Ce 20 novembre 2024, se célébrait à Ngozi, le 35ème anniversaire de la journée internationale des droits de l’enfant sous le thème » Nous tous, luttons contre le traite des enfants au Burundi ». Le point.
Malgré l’existence des textes internationaux qui protègent l’enfant auxquels le Burundi a souscrit, l’enfant Burundais reste sujet à la traite des personnes avec son corolaire des maux comme le démontre plusieurs rapports.
Selon une enquête de l’Observatoire National de Lutte Contre le Transnationalisme (ONLCT OÙ EST TON FRÈRE), 281 enfants se rendent chaque jour en Tanzanie où ils sont exploités économiquement et sexuellement.
Province | Nombre d’enfants/jour | Pourcentage | Commune de passage | Localité/colline de passage |
1.MAKAMBA | 76 | 27, 04% | Mugina | Kumunanira |
Kayogoro | Gatwe | |||
2. RUYIGI | 71 | 25,26% | Gisuru | Gatare |
Kayenzi | ||||
3. RUTANA | 54 | 19,21% | Gihofi | À travers la route de SOSUMO |
4.CANKUZO | 45 | 16,01% | Cendajuru | Zone Twinkwavu |
Gisagara | ||||
Mishiha | Zone Mugera | |||
Kigamba | 1. Buyongwe dans la zone Gitanga | |||
2. Parc de la Ruvubu | ||||
3. Colline Rujungu | ||||
5. MUYINGA | 35 | 12,45% | Gashoho | Kobero |
TOTAL | 281 | 100,00% |
Pourtant, la Convention relative aux droits de l’enfant, dans son article 32, stipule que les enfants doivent être protégés de tout travail dangereux ou mauvais pour l’éducation, leur santé et leur développement.
De plus, les articles 11 et 35 interpellent les États à éviter les enlèvements des enfants surtout vers l’étranger. Ensuite, les articles 33, 34 et 36 suscitent respectivement l’intérêt à protéger l’enfant contre les drogues, les violences sexuelles et toute forme d’exploitation.
Des actions tous azimuts pour endiguer le phénomène
Pour Prime Mbarubukeye, président et représentant légal de cet observatoire, l’Etat doit freiner dans les plus brefs délais ce flux migratoire et clandestin des enfants burundais vers l’étranger : « Le gouvernement doit s’attaquer aux causes profondes de cette traite des enfants pour les protéger contre la maltraitance, l’exploitation et la violence en famille et dans la communauté. »
En outre, recommande-t-il, l’Etat doit garantir l’accès à l’éducation et aux soins de santé et surtout lutter contre des barrières socio-culturelles qui militent en faveur de la traite des enfants.
Du côté de la Fédération Nationale des Associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi (Fenadeb en sigle) pour laquelle, sur plus 607 personnes victimes et présumées de traite, 80% sont des enfants dont l’âge se situe entre 9 et 17, l’avis est le même.
Ferdinand Ntamahungiro, coordinateur à la Fenadeb, estime que les enfants sont exploités dans des réseaux de travail forcé, d’exploitation sexuelle et de mendicité forcée. Pour lui, ce phénomène s’explique par une sensibilisation et des ressources insuffisantes, et des lois qui ne sont pas suffisamment mises en application.
Et d’appeler la société civile et les acteurs locaux d’intégrer la lutte contre la traite dans leurs programmes de développement communautaire et de la protection des enfants. Aux autorités administratives et judiciaires, la Fenadeb recommande de renforcer l’application des lois existantes, d’adopter une approche centrée sur les victimes et d’allouer des ressources suffisantes pour leur protection et leur réhabilitation. Enfin, la communauté doit travailler en synergie tout en dénonçant les cas de traite et contribuer à mettre en place un réseau de vigilance local.
Une approche partagée par la CNIDH et le Gouvernement
Présent lors de la cette célébration, Sixte Vigny Nimuraba président de la CNIDH confirme l’existence de la traite des enfants sans toutefois corroborer les chiffres avancés : « Il est indéniable que les droits de l’enfant restent bafoués à commencer par le droit à l’éducation. »
Il s’observe encore, constate-t-il, des cas d’abandons scolaires dus aux grossesses non désirées, le phénomène des enfants en situation de rue, la consommation des stupéfiants, l’éloignement des écoles, les catastrophes naturelles qui occasionnent la fermeture d’établissements scolaires, l’émigration, le travail des enfants dans les ménages ou ailleurs, etc.
Comme solution, M. Nimuraba suggère à l’État d’accroître l’allocation budgétaire pour l’enseignement, de multiplier les pôles d’excellence, de doubler d’efforts pour la promotion de la formation des formateurs spécialisés dans les écoles inclusives.
Quant à Imelde Sabushimike, ministre de la Solidarité Nationale, des Affaires sociales, des Droits de la personne humaine et du Genre, elle exhorte toute la population et les acteurs qui travaillent dans ce secteur à protéger et promouvoir les droits des enfants en leur permettant d’exprimer leurs préoccupations.
Cet article a été rédigé par Carmel Muhozi dans le cadre de son stage professionnel au Magazine Jimbere