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Résolution 1325 : 19 ans après ratification, quelles avancées au Burundi ?

L’Association des Femmes Journalistes (AFJO), en partenariat avec le Cordaid, dans le cadre du projet « Partenariat stratégique pour le lobbying et le plaidoyer en vue de la prise en compte des préoccupations des communautés », tenait jeudi 21 novembre dans la capitale économique un café de presse incluant les intervenants dans le domaine de la promotion des droits de la femme, pour cadrer le bilan de la résolution 1325, les défis à relever et les opportunités à profiter.

Tout d’abord, la fameuse résolution intrigue plus d’un. « Y’a-t-il des chiffres ? Nos mères des coins éloignés en profitent-elles ? Est-elle connue par les concernées ? Et la part des hommes ?» Telles étaient certaines des questions du public présent auxquelles Felix Ngendabanyikwa, Secrétaire Permanent au Ministère ayant le genre dans ses attributions, tentera d’apporter des éclaircissements : « L’objectif de la Résolution, adoptée le 31 Octobre 2000 par le Conseil de sécurité de l’ONU, et ratifiée à l’unanimité par les Etats membres, est de s’assurer que la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles est respectée et que leurs contributions sont appréciées dans les processus de gestions des conflits ».

Statistiques sur l’état des lieux

Afin de sortir des théories, de son côté, Jacques Ndihokubwayo, Conseiller à la Direction générale de la promotion de la femme et de l’égalité des genres, partira des faits sur la place qu’occupe la femme dans certaines instances de prise de décisions, notamment au niveau administratif : « Au niveau de l’exécutif, sur 25 membres du Gouvernement, 6 sont des femmes. Au parlement, 43 sur 118 membres sont des femmes. Au niveau du sénat, les femmes prennent le déçu avec 25 membres sur 43. Dans l’administration provinciale, il n’y a que 2 femmes à la tête sur un total de 18 provinces. Quant à l’administration de base, sur 2 909 chefs collinaires et chefs de quartiers, les femmes ne sont que 186. Dans le monde médiatique, seules 6 femmes sont à la tête des 46 radios et télévisions reconnues par le CNC. Du côté de la presse écrite, on retrouve également 6 femmes responsables des 23 journaux et magazines. »

Pour Diane Ndonse, Représentante de l’AFJO, le faible taux de femmes dans les instances de prise de décision, et surtout des médias, constitue un handicap d’autant plus que la presse a un rôle crucial dans la promotion du contenu de la Résolution 1325 qui englobe tous les droits et les acquis de la femme. « Des débats sur la place de la femme dans la société, l’éternelle problématique de l’héritage des femmes, leur autonomisation, la lutte contre les violences et les viols sociétaux, constitueraient un moyen efficace de l’inclusion féminine », rappellera-t-elle.

Intervenant sur la prévention contre les VSBG (Violences Sexuelles et Basées sur le Genre), Sylvie Nzeyimana, coordinatrice du centre Humura de Gitega, fera le topo des centres de prise en charge des victimes des VSBG, qui, selon elle, sont insuffisants. Ainsi, les centres mis en place par le Gouvernement à travers le pays, et ceux des privés (Centre Humura de Gitega, Centres Mpore – à Muyinga, Makamba et Cibitoke, Centre Seruka, Centre Nturengaho, Centre Inabeza, AFEV -, sont souvent débordés par des victimes de viol, ce qui revient au manque de sensibilisation, et même de sanctions considérables des forfaitaires.

Sur ce, Sylvie reviendra sur le hic au niveau judicaire : « Une fois les forfaitaires appréhendés et qu’un dédommagement est prononcé, rares sont les cas où les victimes sont régularisées, car dans la majorité des cas, les violeurs sont incapables de payer cash. Et dans le code pénal, le saisi de la terre, la fierté de nombreux Burundais n’est pas autorisée. Cela constitue un bloc pour les victimes. » Se désolera-t-elle.

En fin de compte, la majorité maintiendra que la Résolution 1325 est moins connue, moins vulgarisée, et plus théorique que pratique au Burundi.

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