Les citoyens de l’East African Community pourront prochainement payer leurs achats au sein de tout pays membre en monnaie de leurs pays d’origine. Un cadre de la BRB explique comment ce moyen de paiement « qui rentre dans la droite ligne de la mise en place de l’union monétaire » va fonctionner.
Les gouverneurs des banques centrales des pays de l’EAC ont signé l’addendum du mémorandum d’entente sur la convertibilité et le rapatriement des devises au sein de la communauté est-africaine, une mesure donc relative au dit mode de paiement, au cours de la 26ème réunion du Comité des Affaires Monétaires (MAC) tenue à Bujumbura du 13 au 17 mars 2023.
Selon Georges Ntangorane, Directeur des études économiques et des statistiques à la Banque Centrale, cet addendum constitue un complément ajouté au mémorandum d’entente déjà en place afin d’adapter ce dernier à certaines réalités techniques qui se sont déjà fait remarquer dans l’opérationnalisation de ce mode de paiement : « ce système est déjà pratique dans certains pays, notamment entre le Kenya et l’Uganda et le Kenya et la Tanzanie. »
Mais comment ça marche ?
Tout d’abord, pour rendre effectif ce système de paiement transfrontalier en monnaie nationale d’un pays donné, il faudra une préparation technique. C’est-à-dire la mise en œuvre de l’interopérabilité entre les systèmes de paiement des pays respectifs, précise Ntangorane. Ensuite, ajoute-t-il, chaque Banque Centrale aura à ouvrir un compte en sa monnaie nationale chez les autres Banques Centrales des pays partenaires et vice-versa.
Et de poursuivre : « Au moment de l’achat, un Burundais va payer un Ougandais, par exemple, en Fbu. Ce dernier va ensuite, s’il ne veut pas garder sur lui la monnaie burundaise, déposer la somme reçue chez sa banque et, celle-ci, la déposera à son tour, à la Banque Centrale. »
Conformément aux termes du MOU sur la convertibilité et le rapatriement des devises ci-haut cités, les Banques Centrales des pays respectifs, le Burundi et l’Ouganda pour le cas de cet exemple, vont enfin échanger les montants détenus en monnaies nationales respectives, explique M. Ntangorane.
D’une pierre deux coups
Ce mode de paiement présente plusieurs avantages. « Les citoyens de la communauté est-africaine vont pouvoir contourner les défis liés à la pénurie du dollar américain observée de plus en plus dans les pays membres de la communauté », indique Bellarmin Bacinoni, chef du service de communication à la BRB. Bien plus, souligne-t-il, l’opérationnalisation du système de paiement régional constitue un pas vers la mise en place de l’Union monétaire de l’EAC.
Notons qu’en marge de cette 26ème réunion du MAC, la mise en place de cette union monétaire de l’EAC, préalablement projetée pour en 2024, a été repoussée par le Conseil des ministres en 2031 malgré quelques avancées enregistrées par rapport à la feuille de route y relative notamment la mise place de l’institution monétaire de l’EAC, l’harmonisation des règlements, etc.
Quant au système de paiement transfrontalier du coté burundais, les travaux techniques sur l’interopérabilité des systèmes de paiement sont à un stade avancé afin de rendre effectif, d’ici peu, le fonctionnement de ce système, rassure Georges Ntangorane.
