Le chiffre inquiétant a été dévoilé ce mardi 08 octobre par le secrétaire permanent au Ministère de la Santé, Dr. Jean Baptiste Nzorironkankuze, alors que de 2010 à 2015, seulement 2 500 cas avaient été recensés.
Août dernier, le ministère, en étroite collaboration avec la Coopération Suisse, conduit une enquête de santé mentale dans 4 provinces – plus ou moins représentatives – du pays (Bujumbura Mairie, Gitega, Ngozi, Rumonge). Population enquêtée : 3 000 ménages.
Résultats : plus de 6 personnes sur 10 enquêtées semblaient manifester une difficulté psychologique et plus de 4 personnes sur 10 présentaient des troubles psychologiques dont 33,4% avaient connu des évènements traumatisants, 8,9% souffraient des troubles anxieux, 4,4% de la psychose aiguë, 4,5% de la schizophrénie, etc.
En outre, le Burundi comptant seulement 3 centres psychiatriques publics – à Bujumbura, Gitega et Ngozi – l’étude note que de 2015 à 2017, plus de 22 000 cas de troubles mentaux ont été enregistrés dans les trois centres. De 2010 à 2015, le chiffre n’a pas dépassé la barre de 2 500 cas.
Prévenir le suicide à tout prix
Selon les résultats de la même enquête, plus de 6% de la population enquêtée ont déclaré avoir sérieusement pensé au suicide et 4% auraient tenté de se suicider : « Les principales causes des troubles mentaux, pouvant pousser l’individu au suicide, sont entre autres: la pauvreté, les violences sexuelles et basées sur le genre, la crise sociopolitique, la perte des biens et des personnes chères, les abus de substances psychoactives (alcool, drogues), le sentiment d’isolement, etc.. », a éclairé le directeur du programme des maladies chroniques non transmissibles, Dr Etienne Niyonzima.
Bien que ces centres de prises en charge des troubles mentaux veillent au bon rétablissement des malades, le docteur a exposé les défis qui persistent : « L’ignorance de la population sur le traitement, la prise en charge d’un membre de la famille atteint par les troubles mentaux souvent stigmatisé et discriminé, le renvoyant souvent à des rechutes répétitives, voire même des suicides, cherté des traitements vu que les patients sont traités sur le terme, … ». Bien plus, d’après le Dr Niyonzima, avec seulement trois centres psychiatriques sur tout le territoire national, ce n’est qu’une infime partie des nécessiteux traitée. Et d’indiquer que le ministère évoque comme perspective d’avenir, « la décentralisation et l’intégration des soins de santé mentale à tous les niveaux de soins. »
Au niveau du CNPK (Centre Neuro Psychiatrique de Kamenge), le centre repère du pays, quelques stratégies sont proposées pour prévenir ou contrer les cas de suicide ou de rechutes répétitifs : « Il faut mener des actions au niveau de la population. Eduquer, informer et sensibiliser les Burundais sur les comportements à adopter auprès des patients présentant des troubles mentaux. Nous conseillons également le dépistage précoce, ainsi qu’une attention particulière sur la prise des médicaments », avance Pierre Claver Njejimana, psychologue traitant au CNPK