La boxe, un sport des durs, un jeu des musclés. Un domaine spécialement propre aux garçons dira-t-on, mais à tort. Ornella Havyarimana en est la preuve vivante. Après sa première sortie « éprouvante » en Corée du Sud en 2014, elle se prépare pour un autre concours qui aura lieu en Inde, en novembre prochain. Mais elle n’a pas encore eu de billet d’avion. Si vous voulez la soutenir, voici d’abord l’histoire de cette jeune de Kamenge qui rêve de devenir une boxeuse de classe mondiale…
Elle semble avoir peur de l’interview. «Elle n’y est pas habituée. Elle ne parle pas beaucoup» intercède Joseph Nkamicaniye, son coach depuis 2013. Au fond du gymnase de l’Arena, Ornella s’entraîne. En blouson rouge foncé avec capuchon, un collant noir et chaussures de sport, avoir des doutes sur sa féminité ne serait pas condamnable. Habile et surtout concentrée, la séance a des airs de préparation pour une finale du championnat du monde. Pourtant, «pas de tournoi proche », mentionne son coach.
A 21 ans, la native de Kamenge, au quartier Heha, de taille moyenne avec ses 56 Kilos, est un espoir prometteur. Dès son jeune âge, Ornella s’est trouvée une passion pour la boxe : «Je regardais souvent à la télé les combats lors d’émissions sportives. C’était ma rubrique préférée, contrairement à mes trois frères qui aimaient le foot. Mes quatre sœurs, elles, ne s’intéressent pas au sport». Le père est un footballeur connu au Stade Prince Louis.
Une rencontre déterminante
2012, un bon matin, la jeune sportive fait son cross de routine à la RN1. Arrivée à l’endroit communément appelé chez Harroy, elle voit des athlètes boxeurs s’entraîner. Elle est séduite. Elle entre en contact puis intègre le groupe, qui avait son siège à Kamenge. «Le début n’était pas facile. Je ne jouais qu’avec des garçons, et en plein air. C’était angoissant», se souvient-elle.
La rencontre avec Joseph Nkamicaniye lors d’une compétition à Kamenge va alors être le point de départ vers une carrière bien tracée. «J’ai juste vu sa façon de combattre, sa détermination, sa rage au combat, et j’ai tout de suite su qu’elle sera une championne » raconte Joseph.
Effectivement, en peu de temps, Ornella enchaîne les victoires, et devient la première fille à être dans les normes internationales. Ce qui lui vaudra l’accès au championnat du monde à Séoul, en novembre 2014.
Une aventure qu’elle n’est pas prête d’oublier: à la surprise totale, elle voyagera seule. Pour sa première sortie du pays, elle se rend en Asie sans coach, ni médecin: «Je ne pense pas oublier un jour cette aventure-là. Ce fût un des moments les plus embarrassants de ma vie. Je n’ai pas pu avoir de médailles, car instable psychologiquement ».
Son ambition étant celle d’être une athlète mondialement connue, «une Francine de la boxe», elle travaille tous les jours pour rehausser son niveau. Ses moments de loisirs, elle les passe en écoutant de la musique, le gospel. «Elle a tous le temps des écouteurs sur elle. Des fois, elle me dépasse », raconte en riant le coach Joseph.
