De 2005 à 2020, les femmes burundaises qui occupent les postes décisionnels électifs précisément à l’Assemblée Nationale sont passées de 30,5% à 41,5%. Une progression remarquable si l’on considère les 2,04% de 1965, année où la première femme à intégrer cette institution, la seule d’ailleurs à l’époque sur un total de 49 députés. Mais ces chiffres ne satisfont pas les leaders féminins.
Les femmes burundaises ne font leur entrée au Gouvernement pour la première fois qu’en 1982 : 2 femmes sur 16 ministres, soit 12,5%. Selon le rapport effectué par une consultante nommée Clémence Bununagi, au niveau du bureau de la Présidence République, les femmes occupent 26% et 14% à la Primature.
Sur les 14 ministères consultés dans ledit rapport, seuls 4 ont pu atteindre 30% notamment le ministère en charge du genre (52%), ministère de la fonction publique (47%), ministère de la Justice (42%), ainsi que le ministère en charge de la Coopération (38%). La moyenne générale de la représentation des femmes dans l’ensemble des 14 ministères analysés est de 26%.
Au niveau des institutions, si l’on prend l’exemple du secteur de l’éducation, la représentation des femmes dans les postes dirigeants des universités publiques et privées : 3 des 7 universités affichent une représentation des femmes dépassant 30% : l’Université du Lac Tanganyika (45%), l’Université Lumière de Bujumbura (38%), et Bujumbura International University (38%), Ecole Normale Supérieure (25%), Université du Burundi (20%). Toutes ces Universités sont dirigées par des hommes, sauf l’Université Lumière de Bujumbura dont une femme assure actuellement l’intérim au moment de la sortie dudit rapport.
« Le quota d’au moins 30% de femmes, ne suffit pas pour la représentation des femmes qui constituent plus de 51% de la population » a souligné Clémence Bununagi, en concluant son rapport présenté lors d’un atelier sous régional d’échanges et d’apprentissage sur la participation de la femme dans les instances de prise de décision et dans la mise en œuvre du « Plan d’actions national de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des nations unies dans les pays des Grands Lacs », tenu à Bujumbura le 04 septembre dernier.
Ces assises étaient organisées dans le cadre du projet « Mwanamke, Amani na Usalama » en concertation avec le collectif des Associations Féminines de la région des grands lacs (Cocafem/gl) en collaboration avec Care Burundi International.
Obstacles et recommandations
Différentes panelistes des pays des Grands Lacs sont revenues sur les obstacles qui bloquent l’accès des femmes aux instances décisionnelles.
Pour Sabine Ntakarutimana, 1ère Vice-présidente à l’assemblée nationale, même si le Burundi a adopté le système de gratuité de l’enseignement au niveau de l’école primaire, il se manifeste encore des cas d’abandons scolaires surtout chez les filles, sans parler du manque d’autonomisation des femmes…
Agnès Sadiki, ancienne Ministre du transport en RD Congo, a quant à elle, déploré la pauvreté, les mariages précoces, le manque de mentorat et d’encadrement par les femmes leaders ayant participé aux instances de prise de décision. Du coup, souligne-t-elle, 63 femmes sont présentes à l’Assemblée Nationale de la RD Congo sur un total de 500 députés nationaux, soit une représentation de 12,6% seulement.
Côté rwandais, il y a un léger mieux. Assoumpta Wibabara, chargée des programmes au sein de The « Young Women’s Christian Association of Rwanda – YWCARwanda », note une représentation des femmes au parlement qui tourne autour de 61,5%. Toutefois, comme ses homologues, elle souligne la persistance des normes socio-culturelles qui constituent encore des barrières pour les femmes.
Des recommandations ont été également données lors de ces assises: Appliquer la loi, les instruments nationaux et internationaux ainsi que les conventions sur la parité homme- femme, le respect des quotas pour favoriser la participation et le renforcement des capacités des femmes dans les instances de prise de décision, à tous les niveaux ; redoubler d’efforts dans la lutte contre toute forme de #VSBG en milieu scolaire, adopter, actualiser et appliquer des lois/mesures inclusives permettant aux jeunes filles (mères célibataires) de poursuivre avec succès leurs études, rendre redevables les femmes leaders pour qu’elles soient des modèles dans leur entourage, interpeller les femmes leaders à coopérer avec les médias pour témoigner afin d’inspirer d’autres femmes…