Des cas de prolifération de messages haineux et de divisions sur fond d’appartenance ethnique s’observent au sein des églises dites de réveil avec risque d’aboutir à la violence. Jimbere s’est rendu en commune Nyanza-Lac. Le point.
Colline Mayengo en commune Nyanza-lac. Des gens s’activent comme à l’accoutumée autour de différentes activités génératrices de revenus dont le commerce une grande partie. Et pour cause, la commune est frontalière de la Tanzanie, ce qui facilite le business. Toutefois, l’activité champêtre semble prendre le pas. Les dernières pluies expliquent sans doute cela.
Mais ce qui occupe encore plus les esprits des habitants de Mayengo, ce sont des divisions et chicaneries qui s’observent de plus en plus au sein des églises dites protestantes. K.I originaire de Mayengo n’y va pas par le dos de la cuillère : « C’est honteux. Au lieu de prêcher l’amour, des représentants des églises dressent leurs adeptes les uns contre les autres, tout simplement pour occuper des postes. »
Et d’expliquer : les rapatriés de la crise de 1972, une fois rentrés, veulent regagner leurs places au sein de l’église. Ceux qui étaient des représentants avant qu’ils ne se réfugient, veulent à tout prix réoccuper ces postes. Mais, ils font face à la résistance des autres représentants dits locaux (qui n’ont pas fuis la crise de 1972) qui n’entendent pas céder ces places.
Ce bras de fer au niveau de la représentation, poursuit notre source, ne va sans causer la division entre les membres chrétiens au sein d’une même église. Bref, l’on observe la formation des groupes de pro pasteurs locaux et de pro pasteurs rapatriés.
Pire, cette confrontation au niveau de la représentation se fait sur fond de l’appartenance ethnique, les pasteurs dits rapatriés étant de l’ethnie Hutu, tandis que, ceux dits locaux sont de l’ethnie Tutsi.
Fort risque de violence communautaire
Le cas les plus emblématique est celui d’un pasteur d’une église -dont nous allons taire le nom-, rentré de la Tanzanie qui a trouvé l’église dont il était autres fois représentant, représentée par un pasteur issu de l’ethnie Tutsi. Ce pasteur rapatrié a tout fait, confie nos sources, pour récupérer sa place, arguant avoir contribué dans la construction de l’église et en reprochant le pasteur Tutsi de n’avoir pas contribué au développement de ladite église : « ‘L’accusé’ a été chassé, ce qui a conduit à une scission au sein de cette église. Les chrétiens se sont tout de suite divisés. Certains sont restés avec le nouveau rapatrié, d’autres ont suivi le pasteur chassé de l’église. »Toutefois, précisent des habitants de Mayengo, d’autres raisons comme le partage des dividendes, offrandes et dimes expliquent en partie ces tensions.
Comme conséquence, confient nos sources, ces tensions ont quitté le domaine de la foi pour se retrouver dans la communauté. « Ces adeptes se regardent en chien de faïence. Des enfants issus de ces ménages ne se rendent plus visite. La compréhension mutuelle, l’amour, l’harmonie, la coopération, l’entraide qui les caractérisaient dans le temps, ont disparu laissant place à la suspicion », témoigne M.B, qui fréquente également une église protestante de la place.
Lorsqu’un membre d’un tel groupe est frappé par un malheur ou contracte une simple maladie, poursuit-elle, le groupe adverse est tout de suite pointé du doigt. Ces accusations peuvent aller jusqu’ à la sorcellerie. A ce stade, prévient-elle, il peut y avoir des gens de tel ou tel autre groupe qui peuvent planifier de passer à l’acte en faisant du mal aux membres du groupe adverse, entrainant toute une communauté dans des violences, si rien n’est fait.
L’administration aux aguets
L’autre conséquence est le désintéressement de tout ce qui touche à la foi. C’est ce qui s’est produit chez M.A de la colline Mayengo, qui après avoir constaté que certains représentants des églises cherchent à s’enrichir en se partageant les offrandes et les dimes des adeptes, au lieu d’enseigner l’amour, a décidé de ne plus retourner à l’église. « Je prie étant à mon domicile », martèle-t-il sans ambages.
Onesphore Niyongendako, secrétaire permanent de la commune Nyanza Lac dit reconnaitre de nombreux cas de division des adeptes issus d’une même église à cause des conflits entre les représentants qui ne s’entendent pas sur le partage des dividendes et dimes et quelque fois sur fond des conflits ethnique.
Face à cette situation, fait-il remarquer, l’administration ne reste pas les bras croisés : « Nous rassemblons chaque fin du mois les représentants des églises pour leur passer un message de pacification. Nous leur recommandons de ne pas s’écarter de la parole de Dieu, d’enseigner la bonne cohabitation et l’amour du prochain à leur oies au risque de subir des sanctions administratives. »
Le message est-il passé ? Le temps nous le dira.
