Le 12 juin de chaque année, le monde célèbre la Journée dédiée à la lutte contre le travail des enfants. Au Burundi, les acteurs de protection de l’enfance se confrontent à des lois vétustes qui ne permettent pas d’éradiquer ce mal sociétal.
Pour survivre, Claude, 14 ans, joue l’homme à tout faire dans un restaurant à Kamenge, au nord de Bujumbura. Il doit nettoyer le resto avant l’ouverture, faire la vaisselle, et effectuer les différentes courses. Après toutes ces tâches, il doit encore servir les plats, et cela jusqu’à la fermeture tardive du restaurant, pour se réveiller le lendemain très tôt le matin.
Le cas de Claude n’est pas un cas isolé. Dans les villes, des milliers de foyers burundais font recours aux « boyi » et « yaya » pour les travaux domestiques. Selon l’EDS de 2017, 31% des enfants ayant un âge compris entre 5 à 17 ans exercent des tâches domestiques à des rythmes que même les adultes ne tiennent pas. Selon cette même étude, 33% de ces enfants provenaient des milieux ruraux et 8% des villes.
Ces enfants obligés de travailler, la modique somme qui leur sert de salaire, parfois ne leur est même pas versé directement, mais perçu par une parenté ou un ami de la famille. Pourtant, ils sont protégés par l’article 126 du Code du travail qui stipule que l’âge minimum pour l’emploi est fixé à 16 ans au Burundi.
Cela étant dit, cette même loi stipule que les enfants de moins de 16 ans aussi peuvent être employés à des travaux légers, des travaux qui n’affectent pas négativement leur développement physique ou moral, qui ne nuisent pas à leur santé, ou ne portent pas préjudice à leur assiduité à l’école et à leur faculté de bénéficier de l’instruction.
Des nouvelles lois pour le changement …
« Le diable réside dans les détails », aime-t-on dire. Cette loi datant de 1993 encore en vigueur actuellement ne démêle pas les travaux légers et les travaux dangereux acceptables pour les enfants d’un âge compris entre 16 et 18 ans, comme le précise Me Prime Mbarubukeye, Représentant de l’Observatoire national pour la lutte contre la criminalité transfrontalière. Pire encore, le travail des enfants constitue l’une des formes de la traite des personnes. A ce titre, il est punissable d’une peine de 5 à 10 ans et d’une amande comprise entre 100.000 et 500.000 Fbu.
« Sans la mobilisation des forces publiques et l’application des jugements liés à cette infraction, le travail des enfants persistera dans la société malgré les efforts des acteurs de la protection de l’enfance. La promulgation d’un nouveau code portant sur la protection de l’enfance d’une manière exclusive permettrait de mener des avancées réelles », ajoute Me Mbarubukeye.
A toutes fins utiles, rappelons que le travail avec des automobiles, l’utilisation d’outils industriels tels que couteaux métalliques, le travail dans abattoirs, les mines, les extractions des minéraux, servir de l’alcool et le travail de nuit, sont des travaux interdits pour les mineurs.