Les vendeuses de poissons au port de pêche du lac Tanganyika à Rumonge se réjouissent des progrès réalisés dans leur développement personnel et familial. Grâce à ce commerce, certaines ont réussi à acquérir des biens comme des maisons, incitant d’autres femmes à chercher une occupation pour ne pas dépendre uniquement de leurs époux.
Dès l’aube, l’agitation commence avec l’arrivée des pêcheurs déposant leurs prises, principalement des poissons Mukeke, Ndagala et d’autres variétés. Certaines femmes vendent ces poissons, tandis que d’autres se consacrent à la restauration pour nourrir le flot de visiteurs. « Cela fait plus de 15 ans que je suis dans ce commerce. Cette activité me permet de subvenir aux besoins de ma famille, d’assurer la ration quotidienne de mes enfants et d’économiser pour d’autres projets », confie Thérèse Nkezimana, vendeuse de poisson.
Des femmes au service de l’économie et des foyers
Les revenus issus du commerce de poissons transforment la vie de nombreuses femmes et de leurs foyers, « Avec les gains tirés ici, je peux nourrir mes enfants et compléter les frais scolaires en cas de besoin. Même en cas de maladie, j’ai les moyens de faire soigner mes enfants en payant les frais d’hospitalisation et les médicaments » témoigne Nishimwe Divine, de Nkayamba en Province Rumonge.
Une activité donc lucrative comme le fait savoir une autre femme : « Certains jours, je peux gagner entre 2.000.000 et 5.000.000 BIF par bateau, mais ça dépend de la période. »
Une femme propriétaire d’un restaurant partage un témoignage similaire : « Avant, je vivais dans une maison en location. Aujourd’hui, j’ai pu acheter ma propre parcelle. Grâce à mon activité, je peux soigner mes enfants et je parviens à gagner au moins 30.000 BIF par jour. »
Les hommes ne sont pas en reste et soutiennent cette initiative
« Grâce à ma femme qui vend des poissons, nous avons acheté une maison et trois parcelles. Je l’encourage à continuer et j’invite les autres hommes à soutenir leurs épouses dans leurs activités », indique Apollinaire Ndiwenuwonkiza.
Didace Ninezereza, vendeur de poissons et père de famille, met en avant l’importance de la solidarité conjugale : « La vie est devenue dure, et si un homme travaille seul, parfois cela ne suffit pas pour bien entretenir sa famille. Mais quand on s’accorde pour travailler en équipe, il y a un véritable avantage. D’ailleurs, le foyer se construit à deux. Quand ma femme et moi venons ici, les enfants ne manquent jamais de quoi manger.»
Les défis rencontrés
Cependant, ces femmes font face à de nombreux obstacles, comme l’interdiction de vendre leurs poissons en dehors du marché de Rumonge, les saisies de leurs marchandises par les agents de sécurité et les préjugés sociaux. « Certains disent que nous faisons ce commerce pour des raisons immorales, mais ce n’est pas vrai. Nous cherchons simplement à nourrir nos enfants », déplore une vendeuse.
Par ailleurs, l’insécurité reste un problème majeur avec des bandits qui volent leurs poissons, les laissant sans défense, « Nous demandons l’autorisation d’occuper l’arrière du marché afin de continuer à subvenir aux besoins de nos familles sans crainte », plaident-elles.
Un impact économique reconnu
Audace Mukeshimana, conseiller économique, social et juridique de la commune de Rumonge, souligne l’importance de ces activités pour l’économie de la commune grâce aux taxes journalières collectées. Il invite ces femmes à exercer leur commerce dans des marchés désignés pour une meilleure régularité et l’augmentation du bénéfice tant pour les familles que pour la commune.
Le commerce des poissons à Rumonge reste donc un exemple concret d’autonomisation des femmes et de contribution au développement socio-économique local.




