La journée mondiale de l’enfant africain a été célébrée en province de Ngozi le 17 juin 2025, autour du thème « Élaborer conjointement des programmes et des budgets qui répondent aux besoins de l’enfant ». Différents acteurs appellent à des réformes et à une plus grande implication pour répondre aux défis auxquels est confronté l’enfant burundais…
Les organisations qui œuvrent dans le domaine d’enfance n’y vont pas par quatre chemins : « Le nombre d’enfants en situation de rue continuent d’augmenter malgré le programme du gouvernement de les envoyer dans un centre de rééducation en province de Cankuzo. » Elles dénoncent aussi le trafic d’enfants, vendus à l’étranger pour effectuer des travaux forcés.
Pour rappel, selon le dernier recensement, au Burundi les moins de 15 ans sont autour de 5 505 806 personnes.
Baisse significative du budget alloué à l’éducation
A propos de l’éducation de base, la Coalition ‘‘Education Pour Tous Bafashebige dénonce la baisse du budget alloué à ce secteur. En 2023-2024, le budget alloué au secteur de l’éducation a diminué, représentant 12,7 % du budget national, soit environ 174,1 millions USD. Cette baisse contraste avec l’objectif international de consacrer au moins 20 % du budget national à l’éducation, conformément aux recommandations de l’UNESCO.
La Coalition EPT Bafashebige s’inquiète également de l’absence de budgétisation sensible au genre qui empêche de répondre aux besoins spécifiques des filles et des enfants en situation de handicap ; le manque d’indicateurs clairs pour suivre l’impact des allocations budgétaires sur l’accès équitable à l’éducation ; la faible participation des enfants et des communautés dans les processus de planification éducative.
Et d’appeler à un engagement politique renouvelé pour une allocation budgétaire transparente, équitable et genre dans le secteur éducatif ; d’appuyer les collectivités locales pour la mobilisation de ressources supplémentaires au service de l’éducation. Cette coalition invite en outre les médias à jouer leur rôle de contre-pouvoir citoyen en relayant les voix des enfants et en suivant les engagements publics, à renforcer leur plaidoyer pour un système éducatif inclusif, participatif et transformateur, où aucun enfant n’est laissé pour compte.
Les efforts du gouvernement en faveur des droits de l’enfant
Imelde Sabushimike, ministre ayant dans ses attributions la solidarité national, dans son allocution, a rappelé quelques efforts du gouvernement vis à vis du droit de l’enfant, notamment la mise en place de la politique nationale de protection de l’enfant, accompagnée de son plan d’action ; les programmes de retrait des enfants en situation de rue et de réinsertion dans les familles et les communautés ; l’appui aux enfants orphelins ou sans soutien familial ; la coordination entre les ministères sectoriels (Éducation, Santé, Jeunesse, Intérieur, Justice, etc.) pour intégrer les droits de l’enfant dans leurs plans d’action.
Malgré ces avancées, Mme Sabushimike a déclaré que de nombreux enfants vivent encore dans des conditions précaires : « Certains manquent d’accès aux soins, à l’éducation, à la sécurité ou à une vie digne. Cela montre que les efforts du Gouvernement, bien que significatifs, doivent être renforcés par ceux des partenaires et de la société tout entière. »
Elle a promis que le gouvernement du Burundi poursuivra sans relâche ses engagements en faveur des enfants, mais a besoin du soutien effectif de tous.
Le droit de l’enfant, une préoccupation majeure
Dans son allocution, Hamady Ba, Représentant adjoint ad intérim de l’UNICEF au Burundi a insisté sur le nombre d’enfants qui ne peuvent pas aller à l’école, se faire soigner, grandir convenablement, jouer ou évoluer dans un environnement de protection dont ils ont besoin : « Plus d’un enfant sur deux (55,3%) vit dans des ménages sous le seuil de pauvreté monétaire, fixe à 1580 FBU par jour. Par ailleurs, plus de six enfants sur dix (64%) sont privés d’au moins trois dimensions principalement à savoir la nutrition, l’assainissement et la protection des enfants. »
A titre illustratif au niveau de la santé, la proportion du budget de l’Etat allouée à ce domaine est de 5.2% en 2024/2025 alors que la Déclaration d’Abuja fixe une cible annuelle de 15% du budget de l’Etat. Pour l’éducation, l’allocation budgétaire représente 14.7% du budget 2024/2025 contre 20.6% en 2021/2022.
UNICEF et le gouvernement, un partenariat engagé
Selon Hamady Ba, L’UNICEF est fier de contribuer à ces efforts à travers le Programme de Coopération 2024–2027, qui renforce le partenariat avec le Gouvernement du Burundi. « Nous réitérons notre engagement à accompagner le Gouvernement du Burundi pour une augmentation des allocations budgétaires en faveur des secteurs qui touchent les droits des enfants, gage de l’amélioration du bien-être des ménages en général et des enfants en particulier ainsi que d’un véritable développement durable conformément aux axes du Plan National de Développement du Burundi 2018-2027 (PND) et de la Vision du Burundi Pays Emergent en 2040 et Pays Développé en 2060. »
Pour rappel, la Journée de l’Enfant Africain est célébrée chaque 16 juin dans tous les pays du continent africain. Elle a été instituée pour commémorer le massacre des enfants de Soweto en Afrique du Sud en 1976. Ces enfants manifestaient pacifiquement pour leur droit à une éducation équitable, sans discrimination raciale, et furent brutalement tués.




