La Journée internationale du travail ce 1er Mai a trouvé le personnel de l’Université du Burundi (UB) dans le plus profond malaise de leur carrière. Privés de la levée du gel d’avancement et de l’harmonisation du mode d’avancement jusqu’ici appliquées dans certaines institutions publiques à statuts spéciaux, les représentants de ces travailleurs accusent le Ministère en charge des Finances de frilosité à leur égard
Dans une déclaration au public du 19 avril 2024, ce personnel de l’UB soulignait « son indignation face à l’injustice leur faite par le Ministère des Finances » concernant le dégel des annales et le déblocage administratif de leur carrière. Pour rappel, le gouvernement était revenu sur cette décision en septembre 2023, pour les institutions publiques à statuts spéciaux, moyennant quelques réserves à l’endroit de certaines structures.
D’après un des fonctionnaires à l’UB, qui a requis l’anonymat, « il est inconcevable que quelqu’un qui touchait environ 600.000 Fbu à la fin du mois il y a dix ans, continue toujours à percevoir ce même montant compte tenu de l’inflation en cours. »
Pour le cas de l’UB, « il apparaît que le personnel a continué à avancer administrativement et pécuniairement, l’ajout de 35% sur l’ancien salaire de base n’est pas justifié. Il apparaît également sur la liste de paie, des personnels partis en retraite avant 2023 alors que le déblocage concerne le personnel actif », selon le compte-rendu du Conseil des Ministres d’octobre 2023, qui a recommandé de surseoir au dégel.
Loin s’en faut…
Selon le président du syndicat du personnel de l’UB, ces explications du Ministère en charge des Finances sont infondées: « On nous dit toujours que les calculs sont en cours mais on remarque qu’ils sont faits pour une partie de personnels. Les calculs ne peuvent pas prendre plus de trois jours, ce qui suscite en nous un doute », s’insurge Pr Désire Nisubire, lui aussi enseignant de l’UB, qui parle « d’humiliation ».
Et de s’indigner: « Pourquoi notre cas n’est pas traité avec promptitude, alors que le personnel du Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge, qui dépend du même ministère, a été régularisé, avec bientôt la deuxième tranche ? » Pour le Pr Désiré Nisubire, les retards dans la revalorisation salariale des fonctionnaires de la principale université publique du Burundi engendreront des problèmes majeurs sur l’engagement du personnel et son niveau de vie, « ce qui impactera les compétences des étudiants formés par ces derniers. »
Les chiffres parlent: selon nos sources, les maîtres-assistants nouvellement recrutés à l’UB toucheraient autour de 550.000Fbu actuellement (175 USD au taux officiel), les chargés des cours autour de 1.350.000Fbu (472 USD), et les professeurs associés autour de 2 millions Fbu (700 USD).
Pourtant, en janvier 2024, Pr. Paul Banderembako, ancien vice-Recteur et ancien Secrétaire Général de l’Université du Burundi trouvait que la question traînait à être résolue et cela risquait de porter préjudice aux finances de l’Etat: « Depuis juillet 2022 jusqu’aujourd’hui, le dégel n’a pas eu lieu pour l’Université du Burundi. Or, si cela devrait être appliqué depuis lors, il y aurait un impact budgétaire de plus de 18 mois sur les salaires des personnels de l’UB, un poids de plus sur le dos de l’Etat.«
Au niveau du rectorat de l’U.B, Emery Nukuri, vice-recteur de l’Université du Burundi fait savoir que « concernant le déblocage, la direction de l’université du Burundi a mis en place une commission qui a fini les calculs conformément aux décrets et aux textes réglementaires en place. Le rapport a été transmis au Ministère des finances pour vérification des calculs conformes. »
Contacté sur ce sujet, le Ministère en charge des Finances à travers sa cellule de communication n’a pas voulu s’exprimer.