Franck Nziza et Mechack Nzirayukuri, deux jeunes burundais viennent de créer un réseau social dédié exclusivement à la santé. Découverte.
L’histoire est digne du récit des info-preneurs célèbres de la Sillicon Valley. 2011, alors qu’ils ne sont encore que des étudiants en médecine à l’université du Burundi, les deux jeunes créent Ndakira.net, un site web d’information sur la santé. Mechack est plutôt passionné par l’informatique alors que Franck est un inconditionnel de la culture générale, des sciences et de la technologie surtout appliquée au domaine de la santé.
Du choc des idées jaillit la lumière, dit-on. Les jeunes décident de créer un site web pour partager du contenu exclusivement médico-sanitaire. Objectif : Parler de la santé dans un langage que tout le monde peut comprendre et ce faisant, démédicaliser et démocratiser l’information sur la santé. Ainsi le site web voit le jour en 2012.
Tout est glacial au début, Franck Nziza se rappelle de l’accueil mitigé qu’ils ont eu de la part de leurs ainés médecins : « On a présenté notre plateforme dans un congrès de médecins mais nos aînés du secteur n’étaient pas du tout emballés. » Pas le moins découragés, les jeunes étudiants continuent de publier des articles.
La même année, les chemins de nos deux amis se séparent. Mechack Nzirayukuri, l’informaticien ne peut pas se résoudre à continuer avec la médecine. Il plie bagage pour poursuivre le cursus qui le passionne à savoir les TICs. Franck Nziza, lui, continue avec la médecine. Malgré cette séparation, leur projet résiste. Ils continuent à mener des recherches, chacun de son côté, pour finalement mettre en ligne dernièrement leur réseau social, Ndakira.com.
Un réseau social 100% santé
Avec des fonctionnalités similaires à celles des autres réseaux sociaux comme Facebook, Instagram ou Twitter, Ndakira.com se veut d’être révolutionnaire dans le sens où il constitue un espace de rencontre et d’échanges décontractés entre les professionnels de santé, les patients et d’autres en quête d’informations sur la santé.
Dans un contexte de crise sanitaire mondiale comme celle occasionnée par la COVID-19 où les préjugés et les rumeurs ont pris le devant sur les efforts de la riposte, Franck Nziza trouve que leur plateforme a plus que raison d’exister : « Notre combat est celui de hausser la littératie sanitaire au Burundi, combattre l’ignorance qui conduit souvent à des maladies qui sont pour la plupart chroniques. »
Bien plus, précise-t-il, leur souci est de démocratiser le secteur de la santé. Qu’elle ne reste pas exclusivement discutée entre professionnels. Ce réseau social offre ce cadre participatif où tout un chacun, professionnel de santé ou non, puisse interagir sur tout ce qui est relatif à la santé: « C’est-à-dire maladies, défis sanitaires et tendances médicales et pourquoi pas aussi travailler ensemble virtuellement sur des projets de santé qui soient profitables à la communauté. »
Quid de l’accessibilité et de la qualité ?
Et de continuer ː « L’idée est aussi de parvenir à une gestion optimale des ressources humaines en santé qui sont très limitées au Burundi en mettent à contribution les médecins burundais implantés partout dans le monde entier. »
Avec l’objectif de créer un cadre participatif et de transmission de l’information dans un langage compréhensif pour tout le monde, d’aucuns pourraient s’inquiéter de la qualité des contenus à partager. A cette interrogation, Franck Nziza tranquillise : « L’idée est qu’on n’arrive pas jusqu’à censurer les contenus. N’empêche pas que nous allons faire un travail de modération et d’évaluation de qualité pour promouvoir les meilleurs contenus.»
Et de mettre en garde que Ndakira.com ne vient pas pour remplacer les hôpitaux. Il ne s’agit, en aucun cas, faire des consultations en ligne mais juste partager les bonnes pratiques médicales, des attitudes et comportements à adopter afin d’éviter certaines pathologies, histoire de mieux prévenir que guérir.
Quant à la crainte de l’accessibilité à l’information par la population burundaise qui, pour la majorité ne comprend pas toute la terminologie technologique et médicale, Nziza Franck assure qu’ils sont à l’œuvre pour mettre certaines fonctionnalités de la plateforme en Kirundi.
La pénétration du réseau social ne posera pas de problème
En ce qui concerne la vulgarisation de cet outil, Franck Nziza indique qu’ils vont travailler en étroite collaboration avec différents ministères, des professionnels de santé et des agents communautaires de santé comme des relais. Par ailleurs, étant donné que le Burundi est doté d’un réseau de fibre optique couvrant tout le territoire national, la pénétration du réseau social ne devrait pas poser des problèmes. Pour lui, le problème relève plutôt du non accès par la majorité de ses compatriotes aux terminaux (ordinateurs, téléphones, etc), un obstacle qu’ils ont déjà prévu de contourner ː « Bien que nous soyons vraiment tournés vers la nouvelle dynamique des technologies de pointe , nous comptons développer une interface de cette application compatible avec les téléphones de l’ancienne génération », fait savoir le jeune doctorpreneur.
Et d’appeler le gouvernement et tout un chacun à les soutenir dans cette initiative qui vient pour promouvoir la santé et le bien être des burundais : « Notre vœu le plus cher est celui de développer l’économie de la connaissance et pouvoir exporter ce savoir-faire et innovation des jeunes burundais» ; avant de conclure que le réseau social profitera aussi au gouvernement et ses partenaires techniques et financiers qui œuvrent dans le domaine de la santé de pouvoir partager des informations à grande échelle et collecter des données utiles pour une meilleure prise de décision sans toutefois engager des moyens coûteux.
