvres, des jeunes filles et femmes nous accueillent chaleureusement dans ce qui est devenu désormais un atelier où se fait la transformation des briquettes combustibles. En plein tohu-bohu, elles se tuent à la tâche : ramassage des déchets visiblement triés pour leur canalisation dans le carbonisateur, les moudre pour un mélange avec le liant, leur acheminement dans la presse à briquettes avant le séchage, tout dans un rythme soutenu.
« Nous nous sommes habitués à un notre labeur. Les déchets que nous utilisons proviennent en grande partie des ménages et la production moyenne avoisine 60kg/ jour. Ceci grâce à un appui technique, financier et matériel de l’UNICEF Burundi et de l’ONG SAD – via le projet Green Girls », confie Violette Nizigiyimana (23 ans), une de ces jeunes filles. Non seulement ces deux organisations ont facilité leur formation, fait-elle savoir, mais aussi et surtout elles leur ont octroyé des machines pour améliorer leur productivité.
Bien plus, assure Violette, cette initiative permet de protéger l’environnement en limitant la déforestation, bien qu’elle soit aussi source de revenus et d’emploi : « Presque tous les habitants de ce camp s’approvisionnent en charbons produits ici. Un kilo ne coûte que500 Fbu. Ils sont plus résistants et moins polluants. » Et de poursuivre : « C’est aussi notre gagne-pain en tant que déplacées qui travaillent dans cette petite entreprise, car les recettes enregistrées nous aident chacune à subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles. »
Une réponse aux VBG
De plus en plus exposées et victimes des violences basées sur le genre, les jeunes filles et femmes du site Sobel considèrent le projet « Green Girls » comme une providence. De par leur vulnérabilité financière, elles couraient le risque de subir des agressions et harcèlements sexuels, lorsqu’elles se rendent dans les forêts environnantes à la recherche du bois de chauffage. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, se réjouit Violette : « Il y’a de quoi être fière. Les mentalités ont relativement changé depuis qu’une vingtaine de jeunes filles et femmes sont à l’œuvre pour leur autonomisation via le projet ‘Green Girls’. Ça a ouvert les yeux des autres filles et femmes du camp afin de résister aux incitations sexuelles comme moyen de survie. Une forte motivation de faire face aux VBG. »
Abondant dans le même sens, Samantha Gloria Gahimbare de Social Action for Development (SAD) rappelle qu’en plus de la mise sur pied du projet « Green Girls », avec l’appui de l’UNICEF Burundi, un espace « Amis des enfants » a été aménagé à l’intérieur du camp pour leur permettre de se divertir, mais aussi pour leur encadrement parascolaire.