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A quand la reconstruction du marché de Kamenge ?

Le marché de Kamenge un mois et demi après l'incendie

Plus d’un mois et demi que le marché de Kamenge a pris feu, et du coup, fermé. Certains commerçants se sont installés aux alentours, d’autres se sont exilés vers d’autres marchés, le reste a tout simplement abandonné le commerce faute de capitaux …

Le marché de Kamenge était, avant l’incendie, le plus réputé dans le nord de la mairie de Bujumbura. Actuellement, la place est toute vide, abandonnée. Le tronçon de la 6ème avenue qui mène à ce dernier, quasiment vidée de sa circulation : plus de restaurants, boutiques, … sur ce tronçon jadis opérationnels.

A quelques mètres en bas du marché se trouve la route pavée séparant les zones Kamenge et Cibitoke. C’est là que d’anciens commerçants dudit marché se sont réfugiés. La route n’est plus praticable pour les automobilistes. Les mamans y étalent, les unes par terre, les autres sur de vieilles tables, des denrées alimentaires de toutes sortes. « Genda mutuvugire gusa isoko isubire kwugurura » [Allez plaider pour la réouverture du marché].» Réclament-t-elles.

Depuis, l’incendie du marché, les vendeuses vivent un calvaire. Une dame témoigne « Mes enfants sont dans l’incapacité de continuer l’école et toute la famille est à risque d’être expulsée de la maison par manque de moyens pour payer les frais de location. »  

Un véritable capharnaüm

Et comme si le malheur ne venait pas seul, lorsqu’il pleut comme ces derniers jours, ces femmes sont obligées de plier bagage. Du coup, les produits non vendus se détériorent et des pertes s’en suivent.

Sur la septième avenue du quartier Songa. La scène est presque pareille. Là, on confond une route d’un centre commercial. On a l’impression que ce marché improvisé date de plusieurs années. Les parcelles autrefois vides, ou des maisons inoccupées, sont devenues de véritables sources de revenus pour leurs propriétaires. « Cette grande salle était, il y a un mois, une église, mais le propriétaire a chassé les chrétiens pour faire de la place à une vingtaine de commerçants. » Confie un homme rencontré sur les lieux.  Ces commerçants ont ensuite transformé l’endroit en un hangar pour la vente de friperie. 

La route séparant Cibitoke et Kamenge devenu un marché. Des commerçants étalent les produits à même le sol.

Un des commerçants sur place révèle : « Nous sommes parvenus à redémarrer les affaires mais la rentabilité nous fait vraiment défaut. » Il ajoute : « Nos anciens clients ne sont pas au courant du nouvel emplacement. Pire, les échoppes ne sont pas rangées selon la nature des marchandises et sont chères, les frais de location variant entre 80.000 et 100.000Fbu, selon l’espace. »

Pour ce quadragénaire, c’est un véritable capharnaüm. « S’il n’y a pas eu de marché de transition, la moindre solution est celle de reconstruire le marché le plus rapidement possible », conclut-il. Tout comme les autres, ne cache pas son impatience à regagner l’ancien marché.   

Un manque à gagner pour la mairie aussi

Bien que la reconstruction du marché préoccupe les commerçants, la mairie aussi n’est pas en reste. Selon des sources, la mairie va connaitre un déficit non moins négligeable pour un marché qui versait mensuellement des recettes en termes de 6 chiffres. « C’est en termes des millions en Fbu de perte par mois. » Nous avons contacté la chargée de communication du bureau du Maire de la ville pour plus de précisions, sans succès.

Pour rappel, trois jours après l’incendie, un montant de plus de 2 milliards de Fbu a été promis par les donateurs lors d’une collecte de fonds lancé par le Président de la République qui, le jour même, a annoncé que le marché allait être reconstruit dans un délai de 2 mois.

Le 12 novembre 2020, les anciens occupants du marché (propriétaires et locataires des échoppes) étaient appelés sur la place pour être recensés par la Commission en charge de la réhabilitation du marché et ce jour même des travaux d’études du sol étaient en cours. Mais aucune date du début des travaux de reconstruction n’a été annoncée jusqu’ici.

Dans le cadre du projet « Tuyage » financé par l’USAID, le Magazine Jimbere s’associe avec Search For Common Ground au Burundi (partenaire de mise en œuvre du projet) dans la production d’une série d’articles économiques

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